Les géants d'ocres pâles

Les géants d’ocres pâles : un conte pour enfants mis en scène par Christelle Mélen

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Propos recueillis par Julie Cadilhacbscnews.fr/ ©2012/ Depuis ses études théâtrales à Rouen puis à l’Université de Paris VIII, Christelle Mélen conçoit, écrit et met en scène pour les enfants et les adultes des spectacles qui permettent d’aller à la rencontre des jeunes publics.

propos recueillis par

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Chacune de ses pièces tente de répondre à des questionnements soulevés par la société qui nous entoure. Les géants d’ocres pâles a été imaginé d’après le texte de Kitty Crowther intitulé « Annie du Lac ». On y retrouve une petite fille lasse de vivre au bord de son lac et qui se demande pourquoi les choses sont ainsi. Elle fait la connaissance de trois géants qui ont besoin de son aide avant qu’une terrible malédiction ne s’abatte sur eux. En chemin, elle rencontrera l’amour. Curieux, nous avions envie d’en savoir davantage sur ce spectacle doté de superbes marionnettes de toutes tailles qui aborde la question de l’univers intérieur de chacun et de son imaginaire.

On l’a vu aussi ! * Un spectacle poétique qui ravira petits et grands tant il est audacieux en trouvailles techniques ( jeux d’ombres chinoises, de lumières, de sons, utilisation de marionnettes de toutes tailles etc….). Annie est un personnage attachant qui parle à tous ; ce conte rappelle – sans être insistant – l’importance d’être tolérant avec la différence. Annie a un grand nez, des cheveux carotte et n’est pas très sûre d’elle mais la vie, heureusement, a une recette magique, l’amour, qui peut tout réparer et faire mieux encore….tentés? On vous laisse découvrir en famille cet attirant spectacle dont le seul petit bémol est son rythme un peu lent ( mais adapté à la compréhension des plus jeunes)!

L’histoire des Géants d’ocre pâle, c’est d’abord une rencontre avec un livre. Quels souvenirs de votre première lecture?
J’ai découvert l’univers de Kitty Crother avec son album « L’enfant racine » une histoire forte avec des dessins qui fourmillent de petits détails crayonnés drôles et décalés. Un livre qui parle d’une enfant différente, de sa solitude. J’ai lu ensuite tous ses albums et j’étais sûre d’avoir trouvé une auteure qui me permettrait de questionner le sens de nos vies. « Annie du Lac », l’album que j’ai retenu pour le porter sur la scène, m’a profondément touché, écrit sous la forme d’un conte, il me permettait d’avoir plusieurs niveaux de lecture et il était très optimiste sur le fond. Cela faisait longtemps que je voulais aborder ces thèmes « recherche personnelle, quête de soi, univers intérieur, monde imaginaire » avec les jeunes publics afin de leur permettre de réfléchir et de rêver.

Quelles particularités d’Annie du Lac vous ont semblé idéales pour la monter en pièce de théâtre?
L’histoire d’Annie est un conte onirique, un long cheminement de la solitude à l’amour partagé, une quête personnelle. Annie se transforme, se métamorphose et c’est très important d’un point de vue dramatique. Ce texte me permet également de questionner le théâtre. La place des comédiens et techniciens, celui du récitant. Comment tous peuvent fabriquer une histoire vivante et fragile, celle d’Annie du lac.

Si vous deviez en trois phrases résumer l’histoire de ce roman jeunesse…vous diriez?
Il faut parfois se jeter à l’eau pour aller à la rencontre de l’autre. On est petit avec la solitude et grand avec l’amour. Rien de plus beau qu’un coucher de soleil (il faut voir le spectacle pour comprendre cette dernière phrase, quoique que Kitty Crowther les dessine très bien)

Avez-vous rencontré l’auteur? Etait-ce indispensable pour vous ou au contraire, non, cela aurait trop influencé votre propre vision du spectacle?
J’aurais aimé la rencontrer, je lui ai écrit pour l’inviter à partager cette expérience du passage de l’album au plateau de théâtre. C’est un cheminement intéressant, un mélange doux et savoureux. En 2010, elle a reçu le prix Astrid Memorial Award pour l’ensemble de son œuvre et de ce fait, elle est énormément sollicitée pour des rencontres et ne peut avoir ce temps. J’espère qu’elle pourra découvrir le spectacle achevé.
Kitty Crowther dit: « Écrire et dessiner des histoires, pour moi, c’est un peu comme mieux apprivoiser le monde qui m’entoure. Je n’essaye pas de faire des livres plaisants mais des histoires qui m’intéressent profondément. D’ailleurs, je n’ai pas l’impression de décider, ce sont elles qui me choisissent « .

Pourriez-vous dire la même chose pour vos mises en scène?
Mettre en scène un spectacle et fabriquer sa scénographie et ses personnages, c’est tenter de répondre à des questionnements soulevés par la sociétéChristelle Mélen qui m’entoure et la vie en général. C’est souvent la nécessité qui détermine mes choix et mes priorités . Chaque spectacle en entraîne un suivant à des périodes bien déterminées de ma propre existence et cela semble sans fin. Il n’y pas de réponse mais une multitude de questions. Les équipes artistiques se suivent et ne se ressemblent pas. Elles ouvrent des mondes.

Annie, c’est surtout l’histoire d’un « voyage intérieur, celui de l’imaginaire, du mental» d’où l’utilisation des masques et des marionnettes?
Annie du Lac est muette et masquée en début du spectacle. Elle quitte son masque et ses carapaces pour apparaître nue et fragile en tant que comédienne à la fin du spectacle. C’est une manière de montrer sa transformation mais également de faire apparaître sa prise de conscience et sa prise de parole. De la même manière, les personnages géants sont des protagonistes du théâtre, récitants et régisseurs qui sont mis en échos par des marionnettes géantes pour finir par disparaître et laisser le comédien seul face à lui-même. Cela revient à montrer du théâtre puis un questionnement sur la réalité elle-même. La marionnette est magique, elle montre la réalité sous un autre jour, comme un miroir grossissant.

Vous avez voulu, comme le fait la littérature jeunesse, utiliser « le monde des grands aux petits par un changement d’échelle »…pouvez-vous nous expliquer comment cela se matérialise sur le plateau?
Grandir c’est s’élever au-delà de ses expériences personnelles et chercher l’explication logique et la connaissance rationnelle. Platon recherche la véritable valeur derrière les apparences. C’est le départ vers une libération intellectuelle. Sur le plateau nous avons des petites marionnettes de 3cm et des marionnettes géantes de 3,5 m. Je mélange les genres et les hauteurs. Les comédiens et les marionnettes, les ombres et les vivants, pour tenter de trouver un sens à ce qui n’en a pas.

Enfin, pouvez-vous nous expliquer comment s’est fait le choix de cette distribution?
Sous forme de laboratoire et d’expérimentations, j’ai fait travailler une dizaine de personnes dans des images et une préfiguration esthétique. Ils se sont emparés des rôles d’Annie, des géants, récitants, ont joué avec les marionnettes et les images (celles qui ont servi de base à mon travail de création) Pour le théâtre de marionnettes, il est difficile d’improviser sur un plateau nu et des premiers choix de matériaux sont nécessaires. Au bout de ces journées de frottement, l’équipe s’était trouvée d’elle-même. C’ était une évidence pour tous. Nous avions une Annie et trois géants. Je n’avais plus véritablement à choisir, c’était le plateau qui avait décidé pour nous.

Les géants d’ôcres pâles

Texte : Kitty Crowther
Mise en scène : Christelle Mélen
Régie : Georges Torky
Avec :
Sandrine Clémençon
Marc Pastor
Mathias Beyler

Durée : 45 minutes.

Dates de représentation:

Théâtre de Nîmes – Création
Du 18 au 22 mars 2013 (10R)

Théâtre Jean Vilar à Montpellier
Du 26 mars au 29 mars 2013 (4R)

– Le Chai du Terral – St Jean de Vedas (34)
Le 10 avril 2013 (1R)

– Théâtre de Mauguio (34)
Le 24 avril 2013 (1R)

– Le 25 mars 2014 à 9h30 au Théâtre Jacques Coeur de Lattes ( 34)

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