Bugarach, le mystère de la femme à l’oiseau: Une histoire qui sent le soufre

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Par Laurence Biava – bscnews.fr/ Régine Salvat, après avoir publié un brillant essai chez Jean-Claude Lattès en 2011 à la mémoire de son fils disparu « Une histoire à tenir debout (JC Lattès 2011) », a choisi cette fois de nous embarquer dans le pays audois pour nous raconter cette histoire palpitante, un récit à la frontière des genres. Sa plume nous renvoie, dans un thriller envoûtant, aux peurs ancestrales qui émaillent le pays cathare et à tous les espoirs qui animent les hommes.

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C’est l’histoire de Laurène qui se décide à retrouver Blanche, son amie d’enfance. Toutes les pistes explorées mènent à Rennes-les-Bains, village occitan situé à deux pas de la « montagne inversée », le Puech de Bugarach. Et c’est dans ces conditions pour le moins inhabituelles dans ce petit village d’ordinaire paisible qu’elle rencontre le vieux Désiré, « le diable des sommets », fait connaissance avec les amis de Basile, le patron du bistrot… Michael, le spéléologue, est retrouvé noyé au fond d’une galerie de la montagne, Laurène est convaincue que sa mort est en lien avec la disparition de son amie Blanche. L’inspecteur César Fougas, chargé de l’enquête, devra bientôt s’adjoindre, bon gré mal gré, les services de Laurène, une aide nécessaire, mais embarrassante ! Grâce à ses relations nouées depuis peu, notre profileuse va peu à peu s’imprégner de l’âme de cette Terre cathare. 

« En arrivant aux Bragalous, j’ai couru dans les landes. Des envolées de papillons jouaient dans les taillis. Des merveilles de flambées et d’argus, couleur d’ oranges bleues. Impossible de libérer mon esprit des questions : elles tourbillonnaient avec les volutes d’insectes agacés par la menace d’orage. Une menace insidieuse et prégnante. Embarquée dans mes réflexions, j’avais oublié toute prudence. J’allais franchir la crête quand une lueur a déchiré le plafond des nuages. Elle a embrasé les montagnes. Les insectes se sont tus, les papillons ont disparu ».
Sur fond de rumeur de fin du monde en décembre 2012, il règne dans le village une frénésie et une excitation palpable. Le récit de Régine Salvat est superbement écrit, les magnifiques descriptions des paysages et des terres méritent d’être soulignées, ainsi que le cours scénaristique qui tient le lecteur en haleine de la première page à la dernière. On appréciera aussi l’éclat ambivalent de tous ces lieux sombres dépeints, peuplés de peurs ancestrales, de cette magie noire, dont l’héroïne va oser affronter les secrets. L’auteur dépeint merveilleusement ces vestiges de l’histoire mystique et initiatique de ce pays cathare, car quiconque le voit, s’imprègne de lui à tout jamais et ne peut se défaire de sa nostalgie. . …
Une odeur de soufre plane sur tout le récit, et c’est un régal. Bugarach est au fond, un conte palpitant tout aussi ravissant que décalé qui fait la part belle à l’appétence de vivre, à l’ouverture d’esprit, aux signes absolus qui émerveillent dans les feux des rencontres, aux terres des hommes, aux vestiges humains et spirituels, aux mystères des croyances anciennes toujours plus captivantes chaque fois qu’on les revisite, qu’on les prolonge parce qu’elles créent les légendes, ces humeurs de pierre qu’on ne balaye pas aussi vite que le vent.

➤ Bugarach, le mystère de la femme à l’oiseau.
Régine Salvat – TDO éditions

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