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Aurelio sur le papier ou sur la peau

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Propos recueillis par Julie Cadilhac – On a rencontré Aurelio au Festival International de la BD d’Angoulême du côté des stands de l’édition indépendante. Rencontre épidermique: son trait espiègle et burtonien nous a séduits. On vous présente donc cet illustrateur passionné qui dessine aussi bien sur le papier que sur la peau…

propos recueillis par

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Dessiner sur le corps des gens, c’est une vocation qui naît à l’adolescence lorsqu’on gribouille ses bras de graffitis et autres marques d’appartenance à un groupe? c’est l’expression d’une volonté freudienne de masquer la nudité….? ( je plaisante)…alors, expliquez-nous…
Dessiner (tout court) c’est une vocation. Après, pour ce qui est du tatouage, j’y pensais en effet beaucoup au lycée (je m’étais d’ailleurs déjà piqué une mimi-merde sous la cheville à l’aiguille à couture trempée dans l’encre de chine, le truc à pas faire quoi). Mais je n’ai jamais été trop à l’aise à la vue du sang d’autrui… Du genre à tourner vite de l’œil… Alors, je me suis dit qu’il valait mieux penser à autre chose… Et comme (à cette même période de lycée) mes caricatures de profs et mes BD faisaient déjà bien marrer mes potes pendant les cours… Je suis revenu au tattoo des années après, grâce à mon éditeur et ami des Presses Littéraires, Jérôme, qui m’a présenté son tatoueur, Belly, qui avait beaucoup aimé ma 1ère BD « Petits Contes Cruels Pour Grands Enfants Pas Sages » et qui m’a proposé de me former. Et depuis, grâce à lui, c’est un régal !
Quels sont les motifs les plus demandés? Les plus amusants que vous ayez eus à concevoir?
Le portrait de Johnny avec un corps de dauphin qui saute devant un coucher de soleil est très en vogue en ce moment (sourire)… Non, au salon où je travaille avec Belly, le Belly Button Tattoo Shop (à Perpignan), nous ne faisons pas vraiment des « motifs » mais plutôt des « compositions ». Nous travaillons généralement en deux temps. C’est-à-dire que les personnes viennent avec leurs idées pour une 1ere « séance de feutre » pendant laquelle nous traduisons leurs idées en dessinant directement sur leur corps, à l’endroit choisi, à l’aide de feutres. Ainsi, nous réalisons une première fois leur tatouage (mais un qui s’efface, comme un grand décalco ! Mambo !) Puis, lors de la seconde séance, nous redessinons au feutre suivant les photos (prises en fin de 1ere séance) et les modifications que les personnes souhaitent, puis, une fois que tout est ok nous commençons alors seulement le tatouage. Et voilà pourquoi chaque tatouage est un nouveau plaisir !

Et les zones choisies? (et là, c’est une douillette qui parle) la sensibilité d’une zone est-elle un critère de choix ou, bien au contraire, la douleur est un sacrifice que font bien volontiers les tatoués?
Quand on fait un tattoo, ça fait mal de toute façon ! Alors on conseille toujours de préférer l’esthétique du placement d’ensemble à la sensibilité d’une zone. Et chaque personne a ses propres zones sensibles… Pour le placement, on se soucie juste de ne pas faire de tatouages trop visibles quand la personne n’a pas encore de boulot ou travaille dans un poste où c’est mal vu. Ou bien des placements « à risque » (le tour de ventre pour une jeune femme qui rêve d’avoir une famille nombreuse par exemple, parce que la peau risque de trop bouger pour que le tatouage reste lisible).

Que trouve-t-on sur votre peau à vous? On suppose qu’il n’existe pas de tatoueur sans tatouage, si?
Sur moi, je n’ai que des tatouages de copains tatoueurs pour le moment : un « art » graffité me coule sur l’avant- bras et a été piqué par mon excellent maitre Jedi, Belly ; la « Calavera Oaxaqueña » de Posada sur le devant du bras encrée par la talentueuse Armelle ; un petit cafard me sort du poignet (va t’en mon petit cafard !), un dessin de moi piqué par Tôma Sickart qui m’a surtout fait à l’arrière du bras une version à sa pure sauce black&white d’un « men ruin » (mais comme je suis un grand gamin on est parti sur un « children ruin » à base de lance-pierre, bonbons et bonnet d’âne) ! Sinon, j’ai ma jambe gauche – de moi !(il fallait bien que je m’entraine un peu)- , une tête de mort mexicaine avec des ossements et un « D.IY. »

Quelle formation avez-vous suivie?
Maternelle ; primaire ; collège ; lycée ; concerts ; école d’arts graphiques (mention TB yeah !) ; concerts ; designer web (5 ans) ; concerts ; BD, illustrations, dessins animés en indé (5 ans aussi) ; et fresques en concerts avec le collectif Kronik ; et quelques concerts plus tard : formation de tatouage par Belly Button ! YEAH !

Quel(s) genre(s) de bds lisez-vous? Avez-vous des mentors?
Je lis plutôt de la BD humoristique et fantastique (j’adore l’humour noir, les zombies, les méchants loosers, les gentils loosers, les monstres, les personnages barrés). Quasiment jamais de trucs réalistes ou autobiographiques. Des BD plutôt « indé » (Les requins Marteaux, La Boite à Bulles, Six pieds Sous Terre, …). Beaucoup de fanzines et bd « alterno » (Kronik, Speedball, Kontagion, Ferraille, Onapratut, Le chat qui pue, plus ancien comme La Monstrueuse, …). Mais pas que. Pleins de choses différentes. Jamais de séries longues.
Des auteurs que j’aime vraiment beaucoup : Max Andersson, Gomé, Alberto Breccia , Foerster, Nicolas Witko, Marc-Antoine Mathieu, Bouzard, Thomas Ott, Winshluss, Blanquet, Burns, Brun, Carlos Vermut, Chabouté, Nicolas Presl, Nikopek, Griffon, David B, Cha, Chester, JessX, Tanxxx, Didier Progéas, Mezzo, Sandoval , MO/cdm, Slo, Tôma Sickart (tatoueur aussi à « Fatalitas » Montreuil), Jürg (tatoueur aussi à « Tendre Furie » à Bruxelles).

Et si ce n’est pas la bd, qu’est-ce qui vous inspire?
Qui m’a inspiré : les crados (images) !!! Les boglins et Le Savant Fou (jouets) !!! La Quatrième Dimension !!!
Qui m’inspire : tout ou rien. Pleins de trucs mais rien de précis. Ca peut être un film au ciné, une affiche vue dans la rue, un flyer de concert, un cauchemar, une musique, une grosse araignée à mon plafond…

Il y a un petit côté Tim Burton dans certaines de vos illustrations…un goût pour le macabre élégant et délirant, je me trompe?
Sûr ! Me dire qu’après la mort ce n’est pas trop moche et surtout qu’on y rigole bien (et en parler de cette manière), ça m’évite d’en avoir peur… Enfin, je crois…

Histoires tordues et dessins bizarroïdes est un assemblage hétéroclite de petits contes et de poèmes illustrés mais aussi d’affiches de films imaginaires: d’où est né le concept de ce bouquin?
Heu… De dedans ma tête ?…

Règne un état d’esprit « déconnade », un côté  » tout ce qui fait marrer les mecs et autres histoires de zombies », non?
Complètement !

J’aime beaucoup votre blablateur….
Ne lui dîtes pas, il risquerait de se faire des films…

On pourrait imaginer un livre entier qui illustrerait de façon farfelue des proverbes…vous y ajouteriez votre coeur d’artichaut et vos corneilles: une idée à creuser?
Oui, j’y travaille déjà depuis un p’tit moment… Seriez-vous medium ?

Enfin, êtes-vous sur un autre projet d’édition en ce moment?
Oui, « Les Aventures trop mortelles de Cadav’Eric ». De courtes histoires d’un petit squelette à chapeau ska (et bourré d’humour noir) qui évolue dans le monde des vivants et qui les taquine beaucoup (mais ils lui rendent souvent très bien). Et puis j’ai d’autres idées (dont celle des proverbes)…

Le site officiel d’Aurelio ICI

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