Harlan Coben : un industriel de l’anti-somnifère

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Par Marc Emile Baronheid – BSCNEWS.FR / Lorsque le lecteur francophone s’est entiché d’Harlan Coben, son éditeur a voulu le publier à cadence redoublée. Voici donc le douzième roman paru depuis 2002. Coben n’est pas Simenon. Pour tenir un rythme de parution délibérément effréné, il a donc fallu piocher dans les premières œuvres, un gisement appelé parfois fonds de tiroirs.

De fait, nous avons eu droit récemment à une authentique erreur de jeunesse. Du coup il a été décidé de valoriser ces oldies en les baptisant collectors, le collector étant à la grâce d’écriture ce que Charlotte Rampling est à Pippa Middleton. Il existe encore plus fort : Amélie Nothomb fabrique des collectors dont l’encre du manuscrit n’est pas encore sèche alors que le roman frétille déjà en tête de gondole.
Que l’on se rassure : « Remède mortel » n’est pas une rinçure de tonneau. S’y tendent déjà, dès 1991 – année de sa publication aux États-Unis – les ressorts d’un mouvement d’horlogerie appelé à réjouir les amateurs d’intrigues palpitantes, de personnages périphériques capables d’infléchir le cours des choses, d’arborescences à la limite du vraisemblable. Ce Coben-là annonce le débarquement sur nos écrans des séries américaines qui seront les produits masquant l’indigence intellectuelle des directeurs de chaînes.
Quel rapport peut-il exister entre une clinique new-yorkaise discrète, sécurisée jusqu’à la paranoïa et un bouge infect de Bangkok ? Un médecin se donne la mort, des patients sont sauvagement assassinés et le docteur Riker s’ingénie à tenir la police à l’écart. Il a engagé une lutte contre la montre avec le tueur en série, car son équipe et lui auraient découvert un vaccin contre le sida. Riker se confie toutefois à Sara Lowel, célèbre journaliste d’investigation. Ses soupçons iraient vers le gourou d’un inquiétant lobby religieux et les organismes de recherche contre le cancer. Et la thèse de la machination politique est hautement plausible.
Coben n’hésite pas à dévoiler George, le tueur implacable, invisible, à l’efficacité terrible. Mais comment le détective en chambre que nous sommes peut-il remonter la piste s’il n’obtient pas le moindre indice sur le commanditaire ? S’en remettre à la capacité d’intuition de Sara ? Au flair d’un jeune flic qui a juré la perte des criminels ?
Pour corser le tout, le mari de Sara, star du basket, découvre qu’il est séropositif, décide de l’annoncer publiquement et entre à la clinique de tous les dangers. Ce personnage préfigure le fameux Myron Bolitar des romans à venir.
Lecteurs, vous êtes également en péril. Comment votre organisme parviendra-t-il à gérer pareille surdose massive d’adrénaline ?

Acheter « Remède mortel » d’ Harlan Coben / « Remède mortel », Harlan Coben, Belfond, 22 euros

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