Hugh Coltman : à mi-chemin entre littérature et musique

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Par Nicolas Vidal – bscnews.fr / Hugh Coltman, le songwriter anglais de naissance et français d’adoption, n’aime pas les étiquettes, les phrases toutes faites et encore moins les codes. Dans ce nouvel album, Hugh Coltman aborde toutes les facettes de l’existence entre déception, joie, petits bonheurs, force et souffrance. Il y a quelque chose de terriblement touchant et poétique chez lui à la manière qu’aurait un écrivain de dire et de décrire le monde.
Le seul titre de son album est la déclinaison poétique d’une philosophie qu’il chante à merveille. Car, avant toute chose, Hugh Coltman est un chanteur à textes qui écrit, qui compose et qui crée à mi-chemin entre littérature et musique. Puissant et rare.

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Vous aviez déclaré à nos confrères des Inrocks dans une interview  » le songwriting, c’est artisanal » à propos d’une anecdote sur Leonard Cohen. Pouvez-vous nous en dire plus ?

Je trouve que lorsqu’on écrit une chanson, on est toujours amateur devant sa feuille blanche. Mais si on écrit beaucoup de chansons – la plupart d’ailleurs finissent à la poubelle – on se fait quand même la main et on parvient à lutter contre le trou d’inspiration. Une tournure de phrase, une suite d’accords etc.. J’ai lu que Leonard Cohen, lorsqu’il vivait à Londres chez l’habitant, sa logeuse exigeait de lui qu’il écrive une page chaque jour, inspiré ou pas. Ce qui, à mon avis, l’a beaucoup aidé une fois que l’inspiration le saisissait.

D’après vous, quelle sorte de songwritter êtes-vous, Hugh Coltman ? Plutôt romantique ? Plutôt mélancolique ? Plutôt littéraire ?
Je dirais un peu des trois, dans le sens où sans une idée, une histoire, je ne peux rien écrire de bon. Ces histoires racontent souvent la perte, la crainte ou le regret. Je ne sais pas pourquoi ces sujets ont tendance à m’inspirer plus que d’autres. Peut être qu’écrire quelque chose sur le bonheur est infiniment plus difficile. On est devenu trop cynique, trop critique quand il s’agit de parler de joie. C’est perçu comme quelque chose de cheap et de tacky.

D’où vous est venue l’idée du single  » The End of the world » ?
D’une discussion lors d’une soirée passée entre amis. Ce n’est pas une chanson aussi banale qu’on pourrait l’imaginer à première écoute. Ça parle d’une amie accablée après une rupture et du point de vue de son interlocuteur qui tente de la sortir de sa tristesse. C’est finalement une chanson plutôt positive. Un preuve d’amitié

Qu’est-ce-qui vous a séduit dans l’idée que l’acteur français Pierre Richard incarne l’écrivain dans le clip ?
Je suis tombé par hasard sur le Malheur d’Alfred un soir à la télé et je suis tombé tout de suite amoureux de sa manière de jouer le clown, le bouffon. C’est de la farce mais c’est doux, gentil et à la fois extrêmement drôle. Un peu à la façon des Monty Python ou de Peter Sellers. Puis je voulais un comédien pour jouer dans mon clip et je venais de regarder un documentaire sur lui. J’ai trouvé son adresse personnelle et je lui ai écrit une lettre. Tout simplement. Et à ma grande surprise, il a accepté avec cette phrase clef pour moi , « Sachez toutefois que je ne suis plus l’agile et bondissant personnage que je fus autrefois…. »

On vous prête de nombreuses influences pop, rock, jazz ou encore blues. Quelle est la vérité musicale d’Hugh Coltman ?
Je n’en ai pas une à vrai dire. Je ne peux pas écrire une chanson avant de ressentir le « truc ». Ca peut être une mélodie, une suite d’accords ou une phrase mais si je m’impose un style ou une idée avant même de commencer, c’est fini. J’ai déjà essayé et le résultat sonne faux.

On n’arrive pas à se départir de l’idée d’un Hugh Coltman qui écrirait ses chansons comme un écrivain dans son bureau ou à la terrasse des cafés. Qu’en est-il réellement ?
Assez souvent, c’est dans mon studio car avec une famille et un appartement Parisien (donc petit) il n’y a pas le silence et le calme dont j’ai besoin. Je suis solitaire lorsque je travaille. C’est un processus très intime.

Quelle est la chose la plus importante que vous ayez retenue de vos premières années avec Hoax ?
Le sens de la scène sûrement puisqu’on en avait fait beaucoup. Et on continue : On à sorti un nouveau disque ‘big City Blues’ il y a 3 semaines. Sans label, ni budget promo et avec un disque financé par les fans, on est arrivé numéro 3 des charts de Blues itunes France et numéro 1 en Angleterre. C’est un histoire qui redémarre très bien.

Aimez-vous entendre que votre musique est raffinée ?
Si «raffiné» implique de travailler, peut-être. Mais c’est assez instinctif de ma part donc je ne sais pas. Tout compliment est bon à prendre, non ?

Aimez-vous entendre que vos compositions sont folks ?
Elles ne sont pas vraiment Folk pour moi. Je vois le folk comme un Bob Dylan des années 60 ou Joan Baez ou encore Bert Jansch. Mais encore une fois, je les écris et je les chante. Je m’en fous une peu de comment on va les définir.
Ce nouvel album  » Zero Killed » n’est-il pas une ode à la légèreté ou la sérénité ?
Non pas à la légèreté c’est vrai mais à la force. La force nécessaire afin de continuer malgré nos déceptions ou les compromis que la vie peut nous imposer.

Vous vivez en France à présent. Est-ce que l’Angleterre vous rend nostalgique parfois ?
Oui, parfois. Mais je suis en France depuis 13 ans maintenant. Un tiers de ma vie. Donc en France je me sens certes étranger mais en Angleterre aussi un peu. Ce qui me donne une espèce de liberté. C’est dur parfois car on se sent toujours étranger à quelque chose mais au moins ça nous donne un bon point de vue !

Travaillez-vous sur un nouvel album actuellement ? Si oui, sera-t-il un nouveau départ musical ?
Je sui actuellement en train de finir ma tournée pour Zero Killed, en même temps je tourne avec The Hoax et Eric Legnini, avec qui J’ai chanté quelques chansons sur son dernier album. Je n’ai donc pas eu beaucoup de temps à consacrer mais j’ai toujours mon téléphone sur lequel j’enregistre des idées. Je vais commencer en octobre à les écouter et ensuite je saurai un peu plus où je veux aller avec le prochain disque

Où pourra-t-on vous voir en concert dans les semaines à venir, Hugh Coltmann ?
Je joue beaucoup avec Eric Legnini pour son Sing Twice album. je tourne encore avec The Hoax en Angleterre, Pays Bas et peut être en France également en Decembre et entre temps…… je vais écrire mon nouveau disque !!

> Hugh Coltman – Zero Killed
( Mercury-Universal)

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