C’étaient des enfants : une exposition émouvante au coeur de la Shoah
Par Soisic Belin – bscnews.fr / 1million et demi d’enfants juifs de moins de 15 ans assassinés en Europe durant la Shoah. Du 26 juin au 27 octobre 2012, Paris rend hommage à la mémoire de ses enfants juifs déportés, sacrifiés, torturés, oubliés et bafoués. Cette exposition se construit autour de témoignages tant visuels que sonores, tout aussi éprouvants, émouvants qu’inédits. La certitude de ne pas en ressortir indemne.
Les salles se suivent, la scénographie chronologique nous donne à voir le parcours périlleux et parfois sans lendemain qui fut imposé à ces enfants. L’atmosphère est inquiétante, étouffante, éreintante, les archives côtoient les photographies, les éléments explicatifs nombreux nous encadrent parfaitement. L’étoile jaune, les lettres d’un père à ses filles, celles d’une fille à sa tante, ou d’une mère à son enfant qu’elle ne reverra jamais sont autant à concevoir comme des objets personnels que comme des traces d’un passé que l’on préférerait occulter.
Tout commence par cette histoire de statut : celui de Juif, comme un état de fait, la constatation d’un mal héréditaire, transmissible et nuisible. Sans tomber dans un pathos qui serait d’ailleurs justifiable, les éléments qui constituent cette exposition restent sommes toutes informatifs. Les objets exposés: un porte plume fabriqué par un père interné au camp de Beaune-la-Rolande dans l’espoir de pouvoir un jour l’offrir à son enfant, des poupées en papiers fabriquées par les petites filles du camp d’Auswitch, une montre ayant appartenu à un prisonnier des camps … nous imposent un réalisme non contestable. On ressent une certaine gène à s’immiscer ainsi dans ce qui fut un massacre sans nom. Qu’aurions nous fait? Car là est la question qui se pose indubitablement. Aurions-nous fait parti de ces «Justes» qui au risque de leur vie ont sauvé celles d’autrui ? Aurions nous fait triompher la lâcheté, l’inhumanité, la monstruosité ? Au prix de la perte de son âme.
C’étaient des enfants
Salon d’accueil de la Mairie de Paris
29, rue de Rivoli. 75004 Paris
Ouvert tous les jours sauf dimanche et jours fériés de 10h à 19h.
En parallèle à cette exposition, d’autres installations rendent hommage à la mémoire de ces enfants disparus :
« Au coeur du génocide – Les enfants dans la shoah 1933-1945 » Exposition temporaire – Mémorial de la Shoah
Du 19 juin au 30 décembre
Découvrir le site dédié : http://enfants-shoah.memorialdelashoah.org
« Je pars demain… » Été 42 : les dernières lettres – CERCIL d’Orléans
Exposition du 16 mai au 30 septembre
En juin-juillet 1942, des milliers de Juifs étrangers sont déportés à partir des camps de Pithiviers et Beaune-la-Rolande où ils ont été internés pendant plus d’un an. Avant le départ, ils vont écrire une lettre à leurs proches « nous partons pour une destination inconnue ». Écrites le dernier jour dans le camp, parfois même dans le train, elles seront les « dernières lettres »…
Exposition « Sauver les enfants, 1938-1945 »- Archives nationales
Du 2 octobre au 27 novembre
« Nous qui sommes encore vivants » – Résister dans les camps nazis.
Musée de la Résistance nationale à Champigny-sur-Marne
Jusqu’au 31 août
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