Joseph Gordon Levitt et Scarlett Johnasson -

Joseph Gordon Levitt :  » J’ai toujours été fasciné par la façon dont les individus communiquent entre eux « 

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Par Candice Nicolas – bscnews.fr / Jon Martello (Joseph Gordon Levitt) est baptisé Don Jon parce qu’il a une cote pas possible auprès des filles. Pourtant, malgré ses nombreuses conquêtes, Jon n’est pas satisfait. En tous cas, pas sexuellement. Une fois la demoiselle endormie, il se réfugie devant l’écran de son ordinateur et finit par atteindre l’apothéose en s’occupant de lui-même devant du porno en boucle.

propos recueillis par

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La vie de Jon est très routinière, les repas chez papa-maman (hilarant Tony Danza et Glenne Headly), la boîte avec les copains, l’Eglise avec la séance confessionnal et la salle de muscu en solo, histoire de se vider la tête et de réciter ses « Ave Maria » avant de récidiver. Entre toutes ses activités, Jon regarde des clips pornos une cinquantaine de fois par jour. Qui peut le blâmer ? Personne. James Franco dans son « Interior. Leather bar » a déjà révélé que tout le monde regardait du porno, mais que la société et la bienséance nous gardait bien d’en faire état. Mais un soir, Jon rencontre Barbara (Scarlett Johansson) : le Don Juan de service a le coup de foudre, et c’est le début de la fin. Jon veut changer pour plaire à Barbara, fini les soirées entre copains, bonjour les repas familiaux et les vendredis soirs devant des comédies romantiques. Jon va même jusqu’à prendre des cours du soir. Grâce à ses soirées studieuses, il va faire la rencontre d’une femme plus âgée, un peu bizarre et envahissante, Esther (Julianne Moore). Curieusement, elle va aussi jouer un grand rôle dans la mission « Changeons Jon ! ».

Le premier long-métrage de Joseph Gordon Levitt est une comédie bourrée d’humour, de clichés, de clins d’œil et de sarcasmes. On rigole, on soupire, et puis on rit encore. Les kleenex se jettent aussi rapidement que les femmes dans la vie de Jon. Comment se prendre d’affection pour un tel macho arrogant et superficiel ? Eh bien sous ses airs de beau gosse irrésistible et imbuvable, Jon est en fait complètement craquant. Il fait le ménage et va à l’église, il est gentil avec sa mère et il est prêt à tout quand il est amoureux. Joseph Gordon Levitt, qui ne lésine pas sur l’autodérision, propose un film un peu loufoque qui montre les dégâts de l’omniprésence des médias sur les jeunes avec les portraits d’un garçon obnubilé par la perfection des actrices de porno et la perspective d’une vie sexuelle chimérique, et celui d’une jeune femme aux conceptions de la vie de couple infectée par les navets hollywoodiens. À voir !

Interview avec Joseph Gordon-Levitt

Pourquoi avez-vous écrit « Don Jon’s Addiction » ?
Joseph Gordon-Levitt : J’avais envie d’écrire une histoire sur la façon dont les gens s’objectivent. Pourquoi ? Peut-être parce que j’ai été un acteur toute ma vie et que notre culture a la curieuse habitude d’objectiver les acteurs de cinéma ou de télévision. Ou peut-être parce que j’ai été élevé par une mère militante pour les idées féministes des années 60 et 70. Peut-être seulement parce que j’ai toujours été fasciné par la manière dont les individus communiquent entre eux, ou dans ce cas, ne réussissent pas à communiquer. L’idée d’un homme prostré devant son ordinateur à regarder de la pornographie me paraît la métaphore parfaite de l’objectivation. La femme sur l’écran n’est rien qu’un objet, il n’y a pas de relation entre les deux. Ensuite je me suis demandé pourquoi ce gars regardait autant de porno. Parce qu’il ne peut pas trouver de petite copine ? Non, cela rendrait son personnage tout simplement trop seul et donc réduit à regarder du porno. Mais si on a un héros qui peut avoir toutes les femmes qu’il veut, tout le temps, mais qui serait pourtant toujours obsédé par une relation avec la pornographie, là on a vraiment une situation d’objectivation. L’idée de Don Juan me paraissait intéressante à creuser, mais je ne voulais pas sombrer dans la tragédie et donc garder une fin optimiste. J’ai penché pour la comédie, un peu noire, et le protagoniste est infect à première vue, mais je pense qu’il y a un espoir de rédemption pour Jon.

Parlez-nous de votre procédé d’écriture.
J’ai eu mes premières idées sur ce projet il y a quatre ans. J’ai réfléchi, j’ai pris des notes. Et puis c’est à Vancouver, où j’étais sur le tournage de « 50/50 », que j’ai eu une meilleure vision de ce que je voulais que Jon soit, un type de la côte Est, avec des beaux biceps et trop de gel dans ses cheveux. Il m’a fallu encore un an avant de finir mon premier brouillon.

Quelles étaient les difficultés à interpréter « Jon » ?
Comme j’ai moi-même écrit ce rôle, j’ai eu plus de temps pour le préparer qu’aucun autre rôle. Une fois venu le moment de la production, le jeu est venu assez facilement. J’imagine que le plus gros défi pour moi était d’ordre physique – Jon est un type superficiel très fier de son physique bodybuildé. Personnellement, j’aime bien faire un peu d’exercice quand j’ai le temps, mais je n’ai jamais été obsédé par les salles de muscu. Alors, les six mois précédant le tournage, je suis allé faire de la musculation cinq fois par semaine, j’ai mangé des tonnes de poulet et j’ai pris six kilos de muscles. Parfois les gens me demandent si j’ai l’intention de garder ce train de vie aujourd’hui… Absolument pas !

Comment est-ce que Scarlett Johansson est-elle venue vous rejoindre ?
Quand j’écrivais le personnage de Barbara Sugarman, j’avais l’image de Scarlett dans la tête. Je n’ai jamais pensé à quelqu’un d’autre. Partiellement à cause de son sketch hilarant « Chandeliers » dans Saturday Night Live, et partiellement parce que j’ai toujours adoré son jeu, notamment dans « Lost In Translation » et « Vicky Christina Barcelona ». On ne se connaissait pas du tout, mais je voulais lui parler du script avant qu’elle ne le lise, donc je me suis rendu à Albuquerque sur le tournage de « Avengers » pour la rencontrer. On a beaucoup discuté des hommes et des femmes, de l’amour et du plaisir, et des relations, de l’objectivation, de la pornographie et des comédies romantiques hollywoodiennes, la famille, la religion, le corps, tout. Peu de temps après, elle a lu le scénario, et heureusement, elle l’a aimé. Je ne sais pas ce que j’aurais fait dans le cas contraire !

« Don Jon’s addiction »
(R : Joseph Gordon Levitt – USA)
Section : Panorama Spécial Berlinale 2013 – photo DR

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