Too Much & The White Nots : le folk n’est pas mort
Propos recueillis par Nicolas Vidal – bscnews.fr / Il y a quelque chose d’à la fois frénétique, poétique et de touchant chez les Too Much & The White Nots. L’histoire ? Une bande de jeunes gens bruxellois ont eu la bonne idée de monter une groupe de musique. Du folk, pas mal de talent, de l’énergie à revendre, de vrais talents musicaux, de l’humour, un zeste de romantisme, et vous voilà face au Too Much & the White Nots pour une découverte musicale de premier plan. Enfin un groupe qui a compris la signification de «diversité» et de «folk» tout en sachant les accorder magnifiquement ensemble.
Est ce que le groupe Too Much & The White Nots n’est-il pas l’incarnation parfaite du Hootenanny dans son sens premier ?
Darshen Golan : Oui, on peut dire cela, c’est un regroupement de personnes dans un but musical, après je pense que cela s’arrête là, il ne faut pas y voir un quelconque désir de « Revival » 50′-60′, je pense que nous cherchions un nom d’album depuis un moment et qu’en fin de compte, il était sous notre nez. Cela nous est apparu à tous comme une évidence.
Maryshoo : Même si la majorité de nos morceaux ont une base folk (guitare, harmonica, la façon dont Darshen écrit ses textes), les influences de chacun font qu’à la fin, elle s’en éloigne. Mais oui, nous sommes un rassemblement de musiciens! Sans rire, ce qui nous plaisait dans le terme Hootenanny, c’était pour certains cette connotation folk mais pour tous, l’envie du partage, l’échange d’idées que cela passe par la musique, les lectures… C’est comme ça que l’on fonctionne au sein du groupe, on s’échange des mails avec des découvertes musicales, on se fait écouter de la musique dans nos salons. Ce sont ces aspects qui nous plaisent dans ce terme, le rassemblement et l’échange car c’est un peu comme cela que se sont formés les Too Much & The White Nots.
Comment s’est formé le groupe alors que tous ses artistes sont apparemment très différents les uns des autres?
Choekita : Darshen est à la base de notre union. C’est lui qui nous a fait nous rencontrer… Petit à petit les Too Much & The white Nots sont nés. Nos curiosités, différences, audaces et folies nous a soudés. Notre travail artistique personnel, nos expériences très diverses se mélangent avec celui des autres avec saveur… C’est notre recette de grand-mère !
On lit dans la présentation du groupe » en quatre d’ans d’existence et d’apprivoisements mutuels, ceux-ci auront développé une écriture de plus en plus collégiale ». Qu’est-ce qui a donc permis que cette énergie et ces différences donnent un folk très séduisant ?
Darshen Golan : Woww, question pas évidente mais déjà merci pour le « très séduisant » !!! En effet, à la base, j’apportais la chanson et le texte plus des idées d’arrangements mais au fur et à mesure que les mois passèrent, le groupe à commencer à prendre forme, à vivre par lui même de l’intérieur, à attraper une identité musicale, scénique. Maintenant, sur l’album qui est sorti le 13 oct. 2011, on y trouve deux chansons issues de textes de Choekita et le reste de moi même, mais nous avons voulu vraiment y figer des morceaux résultant d’un travail de groupe. J’espère que j’aurai répondu à votre question comme vous le souhaitiez.
Comment choisissez-vous les histoires que vous souhaitez mettre en musique ? On pense notamment à la chanson The prodigal song ou encore au très entraînant morceaux « C’est la vie » …
Choekita : Les histoires, les textes naissent à un moment, se développent en fonction d’un vécu, d’une lecture, l’inspiration est partout…
Darshen est moi avons un style d’écriture très différents, les sujets le son aussi.
Comme se passe la cohabitation sensible et romantique entre les filles et les garçons du groupe ?
Maryshoo : Tout est platonique mais très intense! On dit souvent que l’on fonctionne comme une famille, mais on pourrait aussi dire comme un couple. Il y a des prises de têtes, des incompréhensions parfois mais beaucoup d’estime et d’écoute. C’est très riche un groupe mixte et chacun s’apporte beaucoup en fonction de ses sensibilités, on sait que l’on peut compter les uns sur les autres, pas de divorce en vu donc!
Comment se passe l’écriture des chansons ? Est-ce que tout le monde participe à la création du texte ou cette tâche est attribuée à l’un ou plusieurs d’entre vous ?
Mattia : On a une façon de développer les morceaux très collégiale et intuitive. Un texte ou une mélodie constituent la base. N’importe qui dans le groupe peut amener une idée, souvent c’est Darshen et parfois Choekita. Imaginons que ce matériel sonore ou littéraire au début soit comme un plan, une carte toute recroquevillée sur elle-même ; au départ on ne voit qu’une boule de papier et on n’arrive à distinguer que des petits morceaux de terrain, après chacun prend un bout et le déplie de son côté, enfin on a le plan aplani et compréhensible devant nous. Même si on arrive à l’aboutissement d’un morceau, on perçoit ça comme un organisme vivant qu’on peut toujours changer ou modifier selon notre sensibilité.
Vous êtes très portés sur le jeu scénique. Est-ce que cela est une façon de donner de la profondeur à vos morceaux ?
Darshen Golan : Peut-être mais avant tout, nous envisageons un concert comme un « spectacle musicale » donc nous essayons de rassasier, autant que cela se peut, tant les yeux que les oreilles de l’audience.
Aussi sur scène s’ouvre à nous une autre dimension pour pouvoir partager notre musique et la faire parvenir par d’autres perceptions.
PY : Pour moi, le jeu scénique n’a rien à voir avec la profondeur des morceaux. Nos chansons sont profondes dans les oreilles, pas dans les yeux!
Les yeux, c’est pas troué, c’est pas profond, c’est en surface donc c’est plutôt pour la légèreté.
Lorsqu’on lit vos biographies respectives, il apparaît que vous n’étiez pas toutes et tous prédestinés à faire de la musique dans ce cadre là? N’est-ce pas finalement l’une des clés du succès ?
Choekita : C’est vrai que même si j’aimais chanter et que j’ai toujours chanté, mes projets professionnels n’allaient pas du tout dans ce sens-là. Je travaillais surtout dans l’animation artistique, j’ai étudié la peinture et la vidéo. Je me destinais bien à l’art mais pas directement vers la chanson. Par contre Darshen, Lili et Mattia font de la musique depuis toujours et sont issus d’une formation classique. Bubu est un percussionniste dans l’âme, il a développé son talent à travers ses voyages et ses formations. Tout comme Bubu, Mary Shoo, Py et moi ne venons donc pas d’un formation classique, c’est peut-être effectivement là que ce trouve notre clé, c’est ce mélange de différentes expériences et de mondes musicaux.
Maryshoo : C’est du cas par cas chez nous, nous ne sommes pas tous passés par la case solfège, ni pratique d’un instrument ou encore cours de chant. Pour certains, il était clair que la musique ferait partie de leur vie, pour d’autres c’était une envie et d’autres encore, un « rêve »! Darshen, qui est à la base du projet, est allé chercher certains et est tombé par hasard sur d’autres, on n’a donc pas tous le même bagage et on n’a surtout pas tous le même vocabulaire mais c’est riche. En répétition, chacun s’exprime différemment pour faire passer une idée ou un ressenti. C’est un bon équilibre tout ça, on prend ce qu’on nous donne, on bosse et on reçoit beaucoup en concert! Alors si on la clé du succès, que les portes s’ouvrent !!!
» Une aventure émotionnelle et pleine de couleur » – est-ce que cette phrase ne pourrait-elle pas résumer à elle seule l’essence des Too Much & The White nots ?
Choekita : Oui , ou bien… des couleurs émotionnelles pleines d’aventures…ou bien des aventures pleines de couleurs émotionnelles…ou bien …
La diversité musicale dans un groupe est parfois source de dispersion. Chez vous, elle est au contraire une grande force artistique et confère à votre groupe un talent indéniable. Quelles sont vos perspectives musicales à l’avenir ?
Darshen Golan : Nos perspectives musicales sont d’aller toujours plus loin dans le son, les musicalités, essayer, se tromper, chercher, tomber, se relever et découvrir qu’enfin de compte nous sommes toujours « Far Away » de l’endroit où nous comptions nous rendre et qu’en même temps, sur la route, ce que l’on fait nous amuse toujours autant et apporte à certains du plaisir.
Est-ce que votre fibre artistique continuera d’évoluer sur la base du Folk ?
Choekita : Elle continuera sûrement à évoluer avec nous, avec un peu de tout, une pincée de folk et saupoudré de tout le reste !
Où pourra-t-on vous voir sur scène en 2012 ?
Maryshoo : On sera au Botanique à Bruxelles le 2 février pour « Propulse », une sorte de marché ouvert aux professionnels, à Louvain-la-Neuve pour la « Semaine de l’interculturalité » le 17 avril, le 23 au « Courant d’air » à Bruxelles et puis il y a aussi quelques autres belles dates qui se profilent mais rien de confirmer encore à l’heure actuelle. Et puis maintenant que l’album est sorti, on espère faire les festivals cet été!
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