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Dan Jemmett: Trois Richard pour un Richard III au Printemps des Comédiens

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Interview de Dan Jemmett / Propos recueillis par Julie Cadilhacbscnews.fr/ Dan Jemmett est un metteur en scène créatif et multiforme dont le curriculum vitae intègre des lieux prestigieux (Opéra Comique, Opéra de Rome, Reisopera de Hollande, Comédie-Française) et se mêle à des auteurs et compositeurs qui ne le sont pas moins (Shakespeare, Molière, Mozart et Rossini!).

propos recueillis par

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Pour le Printemps des Comédiens, il oeuvre à la créaction d’une pièce hybride intitulée Les Trois Richard, un Richard III et qui s’appuie sur le Richard III du grand William.A quoi s’attendre? « Enfermez vos enfants à double tour, accrochez vous à vos chapeaux: cela promet d’être une sacrée soirée », voilà la réponse énigmatique mais ô combien stimulante et pétrie d’humour de Dan Jemmett. Nous l’avons soumis à la question alors que le travail était en cours puisque les répétitions n’avaient commencé que depuis une semaine et que tout restait à faire sur le plateau…voilà donc des pistes, interrogations, réflexions que nous fait partager le metteur en scène entre deux répétitions. Un zeste d’excentricité britannique, le charme d’un accent anglais et l’élégance chevillée au sourire, rencontre avec un metteur en scène de grand talent dont vous seriez assurément bien fou(s) de vous dispenser!

Qu’est-ce qui pousse, un jour, à se lancer dans la mise en scène?
J’ai fondé avec Marc von Henning une troupe à Londres, Primitive Science, il y a vingt ans et nous faisions en commun un travail énormément basé sur l’improvisation ; donc on portait tous le chapeau de metteur en scène en fait. J’avais produit la compagnie donc j’étais un peu l’homme à tout faire; il était tout naturel ensuite que je me lance dans la mise en scène tout seul.

Vous tournez en ce moment un Ubu enchaîné avec Eric Cantona dans le rôle du Père Ubu…
Ubu Roi a été ma première mise en scène et j’ai voulu monter la suite, Ubu enchaîné, pour compléter mon travail sur ce personnage d’Ubu. Il y a eu un écart de 13 ans entre les deux productions; j’ai voulu commencer au moment où j’avais arrêté Ubu Roi. Je suis parti sur des univers identiques mais je voulais voir où ça pourrait me mener à la fin du deuxième texte et comment exploseraient – peut-être- les conventions que j’avais utilisées.

Vous avez monté en novembre 2010 La Comédie des erreurs. Vous enchaînez avec les trois Richard. Qu’est-ce qui vous séduit tout particulièrement dans l’écriture shakespearienne ?
Tout d’abord ce quelque chose de profondément lié à l’être humain. Se plonger dans l’univers du dramaturge anglais, c’est poser un regard vraiment complet sur humain. Alfred Jarry, qui est un auteur que j’aime beaucoup, se préoccupe dans Ubu surtout de la noirceur de l’âme humaine, Shakespeare en explore, lui, toutes les facettes. Pour nous qui aimons le théâtre, Shakespeare est peut-être le repère: on trouve une véritable liberté dans le travail parce que , dans n’importe quelle de ses pièces , tout est possible! Quels que soient les registres, on trouve quelque chose de très équilibré , très arrondi…de la cruauté ou de la brutalité sera parfois tout de suite suivie d’une scène comique ou d’une réflexion sur ce que l’on a vu complètement différente. C’est simplement vaste l’écriture shakespearienne!

Votre esthétique a t-elle pour objectif de dépoussiérer les classiques?
Je ne peux pas dire ça. Pendant le travail avec les acteurs, les idées viennent et le résultat – comment vous dire?- c’est juste comme ça que je voisUn Richard les choses…(rires). Je n’ai pas envie d’illustrer des pièces de théâtre. Ce qui m’intéresse, c’est de traiter les textes, même ceux des plus grands auteurs, comme un matériau et de voir ce que l’on peut faire avec. Dans ce sens-là, dans le sens classique du texte, c’est vrai que je ne suis pas très respectueux mais je ne fais pas ça par provocation ou parce que je veux dépoussiérer les classiques.

Vous aviez installé la Comédie des Erreurs dans les années 80, les trois Richards maintenant dans les années 50: projeter les pièces dans une autre époque, quels en sont les enjeux?
Ce changement est toujours ancré dans du concret. Pourquoi les années 80? parce que j’avais étudié Shakespeare à l’école, à cette époque-là donc et sur cette musique-là que l’on entend lors de la pièce. J’essaie parfois d’insérer des éléments pris de ma propre expérience; je force la confrontation entre quelque chose de réel, tiré de ma vie, et le texte. Je trouve que parfois, de cette façon, ça peut produire des résultats intéressants.
Pour les trois Richards, je ne sais pas si l’on se situe vraiment dans les années 50. Je me suis intéressé à un trio de clowns américains qui se nomment les Trois Stooges qui a commencé dans les années 30 jusqu’aux années 60/70. Après esthétiquement, je ne sais pas pour l’instant où ça va nous mener. Notre idée de départ, c’est de traiter le personnage de Richard par ce trio clownesque.

Après une première semaine de répétition, où en êtes-vous de ce travail de mise en scène?
Les trois comédiens vont tous jouer Richard, ça c’est sûr et incarner d’autres personnages aussi. C’est curieux, je ne sais pas ce que c’est exactement et pour l’instant, ça m’échappe encore intellectuellement…(rires). Je me dis que c’est intéressant de mettre en place ces clowns qui ont un humour assez rude et populaire, qui sont assez violents aussi…car ils sont toujours en train de se donner des coups les uns aux autres. Cette violence, que l’on trouve dans Richard III, est peut-être un peu liée à la tradition des marionnettes à gaine où l’on trouve cet humour basique, violent – on pense à Guignol par exemple. Richard peut s’inscrire dans cette tradition comique – acteur comique ,clown ou marionnette- et c’est cet univers-là qui m’intéresse.

Côté texte, vous avez imaginé un montage d’extraits de la pièce originale?
On a imaginé avec Mériam Korichi une adaptation de la pièce; on se sert du texte comme matériau car évidemment il est impossible – et je n’en avais pas envie- de monter la pièce dans sa version originale avec trois acteurs. On va donc prendre ce dont on a besoin. Pour l’instant, on n’utilise que le verbe de Shakespeare mais il n’est pas exclu qu’on insère ensuite des textes inventés lors des répétitions.

Quelle distribution pour cette pièce? Comment s’est fait votre choix?
Valérie Crouzet et Giovanni Calo sont deux acteurs avec qui j’ai travaillé plusieurs fois. Je viens de rencontrer le troisième, Philippe Bérodot. Je cherchais des acteurs au registre plutôt comique et puis pour le reste….on verra (rires)!

Date des représentations:

Les 7,8 et 9 juin 2012 à 22h au Printemps des Comédiens ( Montpellier)

Shakespeare Festival im Globe – Neuss : 1 rep. le 14 juin 2012
Théâtre – Béziers : 2 rep. du 11 au 12 octobre 2012
Théâtre – Caen : 2 rep. du 16 au 17 octobre 2012
• Maison des Arts – Thonon-les-Bains : 3 rep. du 23 au 25 octobre 2012
• Théâtre de Cornouaille – Quimper : 2 rep. du 13 au 14 novembre 2012
• Spectacles Français – Bienne : 1 rep. le 27 novembre 2012
• Théâtre Les Sablons – Neuilly : 3 rep. du 11 au 13 décembre 2012
• Le Toboggan – Décines : 2 rep. du 19 au 20 décembre 2012
• Théâtre – Grasse : 2 rep. du 11 au 12 janvier 2013
• Centre dramatique régional – Tours : 5 rep. du 15 au 19 janvier 2013
• Le Rive Gauche – St-Etienne-du-Rouvray : 1 rep. le 22 janvier 2013
• Le Forum – Blanc-Mesnil : 1 rep. le 12 février 2013
• Centre d’Art et de Culture – Meudon : 1 rep. le 15 février 2013
• Le Radiant – Caluire-et-Cuire : 2 rep. du 19 au 20 février 2013
• Espaces Pluriels – Pau : 1 rep. le 26 février 2013


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