Entre l’homme aux couteaux qui fixe le public en même temps qu’il martèle avec sa lame – entre chaque écart des doigts de sa main – une planche de bois , le jonglage buccal de balles de ping pong ( un numéro délirant et jamais vu jusqu’alors), le jongleur perché qui fait virevolter ses cerceaux – et tout cela sans filet- ou encore le clown au mât chinois qui grimpe partout, se lâche dans le vide et devient l’incarnation magique d’un Peter Pan halluciné, on reste pantois, un peu nerveux parfois parce qu’on espère bien qu’ils n’auront pas l’idée saugrenue de rendre leurs délires interactifs avec le public.. et on ressort ravi et gonflé d’adrénaline par procuration!
La compagnie Galapiat, c’est une association de vauriens qui a choisi le chapiteau comme repaire?
Oui, la Cie Galapiat tourne son spectacle depuis 3 ans, et a choisi le mode du chapiteau depuis 2 années. Pour que le cirque soit une rencontre de tous, les pieds sur la piste. Pour que nous puissions nous inviter chez les gens, mais aussi les inviter chez nous. Pour que la toile, la piste, le cercle soient encore et toujours possibles, que ce ne soit pas un rêve inaccessible. Malgré les contraintes de législation, de sécurité du public, d’entretien, le choix du chapiteau est pour nous une évidence. Le chapiteau, lieu magique de rassemblement de toutes les populations indépendamment de leur appartenance sociale, est un moyen exceptionnel pour créer un lieu communautaire et collectif de rencontre. Le cirque est pour nous un fil directeur entre les communes que nous traversons, l’itinérance un support d’ouverture et de découverte du voisin, le chapiteau et le campement un espace chargé d’imaginaires.
Comment êtes-vous tombés dans le cirque? Pouvez-vous nous présenter les artistes de votre Risque Zéro?
Les artistes Galapiat se connaissent maintenant depuis 8 ans, depuis les vestiaires de Rosnysous-Bois. L’association Galapiat est née en 2006 dans les couloirs de Châlons en Champagne au Centre National des Arts du Cirque.La Compagnie Galapiat a pris son envol à temps plein en novembre 2007 avec l’implantation du siège social de l’association à Langueux.L’équipe Galapiat s’est, elle, installée physiquement en Côtes d’Armor en octobre 2008. Elle compte en piste 6 artistes : Sebastien Armengol, acrobate et accordéoniste, Moïse Bernier, acrobate au mât chinois, clown et violoniste, Jonas Séradin, acrobate et lanceur de couteaux, Lucho Smit jongleur d’anneaux et contrebassiste, Sebastien Wojdan, jongleur de massues, lanceur de couteaux et guitariste ; et enfin, Elice Abonce, la seule fille de la bande, trapéziste et bassiste. Deux techniciens, Luc et Gautier, au son et à la lumière, sont eux aussi présents et indispensables pendant ce spectacle.
Pas de cirque sans risque et pourtant votre spectacle se nomme Risque Zéro? Z’êtes du genre compliqué chez les Galapiat ou c’est plutôt une volonté perpétuelle de jouer avec les contradictions?
Ce titre est une allusion à l’expression utilisée dans le langage courant : « le risque zérO n’existe pas »… En effet, ce spectacle parle du risque, dans le cirque, mais aussi dans la vie en général. Prendre des risques, mais surtout apprendre à la mesurer et à les maitriser, dans une société où l’on nous impose toujours plus de prudence, de contrôle et de sécurité…
C’est donc une invitation à oser, à tout tenter, que l’on soit tête brûlée, sage ou poule mouillée, c’est-à-dire maitriser, dompter et sublimer ses peurs. C’est tout ça le cirque. Ce spectacle parle donc de la prise de risque, dans le cirque et dans ses disciplines, mais aussi dans cette aventure humaine et collective. Se lancer un couteau dessus, échanger sa salive en s’échangeant des balles de ping pong de bouche à bouche, dire je t’aime pour la première fois…
Au centre de votre travail, il y a…. le plaisir de redevenir un enfant?
Oui, le spectacle peut un peu faire penser à 6 gamins jouant dans un grenier. C’est à celui qui ira le plus loin. Le spectacle a vraiment été créé avec des objets de la vie quotidienne, du bois, des couteaux, des chaises, des balles de ping pong… Et ils ont souhaité garder dans ce spectacle des défis qu’ils se sont donnés durant la création. Aller toujours plus loin, dans la prise de risque, la gestion de sa propre peur, la vie de groupe… Et on voit bien qu’ils sont restés de grands enfants!…
Avec quels agrès travaille la compagnie galapiat?
Ils utilisent les agrès que sont la bascule, le mât chinois, le trapèze ballant, le jonglage aux massues et anneaux, la photo, l’acrobatie au sol et sur canapé, le lancé de couteaux, de hâche, de fléchettes, le jonglage buccal de balles de ping pong… Et bien d’autres surprises!
Vous défendez le risque comme une recherche indispensable et constructive; les ratés font donc partie inhérente du spectacle? Réellement, vous expérimentez sur scène?
Le cirque, et le spectacle vivant en général, peuvent mettre l’artiste en situation d’échec parfois. Comme le clown le dit dans le spectacle : « c’est du spectacle vivant, ça veut dire qu’ils font les choses pour de vrai! Alors plus vous rigolez, plus ils vont aller loin! ». Effectivement, les artistes ont cette volonté d’aller au bout de leurs actions. Si ça ne marche pas du premier coup, ils peuvent continuer et continuer jusqu’à que cela fonctionne. Et ceci aussi dans une volonté de montrer la difficulté de leur geste. Le public n’en est que plus impressionné! Quelque chose qui marche dès le premier coup est moins impressionnant que lorsque l’on mesure le risque, la difficulté. Ce sont des humains, pas des surhumains! Et oui, souvent ils expérimentent en piste. Ca aussi ça fait partie du jeu du spectacle vivant. Car ils sont devant un public, qui réagit et interagit, et le spectacle est aussi basé là-dessus. Le spectacle provoque des émotions, des réactions, et le public fait partie intégrante du spectacle. Si une parole sort de la bouche d’un spectateur, alors c’est gagné pour les artistes! Et ils se font un plaisir de rebondir à la moindre intervention! Le spectacle est donc vraiment différent, d’un soir à l’autre…
Le plaisir du spectateur devant Risque Zéro, c’est donc le tremblement qu’il éprouve à sentir la fragilité d’un spectacle qui peut s’écrouler comme un château de cartes à tout instant?
Le plaisir du spectateur est différent pour chacun! Mais je crois que ce n’est réellement pas un spectacle comme les autres. Mais c’est sûr que le spectateur passe par pleins d’émotions différentes durant ce spectacle : il commence par être tendu dès le début, sans savoir jusqu’où vont aller ces 2 garnements qui agissent devant lui, se jetant hâches, couteaux et fléchettes… Il sera aussi soulagé, ému, il rira aux larmes, et il sera sans nul doute touché et marqué par cette expérience collective et humaine. Un spectacle qui laisse des traces!…
Et il y a de la musique…?
Oui, les 6 artistes sont aussi musiciens. Cela fait partie de la formation que propose le Centre National des Arts du Cirque dont ils sortent tous les 6. Ils ont donc composé eux-mêmes la musique, et s’accompagnent mutuellement tout au long du spectacle. Ils se servent également d’une pédale-boucleur, que ce soit pour leur voix ou pour la musique.
Un répertoire influencé de Stravinsky ou de Pink Floyd, en passant par des touches autant Rock’n Roll que Klezmer. La musique a une place vraiment importante dans ce spectacle.
Les dates de représentation:
Du 13 au 18 décembre 2012 à Sortie Ouest( Béziers)
Du 13 au 15 janvier 2012 à Lagrasse (11)
Les 19, 20 et 25 février 2012 au Festival Rencontre entre les mondes, Chabeuil (26)
Du 13 au 17 mars 2012 à l’Agora, Pôle Cirque de Boulazac (24).
Du 24 au 28 mars 2012 au Centre Culturel de Bègles (33).
-Du vendredi 15 novembre 2013 au dimanche 8 décembre 2013 au Théâtre Firmin Gémier / La Piscine / A l’Espace Cirque d’Antony / Rue Georges Suant / Antony/