Le Fest’Afilm: la lusophonie à l’honneur à Montpellier

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Interview de Ferdinand Fortes / Propos recueillis par Julie Cadilhacbscnews.fr / Photo D.R/ Ferdinand Fortes est à l’origine d’un festival de cinéma montpelliérain qui promeut la culture lusophone. En partenariat avec l’association Casa Amadis, il souhaite ouvrir la culture héritière du Portugal au plus grand  nombre. C’est maintenant, du 1er au 4 décembre 2011, c’est à Montpellier….

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Qu’est-ce que la lusophonie?
Après la révolution des oeillets et l’accession à l’indépendance des colonies portugaises, conséquence directe de la chute du régime faciste au Portugal, il a fallu trouver un nom pour tous ces territoires qui parlaient alors portugais : Les Îles du Cap-Vert, l’Angola, le Mozambique, la Guinée Bissau, Sao-Tomé e Principe, Macau, Goa, le Brésil et bien sûr le Portugal.Sauf qu’après de longues années de guerre coloniale, cela semblait mal venu d’utiliser un mot comme Portugophonie qui faisait référence à l’ancienne puissance coloniale pour désigner cette communauté. Il fallait trouver un mot qui mette tout le monde d’accord.Le Portugal, comme la France, l’Espagne et l’Italie, fut une province romaine et s’appelait alors la Lusitanie. Le Portugal était alors une province romaine et dépendait elle même d’une autre instance : Rome. Voilà qui faisait l’affaire et qui mettait le Portugal sur le même pied que ses anciennes colonies fraîchement indépendantes. La Lusophonie était née. Évidemment, la racine luso renvoie au Portugal, ce qui peut déplaire à certains États tels que le Brésil.

Pourquoi avoir monté, au départ, cette rencontre internationale entre les caméras lusophones et francophones?
La chose est simple. Je suis moi même lusophone et francophone, j’ai toujours baigné depuis mon enfance dans ces deux cultures. Et puis c’est aussi une rencontre, celle avec l’association Casa Amadis, seule association culturelle de langue portugaise de Montpellier. Cette idée du Fest’Afilm vient d’un constat : le cinéma lusophone qu’il soit  portugais, brésilien, Angolais est très peu connu du public français. Le but est d’ouvrir une fenêtre à Montpellier et en France sur ce cinéma qui mérite d’être plus connu et mieux apprécié. Je ne voulais pas non plus m’arrêter à un festival de cinéma lusophone – il y en a déjà à Nice, Nantes, Paris- qui sont très bien. Je voulais donner la possibilité à des lusophones et à des francophones de découvrir mutuellement leur cinéma, créer des rencontres, des échanges. Aujourd’hui  nous sommes en très bonne voie dans cet objectif d’échange grâce aux nombreux partenariats avec d’ autres festival dans le monde lusophone.

Ce festival est né en partenariat avec l’association Casa Amadis dont vous êtes un membre actif?
Lorsque j’ai rencontré en 2005, pour la première fois, les membres fondateurs de Casa Amadis, Tito-Livio Santos Mota, Florent Robin et Nancy Leroy, c’était encore une toute jeune association qui avait à peine plus d’un an. Je cherchais une association, où je puisse m’investir, et qui concilierait ces deux aspects qui font partie intégrante de ma personnalité : les cultures lusophone et francophone. Casa Amadis est une association culturelle qui se veut une passerelle et qui est partie d’un constat : la lusophonie est un univers peu ou pas connu des publics francophones et la langue française, jadis celle que l’on se devait de lire et parler dans les pays où règne le verbe de Camoes,  y est aujourd’hui, partout, en perte de vitesse. C’est ce qui m’a plu dans la démarche de Casa Amadis : ne pas s’enfermer, s’ouvrir. Très vite, ce que je proposais pouvait devenir éventuellement projet concret, à condition de le budgétiser avec rigueur. C’est comme cela qu’est née, sur ma proposition, l’idée du Fest’Afilm, le Festival international du film lusophone et francophone de Montpellier. Je suis aujourd’hui vice-président de cette belle association.

Vous êtes le directeur artistique de ce festival: de quelles qualités a-t-on besoin pour faire ce métier? De patience et de ténacité, j’imagine…
Il est évident que cela demande beaucoup de travail  surtout quand on part de rien avec de très petits moyens et que l’ambition est de faire quelque chose de grand. Je répond souvent quand on me demande quelle sont les ambitions de ce festival, que c’est de devenir le deuxième rendez-vous cinématographique de Montpellier. Oui oui deuxième car je suis conscient que ce n’est pas avec les aides que nous avons que nous arriverons de sitôt à doubler le Cinémed (rires) et même ce n’est pas le but. Le Cinémed est une grande sœur que nous respectons. Bref, cela n’est pas toujours facile quand il vous faut convaincre jour après jour les partenaires, courir après les financements. Oui il faut de la ténacité, de la patience, il en faut également pour ceux qui m’entourent (rires) , savoir pourquoi on fait cela. Et quand on doit gérer une équipe il faut aussi un soupçon de diplomatie (rires).

C’est la  quatrième édition du Fest’Afilm à Montpellier: quels souvenirs gardez-vous des précédentes éditions?
Un très très bon souvenir, les rencontres qui s’y sont faites, ce public que nous avons retrouvé année après année, chaleureux qui apprécie le travail accompli et les films présentés. Une ambiance familiale comme l’a d’ailleurs fait remarqué Monsieur Bourgeot, président du jury en 2010, et que je souhaite garder.

Durant le festival sont projetés des courts et des longs métrages, c’est bien ça? Que conseilleriez-vous, en particulier, à un public Ferdinand Fortes néophyte?
Et bien TOUT, venez tout voir ! Chaque film traite de sujets différents. Si vous êtes néophyte, ce sera la meilleure façon de comprendre la lusophonie et de découvrir de petit bijoux du cinéma brésilien, angolais, mozambicain, portugais et autres. Les films documentaires vous feront voyager à travers les sociétés et l’histoire de la lusophonie.

Et que conseilleriez-vous à un public déjà sensibilisé à la culture lusophone?
A ce public là je pense au cycle Saramago avec trois films: Jose e Pilar, un film documentaire sur la vie de l’écrivain et son épouse, film d’ailleurs nominé aux oscars, Embargo de Antonio Ferreira adapté d’une nouvelle de José Saramago écrite au conditionnel, et Blindness également une adaptation d’une œuvre de José Saramago et réalisée par Fernando Meirelles, réalisateur du célèbre film La cité de Dieu. Je les inviterais aussi à  voir tous les court-métrages de Avanca (portugal) et de Curtse (Brésil). Les films documentaires Douro Acima, Matria do vinho sont également vivement conseillés.

Quels pays seront représentés dans l’édition 2011?
Deux nouveaux pays lusophones sont venus agrandir la liste des pays jusqu’ici présents tous les ans au festival, L’Angola et le Mozambique. Cette année huit pays serons représentés: le Portugal et le Brésil qui, tous deux, ont le plus gros contingent de films, l’Angola et le Mozambique pour la lusophonie. Côté francophone, nous aurons la France, la Belgique, la Suisse et le Québec. Pour la 5ème année du festival en 2012, grâce entre autres au soutien de l’ambassade du Cap-Vert à Paris, on pourra compter avec l’arrivée du pays de la diva aux pieds nus Césaria Evora, qui est aussi le mien (sourire).

Durant le festival, des prix sont attribués: quels sont-ils? Combien de films concourent cette année?
Depuis les débuts du FEST’AFILM, nous décernons des prix mais ils n’ont aucune valeur financière. Le plus important est de pouvoir dire qu’un film a plu, de reconnaître les qualités de chaque réalisateur, monteur, acteur, scénariste etc. Nous espérons pouvoir, dès la 5ème édition du festival, accompagner ces prix d’un chèque. Mais pour l’instant, nous offrons aux films primés l’assurance d’être projetés dans les festivals lusophones partenaires du Fest’Afilm. Les lauréats feront aussi l’objet de programmation à Paris, Strasbourg, Marseille et Metz.Les prix décernés cette année par le jury seront : l’ Amadis du Meilleur Court-métrage, du meilleur scénario, meilleur Montage, un prix spécial du jury,  meilleur film d’animation et le public sera invité à choisir son meilleur film (Prix du public) . Nous n’aurons pas moins de 33 court-métrages en compétition.

Qui sont les membres du jury?
Le jury de cette année sera constitué de 7 jurés dont la plupart évoluent dans le domaine du cinéma depuis de longue années. Le jury sera constitué comme suit :LAURO ANTONIO (Président du Jury) réalisateur, critique et producteur portugais. YVES JEULAND ,réalisateur français. CARLOS PEREIRA,  fondateur et directeur de LusoJornal, le seul hebdomadaire franco-portugais édité en France et en Belgique. ANNA DE PALMA, réalisatrice, scénariste portugaise. KATIA MARTIN-MARESCO, déléguée générale de la sélection Paroles de femmes et responsable des relations internationales du Festival international des très courts. CHARLES POUPOT, réalisateur et scénariste français. NADIA LOPES-PIERSON, Franco-capverdienne, chargée de communication pour le Festival international des très courts.

Pouvez-vous en quelques mots nous présenter le président du jury?
Après Monsieur Jean-François Bourgeot, directeur du Cinémed, qui nous avait fait l’honneur d’être président du jury en 2010, c’est au tour de monsieur Lauro Antonio une grande figure du cinéma portugais de nous honorer de sa présence et de présider ce jury 2011. Fondateur du Ciné-club Universitaire de Lisbonne, il a été également le directeur de l’ABC Ciné-Club, activités qui le conduiront  à la critique cinématographique à partir de 1963 et à la programmation de salles et de festivals de cinéma. Lauro António est surtout connu pour son film Matin Perdu (Manhã Submersa) présenté à Cannes en 1980 et qui demeure son chef-d’œuvre. Il a travaillé pendant de longues années avec la RTP (radio télévision portugaise). Le film Matin Perdu sera projeté au festival et sera suivi d’une rencontre avec Lauro Antonio.

Enfin, le Fest’Afilm a fait sa première édition à Paris cette année…le bilan est-il positif?
Ecoutez, c’était la toute première saison du Fest’Afilm dans la capitale. Cette année nous étions plutôt dans l’expérimentation. Cette première saison nous a permis de voir avec nos partenaires, CCPF et  le cinéma  L’entrepôt où ont eu lieu les projections, les point faibles et les point forts afin de nous assurer un  FEST’AFILM Paris SAISON II beaucoup plus fréquenté. Les films projetés ont reçu un très bon accueil, avec une mention spéciale pour le film documentaire JOSE e PILAR: une  tranche de vie du prix nobel de littérature José Saramago et de sa femme Pilar pendant qu’il concevait son dernier roman Le voyage de l’éléphant.

Le festival Fest’Afilm est en partenariat avec des festivals de cinéma lusophone d’autres pays? Lesquels? En quoi consiste ce partenariat?
Comme je vous le disais, l’un des objectifs premiers du Fest’Afilm c’est l’échange entre lusophonie et francophonie. Pour cela pas de meilleure façon que de travailler avec ces passeurs d’images que sont les festivals. Nous sommes donc allés à la rencontre de plusieurs festivals de cinéma au Brésil et au Portugal. L’idée que  nous avions a tout de suite séduit le festival de cinéma ibéro- américain de Sergipe CURTA-SE dont la 11édition a eu lieu en septembre dernier. La directrice de ce festival, Madame Rosangela Rocha, a fait le déplacement l’an dernier et sera encore présente cette année. A ce festival est venu s’ajouter celui de Avanca au Portugal et La biennale internationale de Porto Santo à Madère. Dès l’an prochain, nous serons également en partenariat avec le festival international du film de Pernambucco au Brésil. Je tiens à remercier Mlle Flavia Vargas qui travaille avec moi depuis l’an dernier, qui fournit un travail extraordinaire et qui a su rendre possible les partenariats avec le Brésil. Pour l’instant, ces partenariats se limitent à l’échange de films de nos festivals respectifs, ce qui a permis au Fest’Afilm de programmer au Brésil et au Portugal des films primés à Montpellier .Nous réfléchissons avec Sergipe, Avanca, Pernambucco et Madère, à approfondir nos échanges. Créer, échanger, comprendre : voilà les maîtres mots du Fest’Afilm. Je travaille avec mon festival à faire de Montpellier une porte ouverte sur la culture lusophone.

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