Quel est le sujet principal de « Teddy Bear » ?
« Teddy Bear » est une histoire d’amour et de recherche du bonheur. L’intimité du protagoniste et de sa mère met l’accent sur les relations, saines et malsaines, que l’on laisse se développer avec les personnes qui nous sont chères. Et il s’agit de Dennis, qui doit apprendre à chercher le bonheur en fonction de ses besoins, et à éviter d’être contrôlé par ceux qui l’entourent.
Comment avez-vous rencontré Kim Kold ?
Kim n’est pas un acteur, c’est un bodybuilder professionnel et je l’ai rencontré dans une salle de musculation lors du casting pour mon court-métrage « Dennis ». Dès qu’il est entré dans la salle et qu’il a commencé à lire ses lignes, j’ai su qu’il avait quelque chose de spécial. Non seulement il pouvait jouer, mais en plus il était tout ce que je recherchais visuellement pour mon projet. Plus tard, j’ai présenté mon court à Frank Corsaro, qui m’a donné l’idée du long. Kim était d’accord pour relever le challenge. Cela m’a pris deux, trois ans pour finir le film.
Faut-il regarder « Dennis » avant de voir le film ?
Même si « Teddy Bear » est très différent de « Dennis », regarder le court-métrage est un bon moyen d’avoir un avant-goût du film, oui !
Quel est l’intérêt du personnage de Dennis ? Il est intéressant de s’interroger sur l’importance et la portée des préjugés. À quoi s’attend-on lorsqu’on rencontre un géant d’1m90, tatoué de partout ? Tout de suite, on se dit être en face d’un criminel, ou d’un personnage enclin à la violence. On ne s’imagine pas voir un homme émotionnellement rachitique, complétement vulnérable été timide, qui vit une relation trop intense avec sa mère, et apprendre en plus qu’il a des soucis à rencontrer des filles !
Et pourquoi la Thaïlande ?
Dans la même veine de préjugés communs, on a les méprises sur les hommes qui voyagent en Thaïlande pour trouver l’amour. Ce sont soit des touristes sexuels qui viennent exploiter l’infortune des jeunes filles Thaï, soit des pommés qui viennent s’acheter une femme. Dans « Teddy Bear », j’espère jouer de ces préjugés et les retourner dans l’esprit des spectateurs. Les choses ne sont pas toujours ce qu’elles semblent être. Les préjudices et les idées reçues sur les autres, sur ce qu’ils sont, créent bien trop de divisions entre les hommes.
Votre film est donc une histoire d’amour ?
Tout à fait, une histoire d’amours même ! L’amour possessif d’une mère pour son fils, qui est de bien des façons malsain, mais également extrêmement primitif. Et il y a cet autre amour que Dennis recherche, chez une femme. Mon histoire essaye aussi de représenter les différentes passerelles que l’amour peut emprunter entre les hommes et les femmes, entre le Danemark et la Thaïlande. Dans le Danemark d’aujourd’hui, l’amour et la famille ne sont plus une question d’argent ou de survie. Les Occidentaux ont d’autres critères que les considérations financières quand ils recherchent l’amour. En Thaïlande, les choses sont différentes. Ici, Toi incarne un amour de survie, dans une des plus basses strates de la société. Une femme doit trouver un mari pour soutenir toute sa famille, enfants, grands-parents. C’est pour cela que les filles démunies des villages du Nord tentent leur chance dans des endroits comme Pattaya, pour rencontrer des touristes Européens qui ont, eux, des problèmes moins profonds d’amour et de self-estime. Ici, c’est plus facile d’inspirer le respect, alors que chez eux, ce sont des loosers. Ces rencontres sont intéressantes, parce que de bien des manières, elles sont destinées à l’échec. C’est une rencontre entre l’Orient et l’Occident, entre deux approches bien différentes de l’amour.
Teddy Bear
Teddy Bear (Mads Matthiesen, Danemark)
Photos : Film Movement
Avec Kim Kold, Elsebeth Steentoft et Lamaiporn Sangmanee Hougaard.
Sortie en France : prochainement.
Crédit photo DR
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