Manuel Alvarez Bravo et les profondes mutations du Mexique sous l’impulsion de la Révolution de 1910
Par Albine Dufouleur – bscnews.fr/ Crédit-photo: Los agachados (les courbés), 1934/ Durant huit décennies, Manuel Alvarez Bravo s’exerce à l’art de la photo dans son pays, illustrant les profondes mutations que connaît le Mexique sous l’impulsion de la Révolution de 1910.
Les clichés, témoins d’une époque, retracent ces transformations sociales causées par l’exode rural ainsi que l’abandon des coutumes traditionnelles et signent l’émergence d’une culture cosmopolite que brassent les grands espaces urbains. Passionné de cinéma et grand admirateur d’Eisenstein, il est l’un des principaux fondateurs du ciné-club mexicain. Le 7e art, à travers des séquences expérimentales, nourriront également les topiques de ses photographies, comme la série des gisants dans les années 1930. L’exposition diffuse pour la première fois l’œuvre filmique de l’auteur, un documentaire sur la construction de barrages au Mexique entre 1948 et 1952.
Manuel Alvarez Bravo, comptable de jour, artiste la nuit, est à la recherche de la photo pure. Le subsidiaire devient essentiel, les détails insolites primordiaux. Les formes que les objets dessinent, les reflets et les ombres dans la ville forment le champ principal d’investigation de l’artiste. Sa poétique est à la croisée de plusieurs arts et s’approche de temps à autre de l’esthétique surréaliste et de la rhétorique muraliste, mais se garde de se figer dans un mouvement donné. Considéré comme l’un des fondateurs de la photographie moderne, il construit des formes, s’essaie au pliage et photographie les courbes que le papier peut prendre comme « vagues de papier » vers 1928 ou « Rideaux et ombres » vers 1985. Amateur invétéré d’Eugène Atget, ses captures de la ville de Mexico reflètent bon nombre d’effets d’optiques comme le trompe-l’œil grâce à des techniques de montage astucieuses. Poète, ingénieux technicien de la photo, Bravo multiplie ses talents au fil de sa carrière. Le patrimoine artistique exposé fait écho à la vision intérieure du photographe, aussi créative et nostalgique qu’intimiste.
Titre de l’exposition: Manuel Alvarez Bravo : un photographe aux aguets 1902 – 2002
Au Musée du Jeu de Paume, Paris du 16 Octobre 2012 au 21 Janvier 2013
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