Les Mémoires d’un vieux con

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Par Marc Emile Baronheid – bscnews.fr / Roland Topor est pareil à ces valises des années cinquante couvertes d’étiquettes attestant que leur propriétaire en a vu d’autres et beaucoup. Il a trimbalé  ses fantasmes, ses hâbleries, ses fulgurances décapantes dans des territoires  multiples. Pour faire bref et incomplet, il était peintre, dessinateur, romancier, poète, metteur en scène, acteur, cinéaste, cofondateur du mouvement Panique, hara-kiricien.

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Inclassable, donc. Egalement incassable et insubmersible. Impubliable, depuis sa disparition en 1997 à 59 ans ? On ne s’est pas bousculé pour le sauver du purgatoire. A chaque rentrée d’automne, les « grandes » maisons préfèrent amuser le tapis avec de prétendus prodiges qui ont encore leurs dents de lait. Alors ce sont les petites officine qui s’y collent et il faut les en féliciter ! Vous ne connaissez pas encore Wombat ? Avec pour seul objectif le ricanement, ces éditions élaborent pas à pas un catalogue dont les maîtres mots sont littérature parodique, pastiche, satire, absurde, nonsense, humour noir. Topor y était dès lors inévitable. Le voici présent deux fois, par une réédition et un inédit. Les Mémoires d’un vieux con datent de 1975 et n’ont rien perdu de leur intensité parodique. Mieux : depuis qu’un client du Fouquet’s a repris et rajeuni le rôle, l’ouvrage a acquis une éberluante modernité .« Quand on a eu les femmes que j’ai eues, quand on a été follement, passionnément aimé par les plus belles créatures, par les plus intelligentes, par les plus riches, on devient prudent » … ? Bling bling n’est-il pas ? S’agissant de Topor, on a envie de parler de plagiat par anticipation. Là où il est, entouré de quelques pataphysiciens sarcastiques, le gaillard doit beaucoup s’en amuser.
Vaches noires est un recueil inédit de 33 nouvelles abordant les thèmes qui sont chers à Topor, graves et sérieux mais sertis dans l’humour grinçant, la gaieté turbulente, le sens du grotesque  par lesquels s’exprime l’amour de Topor pour la vie.
Parallèlement, Phébus réédite dans sa collection de poche Le Locataire chimérique, roman effarant qui fut adapté à l’écran par Roman Polanski. L’histoire d’un nouveau venu  dans l’appartement d’une suicidée, qui se trouve illico en butte aux tracasseries du propriétaire et de ses voisins. Le développement d’une démesure dont on ne saura si elle est réelle ou cauchemardée, mais qui pousse l’individu dans l’entonnoir menant à sa perte. Le déploiement d’un autre registre de l’auteur. Ce tir groupé devrait lui valoir l’attention d’un lectorat nombreux et cependant intelligent.
A propos, savez-vous comment  un narrateur appelle les clients des bouquinistes ? Des chiffonniers intellectuels. Vivement 2012, année Toporifique à n’en pas douter.

«  Mémoires d’un vieux con », Roland Topor, Wombat, 15 euros
« Vaches noires », Roland Topor, Wombat, 15 euros
« Le locataire chimérique », Roland topor, Phébus libretto, 7,50 euros
à consulter : www.editions-wombat.fr

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