Panorama: le Centre Pompidou fête les 80 ans de Gerhard Richter
Par Soisic Belin –bscnews.fr/ Le Centre Pompidou célèbre magistralement les 80 ans de l’artiste Gerhard Richter, en lui consacrant sur 10 salles une rétrospective de sa carrière, comme une succession d’échantillons permettant aux visiteurs de se faire une idée sur le personnage et l’artiste, cela va de soi. Gerhard Richter est un artiste multifacette et complexe qui s’est permis d’aborder diverses techniques pour des résultats picturaux tous différents:
«Je n’obéis à aucune intention, à aucun système, à aucune tendance; je n’ai ni programme, ni style, ni prétention. J’aime l’incertitude, l’infini et l’insécurité permanente». Ce peintre joue des métamorphoses dans son oeuvre pour offrir à chaque fois quelque chose de nouveau, de pensé et d’élégant, même si l’artiste se refuse à utiliser cet adjectif pour qualifier l’art : «Les mathématiciens parlent de solutions élégantes. J’aime cette idée. Mais le mot est habituellement employé dans les milieux du design et de la mode, l’élégance d’un meuble ou d’un vêtement. A vrai dire, cela ne me gêne pas que l’on décrive des peintures comme «élégantes. Après tout, les panneaux gris que j’ai réalisés ont un aspect et un effet très élégant.» Il serait difficile de résumer en quelques lignes ce que l’on ressent face à toutes ses oeuvres, il s’en dégage un point commun : le mystère. Créé par la couleur, la texture, le floutage et cet impeccable réalisme.Outre la technique absolument maitrisée de l’artiste, on se laisse aller à la douceur procurée par ses paysages et ses portraits. Les toiles sont à observer en déplacement pour découvrir toute la vérité et cela notamment sur sa série datant des années 60 ,qualifiée de photo-peinture, où l’artiste reproduit au pinceau la photo avec sa touche finale, obtenue par le floutage de l’ensemble ou des contours. Cette technique permet des résultats aléatoires: la douceur ,dans le cas de – La Femme avec enfant (plage) – datée de 1965, la tension avec – La table – datée de 1962 ou bien la violence et le mouvement dans son oeuvre intitulée – Nègre – de 1964. Gerhard Richter a entretenu une relation paradoxale avec le célèbre peintre français Marcel Duchamp tout au long de sa carrière. Il le cite dans son oeuvre picturale – Ema sur un escalier – datée de 1966, reprenant ainsi à contrepied une peinture de l’artiste français. Il exprime ses inquiétudes concernant l’avenir incertain de la peinture comme médium artistique avec son oeuvre -Strip – (2011) , une impression numérique sur papier contrecollé sur aluminium et sous plexiglas composée de plusieurs bandes de couleurs, pour laquelle il est impossible de maintenir le regard; elle rappelle l’interrogation sur la crédibilité de la peinture face au développement de la culture numérique.
Cette exposition,véritable panorama de ce peintre caméléon , est unique en son genre.
Pour suivre le parcours de l’artiste :
http://www.gerhard-richter.com/chronology/
Exposition organisée par le Centre Pompidou en collaboration avec la Nationalgalerie, Staatliche Museen, zu Berlin, et la Tate Modern, Londres.Du 6 juin au 24 septembre 2012.
En parallèle et ce jusqu’au 17 septembre, le Musée du Louvre propose l’exposition Gerhard Richter, Dessins et aquarelles, 1957-2008
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