Sarah, pouvez-vous nous parler de votre premier amour, le gospel ?
Le gospel est une musique très prenante, puissante et libératrice à tous les niveaux. En tant que chanteuse et personne, cette musique a été une école et une expérience pas comme les autres pour moi. C’est une musique qui peut voyager dans plusieurs univers musicaux, avec des arrangements de choeur de toute beauté. « Kirk Franklin » m’ a conquise avec cette musique, en l’innovant, car le gospel n’est pas que des chants négrospirituel comme on le connait ici en Europe. Aux USA, le gospel qui a bien évolué peut aussi être interprétée avec de la soul, du funk ou même du rock. Là-bas c’est une musique courante dans la culture, et tous les grands artistes s’y prêtent.
Cet album est votre second. Pouvez-vous nous parler de votre premier » A love so great » et nous dire ce que « Again » représente aujourd’hui par rapport à votre première sortie ?
Il faut savoir que « A love so great » est un album gospel, c’était le choix de ma première production. Le style de musique était très « gospel/soul/blues », c’est un album où j’y exprimais ma foi. « Again » n’ a rien a voir avec le premier, il est plus universel, plus populaire et comporte des compositions que j’avais dans les tiroirs depuis 10 ans et d’autres toutes nouvelles, qui sont nées lors de la production. Ici le style est plus pop. J’ai pu toucher en tant que compositrice, différents univers musicaux, comme le jazz, la soul et le blues, des univers que j’adore aussi. Les paroles sont très autobiographiques… j’ai essayé de créer un univers assez positif, même dans ce qui m’arrivait de négatif, c’est un album très libérateur avec une pointe de poésie. Ecrire des chansons pour moi est thérapeutique avant tout. Mais je n’écris pas des chansons pour changer le monde, mais avant tout pour que le monde ne me change pas !
On lit que vous êtes déjà aguerrie avec de nombreuses formations avant de vous lancer. Qu’est-ce qui vous a décidé à tenter une carrière solo ?
La composition est en moi depuis toujours, je me suis toujours imaginée chanter mes propres chansons. Mais avoir de l’expérience scénique est très importante aussi, si l’on aime la qualité. Cela permet de trouver son identité et explorer différents artistes et avoir le plaisir de les interpréter… Puis on sent le moment où l’on veut être sois-même et « accoucher » de ses propres bébés…
Votre album est une mosaïque d’influences finement orchestrées et arrangées. Qu’est ce qu’il y a eu au commencement de tout cela ?
Au commencement, tout était dans mon petit enregistreur et mes maquettes piano-voix. Puis avec Hervé Letor mon mari, on a choisit le répertoire, on y a posé les maquettes avec les arrangement, on y mettant tous les deux notre grain de sel. Le tout prenant réellement forme, avec nos amis musiciens qui posèrent leur touche de génie.
Qu’est-ce qui vous a amené au Jazz depuis votre passion pour le Gospel ?
En fait, au départ mes influences étaient très »soul, R&B , Stevie Wonder, Lauryn Hill, ect… J’ai découvert le Gospel bien plus tard. En même temps que le gospel, je découvre le jazz, grâce avec mon mari Hervé qui est un saxophoniste de jazz. J’ai donc eu la chance d’y baigner et d’y être intégrée aussi. J’ai notamment chanter du «Ella Fitzgerald» dans un très beau projet dédié au répertoire du Mythique duo « Ella&Louis Armstrong » .
Vous avez déclaré récemment à l’un de nos confrères belges que » chanter a toujours été un jeu pour vous « . Est-ce que c’est dans cet état d’esprit que vous avez modelé ce nouvel album » Again » ?
C’est vrai, chanter était un jeu en famille, quand j’étais petite… Mais pour cet album, oui et non, oui pour la composition, j’adore cela et cela me vient assez facilement. Et non, car je suis quelqu’un de très perfectionniste, ce qui est ma plus grande qualité autant que mon pire défaut. L’état d’esprit de cet album s’est tourné entièrement sur la musique et les paroles ont été un mélange de spontanéité et de perfectionnisme. Pour les arrangements on a prit soin avec Hervé, de mettre chaque jeux d’instruments à sa juste place. Comme ce sont mes compositions, j’ai tenu abosulement que mon univers apparaissent au résultat final jusqu’au mixage. Puis, il faut chanter ces mélodies qui ne sont pas toujours très faciles a interpréter. D’ailleurs pour quelques titres, cela a été un vrai beau défis.
Aviez-vous la volonté dès le début d’y donner cette coloration très jazzy ou est-ce que cela est venu au fur et à mesure ?
Je pense que la couleur de l’album est venue naturellement avec les influences que nous avions Hervé et moi chacun en nous, et les instruments qui décorent notre maison. Au départ nous souhaitions un album très pop, les harmonies ne sont pas tiré des vers. C’est toujours assez simpliste et mélodieux, mais le tout dépend de la manière d’ y poser les éléments et les instruments. C’est comme la cuisine, cela peut être très simple, mais c’est le fait d’y ajouter ces petites épices, qui donneront le parfum et l’aspect qu’on veut lui donner (Avec un peu de croquant, bien sûr … )
» No limit » est un morceau redoutable tant il est entraînant et patiné. Quelle est sa genèse ?
Pour celui-là, c’est Hervé qui l’ a eu en tête , donc c’est sa composition. Puis nous l’avons construit ensemble et j’y ai mis les paroles, qui d’ailleurs ont été un vrai déclic pour moi. C’est un peu grâce à « no limit » que j’ai eu l’idée de faire cet album, avec ses différents styles. Redoutable ! Vous l’avez bien dit. J’ai été libéré par mes propres paroles. Et pour la musique, cet album est puissant, entraînant, avec un genre de morceaux qui booste, qui s empêche de faire du sur-place !!
Ce dernier album dégage une maturité puissante avec des morceaux bien équilibrés, qui font déjà de cet album une des très bonnes surprises de la scène Jazz en 2013. Comment s’est déroulée la conception d’Again ?
A la maison, c’est un avantage d’être libre et de pouvoir prendre le temps d’essayer des sons, et de construire au jour le jour, de manière inspirée selon les saisons et les intuitions. Nous avons eu la chance de collaborer avec de superbes musiciens qui ont très vite compris la direction et l’esprit de l’album avec beaucoup d’élégance.
Votre notoriété commence à sortir des frontières de la Belgique. Est-ce que votre jazz singulier aux accents multiples est-il sur le point de s’exporter ?
Nous en serions très heureux ! Avant tout, c’est ce a quoi nous aspirons le plus, ça serait un souffle de bonheur, après cet investissement, de pouvoir jouer et partager le bonheur que l’on a, à faire de la scène, aussi au-delà des frontières !
Vous avez déjà une présence forte sur Internet avec de nombreuses vidéos de clips, de photos ainsi que sur les réseaux sociaux. Est-ce que vous vous attendiez à cela ?
Non, nous ne sommes jamais sûr de nous et on ne sait jamais si cela va plaire . Avec cet album j’ai exploré tous les univers musicaux qui me plaisaient avant tout sans trop me poser de questions. Les médias en Belgique m’ accueillent bien et cela me touche beaucoup !
Si vous deviez définir votre musique ainsi que votre album en deux mots, que diriez-vous ?
« Moelleux au chocolat » !
> Sarah Letor I Nouvel album « Again »
(Crédit photo laura Nethercot)
Le site officiel de Sarah Letor
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