Mother and Daughter - Kent Williams

Kent Williams: quand les couleurs, les cultures et les émotions se répondent…

Partagez l'article !

Partagez l'article !Interview de Kent Williams/ Propos recueillis par Julie Cadilhac – bscnews.fr/ Illustrations de Kent Williams/ Les oeuvres de Kent Williams accrochent immédiatement l’oeil et ne peuvent laisser indifférent. Diplomé du Pratt Institute à New York, peintre résidant à Los Angeles, son imaginaire est un savant mélange de cultures du monde, de couleurs et […]

propos recueillis par

Partagez l'article !

Interview de Kent Williams/ Propos recueillis par Julie Cadilhac bscnews.fr/ Illustrations de Kent Williams/ Les oeuvres de Kent Williams accrochent immédiatement l’oeil et ne peuvent laisser indifférent. Diplomé du Pratt Institute à New York, peintre résidant à Los Angeles, son imaginaire est un savant mélange de cultures du monde, de couleurs et d’émotions. Si l’on observe ses toiles avec attention, on finit par s’y raconter une histoire et parfois même n’est-on pas sûr de n’avoir pas vu se mouvoir une de ses figures tant son style est saisissant! Illustrateur également de nouvelles graphiques dont la dernière en date, The Fountain, a pour scénariste Darren Aronofsky (réalisateur entre autres de The Fountain, Requiem for a dream ou encore Black Swan), sa peinture figurative, qualifiée souvent de « néo-expressionniste », est reconnue aujourd’hui mondialement par ses pairs et son talent a même fait de ses toiles des oeuvres prisées par certaines stars américaines dont Robin Williams, Courteney Cox ou encore Meg White… Du 5 au 22 octobre 2011, l’artiste exposera à la galerie Maghen ( 75006 Paris) de nombreuses planches de ses « graphic novels » et quelques peintures et dessins originaux réalisés pour l’évènement. N’hésitez donc pas à profiter de l’occasion unique d’aller embrasser du regard les dessins singuliers, sensibles et profondément humains de cet artiste passionnant!

Réalisme et abstraction : pourquoi choisir de confronter ces deux univers antithétiques?
En fusionnant ces deux extrêmes dans mes peintures, je peux entrelacer le tangible avec l’intangible. Cette incorporation de calligraphie disparate produit une sorte d’électricité, une juxtaposition de forces opposées qui font devenir vivants les aspects humains de mon art pictural et/ou de sa signification. Aussi, tout à fait franchement, inclure réalisme et abstraction – ou créer un monde où ces deux aspects peuvent exister – me donne l’opportunité d’y mettre à la fois mes inspirations et des influences de l’art classique et contemporain. De montrer cet état vrai où le béni et le délaissé peuvent jouer ensemble.

Les couleurs sont-elles les compagnes qui expriment le mieux les émotions?
Eh bien, assurément la couleur peut diriger l’émotion – elle peut donner le ton et l’atmosphère de l’environnement dans lequel le sujet réside ; et dans certaines peintures, elle peut être le sujet lui-même. La couleur, au fil du temps, a pris de l’importance dans mon travail. Consciemment, au cours de la décennie dernière, je me suis éloigné des images sombres et de la palette qui a tant composé mon travail précédent. Un choix qui a eu autant de rapport avec la guérison de mon âme qu’il a eu une influence sur mon art pictural. Ce choix m’a conduit, plus récemment, à incorporer des motifs et à appliquer un traitement expressionniste de la peinture, en l’utilisant épaisse et usée en frottant et en grande quantité!

L’abstraction de la toile de fond vous permet-elle d’embrasser les mouvements de vos sujets? Vos personnages semblent entourés d’un décor fantasmé… His pacific groove- Kent Williams
C’est une bonne façon d’exprimer cela. J’aime confronter des éléments ou des forces opposées. Il en est de même que pour mon désir de tisser ensemble le réel et l’abstrait, ou l’apparemment banal et le spectaculaire. M’autorisant la liberté ou le jeu avec mes toiles de fond – c’est à dire l’espace où figurent mes personnages- je peux adhérer aux lois rationnelles de la perspective et, dans ce cas-là, clouer au sol le sujet dans une certaine mesure, mais alors, je viole ces lois dans la mesure où le personnage n’est pas trop en situation confortable dans cet espace. Je crée en même temps un monde d’ambiguïté et de familiarité : un monde à la fois réel et irréel. Je vacille sur cette ligne entre chaos et stabilité, réel et imaginaire. Voilà où réside mon intérêt pour la peinture.

On compare parfois la sensualité de vos toiles à celle d’Egon Schiele et votre esthétique à celle de Klimt…en êtes-vous flatté, agacé ou étonné?
Comment pourrais-je ne pas être flatté ? Être connecté d’une certaine manière à deux des peintres les plus grands du 20e siècle, à cette lignée de l’histoire de l’art, c’est quelque chose de précieux.

Y a-t-il des êtres qui posent pour vous ou est-ce le souvenir et votre imagination qui recréent des visages et des corps existants?
Je commence d’habitude par une matinée de dessin où je prends pour thème la vie, un modèle, souvent sans une image spécifique en mémoire. Au fur et à mesure que la session de dessin progresse, j’espère tomber par hasard sur quelque chose qui me suggère une idée pour une image plus complexe ou une composition. Peut-être ensuite que je ferai quelques autres dessins autour de cette idée, mais je la développe très rarement plus entièrement dans ma tête; exprès, je suppose, pour que je ne surpense pas l’image trop tôt – pour ne pas en épuiser les possibilités.
D’autres fois, je prends des dessins existants et commence à jouer avec eux jusqu’à ce qu’une idée concrète se développe en les scannant, les groupant avec d’autres figures, en les dégrossissant dans d’autres environnements ou éléments possibles.
D’autres fois encore, je griffonne une idée et la composition du tableau, dans mon carnet à croquis, fait ses premiers pas assez clairement dans mon esprit. Alors je ferai venir mon modèle ou mes modèles pour que je compose les dessins.
J’ai presque toujours le canevas mis au point avant le transfert sur la toile, afin de ne pas perdre la saveur originale du dessin, ou du moins en perdre le moins possible.
Et rarement, il m’arrive de commencer directement sur la toile avec le dessin ou la peinture et ça, c’est lorsque j’ai une envie pressante d’attaquer et de répandre un peu de peinture! ( rires)

Planetary DressLa culture asiatique est présente dans de nombreuses de vos toiles… Est-ce en rapport avec la proximité des îles hawaïennes? Êtes-vous un inconditionnel de cette culture?
Il me semble que j’ai toujours été davantage intéressé par les cultures et les peuples autres que celui que j’avais immédiatement autour de moi. Enfant, j’étais particulièrement attiré par les Indiens d’Amérique; attirance que je suppose, je peux expliquer en partie par les origines Cherokee de ma famille. Honnêtement, cependant, je pense que mes intérêts culturels ont été initialement stimulés en allant au cinéma avec la frénésie d’un gosse et en observant des films comme « A man called Horse», par exemple. Je me rappelle ainsi de manière vive les griffes de l’ours accrochées à la poitrine de Richard Harris au moment où il tourne selon le rituel au milieu de la tente tribale et que tous les membres de la tribu l’observent. Une cérémonie durant laquelle il devenait membre de la tribu, je crois…Ce film et d’autres, à un moment où les Indiens d’Amérique ont commencé à ne plus être seulement peints comme des ennemis, ont formé ma connexion avec d’autres mondes. J’étais toujours plus heureux de jouer les Indiens que les Cow-boys avec mes copains de l’époque. Je voulais l’arc et les flèches quand ils voulaient les pistolets.
Et puis Bruce Lee est apparu dans ma vie à l’âge de 10/11 ans. J’attribue beaucoup de ma passion pour dessiner les formes humaines à la découverte de Bruce Lee. Je dois avoir dessiné des milliers de dessins de lui, copiés de magazine en magazine. Quoi que ce soit qui passait entre mes mains en lien avec lui, je m’en saisissais! Cette obsession a induit mon intérêt pour les arts martiaux, en particulier le karaté d’Okinawa,qui a dirigé mon intérêt pour les films d’Akira Kurosawa, etc., etc..
Bien sûr, l’art japonais a eu une grande influence, en particulier sur la question de la composition, sur les impressionnistes et autres artistes de cette époque; des artistes qui ont eu un large impact sur mon travail, tels que Degas,Whistler, Bonnard.
Je pousse juste tout cela plus loin, dans différentes combinaisons et avec une mentalité contemporaine.

Vous jouez avec les perspectives, vous appliquez une sorte de miroir déformant, surprenez par des superpositions de dessins… Invitez-vous ainsi le lecteur à voir le monde autrement?
Eh bien, disons que je montre le monde à travers mes yeux, mon interprétation ou avec ma propre déformation personnelle. Autant visuellement que métaphysiquement. Mais, en même temps, aussi uniques que nous soyons tous dans nos individualités et dans notre propre façon de voir le monde, il y a beaucoup d’aspects de l’interprétation individuelle qui sont universels, qui sont partagés. Où est la séparation exacte entre les deux, qui le sait? Et on peut lier cela aussi à la première question que vous m’avez posée sur les univers antithétiques, non?

Planetary dress fait de la femme une étoile de plus? on distingue un halo….
Planetary dress, c’est mon amie Natalia. Je travaille avec elle depuis deux ans maintenant et c’est une beauté de femme à dessiner et à peindre.Très semblable au caméléon dans la façon dont elle se présente physiquement. Cheveux longs noirs jusqu’à la taille un jour et portant une perruque blonde courte le lendemain.

Certains de vos tableaux semblent coupés en deux ( His pacific grove, Rashomon…), couv bscnews septembre 2011pourquoi?`
Pendant un certain nombre d’années, j’ai tronqué le personnage qui avait souvent le corps qui surgissait à l’extérieur de la terre ou d’un bassin d’eau ou de quelque chose dans l’environnement qui me permettait de le faire, même si je le peignais juste lui-même. Mais dans le passé, j’ai commencé à reconnaître que la partie assez abstraite, ou du moins que le contexte viscéralement expressionniste, était en train de jouer un rôle bien plus grand dans le maquillage de mes toiles.
J’ai aimé ce qui arrivait et dans le désir de permettre à cet aspect de prendre plus d’importance, j’ai commencé à non seulement tronquer mes figures, mais à les fragmenter aussi. Les découper en pièces et les compenser, ou, dans quelques cas, en réarranger les parties. J’ai su que j’étais arrivé à quelque chose que j’avais toujours désiré atteindre- une chose qui a du être découverte et cultivée avec un effort sincère. J’ai dû admettre que cette technique devait prendre congé parce que la forcer dans mes toiles l’aurait fait percevoir comme un écueil.

Dans Mother and daughter, souhaitiez-vous représenter les conflits de génération? Pourquoi cette mère guerrière à gauche? et n’a-t-elle pas, étrangement, des airs masculins?
Cette toile concerne Mari Inukai ( qui est une animatrice et une artiste) et sa fille Sena qui est japonaise et vit ici à Los Angeles. Sena, quoique née au Japon, a vécu la majorité de sa vie ici aux EU. Bien qu’elle ait été au Japon pour visiter pendant deux périodes très courtes de temps, elle y allait toujours en compagnie de sa mère. L’été dernier, Sena a fait un long vol à travers le Pacifique, seule, pour rendre visite et rester avec sa Grand-mère et sa Tante pendant une période prolongée, tout l’été. Pour vivre, pas comme une Japonaise élevée en Amérique, mais comme une Japonaise sur le sol japonais. Non seulement, ce fut une grande affaire, l’aventure et le séjour pour cette intelligente et la plus belle de ses filles, mais encore ce fut un exercice de patience, de lâcher-prise, de courage et d’acceptation ( Sena grandissant) de la part de la mère, de Mari, le protecteur unique, le guide de vie, le meilleur ami et le champion de cette fille! Laisser sa fille sortir dans le monde seule pour la première fois.

Souhaitiez-vous faire de Chloe et Griffin des poupées parmi les jouets?
Cette peinture était une commande pour un de mes collectionneurs. Sa signification? Il n’y a aucune suggestion de récit ici, aucun symbolisme – c’est juste approprié. Simplement une peinture de deux enfants parmi leurs objets, en leur lieu de vie; leur maison.

Vous devez être souvent surpris de l’interprétation que le public fait de vos oeuvres: une anecdote à raconter en ce sens-là?
Les aspects narratifs de mon travail, ou comme que j’aime le nommer « la suggestion narrative, » sont presque toujours autobiographiques par nature. Questions personnelles, relations, gens qui jouent un rôle dans ma vie à un moment donné, tous figurent et imprègnent mon travail. Je ne prends pas vraiment en compte la manière dont le public va lire mes toiles , je ne pense même pas non plus que je devrais m’en préoccuper. Mon but, en ce qui concerne le public , si je peux dire que j’en ai vraiment un, c’est de créer une oeuvre qui initialement est «aboutie», mais dont, en fin de compte, le sujet, de concert avec la surface peinte, a assez de profondeur et de gravité pour solliciter une vision prolongée et répétée. Cela étant dit, je trouve aussi intéressant qu’utile d’entendre d’autres interprétations. Je parle de » suggestion narrative » parce que je ne voudrais jamais créer un travail qui soit trop littéral, où tout ait été expliqué clairement.J’aime l’ambiguïté et les récits elliptiques dans d’autres travaux artistiques, particulièrement en littérature et au cinéma.Quand les choses deviennent trop évidentes ou littérales, j’ai une tendance à perdre assez rapidement de l’intérêt pour elles. Peut-être que c’est mon côté créatif qui a besoin d’avoir l’occasion de remplir les cases vides ? Ou d’aller plus loin que ce que le littéral n’autorise? Quand on me demande mon interprétation d’un travail donné, cela ne m’ennuie pas toujours de la donner, c’est juste que je peux hésiter si je sens que mon explication peut devenir trop « pratique », en partie, parce que je ne veux pas ôter le mystère de la chose. Ce mystère est ce qui en fait son originalité, non? On peut analyser quelque chose jusqu’à la mort…jusqu’à ce que la beauté de la chose meure.

Quelques questions maintenant au dessinateur de nouvelles graphiques:

Qu’avez-vous choisi d’exposer à la galerie Maghen? Est-ce votre première «exhibition» en France?
Oui, c’est ma première exposition en France. La galerie s’est rapprochée de moi, il y a deux ans, pour monter une exposition qui comprenait principalement mes travaux passés d’illustrateur de « graphic novel ». Depuis quelques années maintenant, je n’ai pas fait de nouveau travail de ce genre, voulant mettre toute mon énergie et attention à la peinture.Aussi, je n’étais pas sûr, quand ils m’ont contacté, d’avoir même assez de mes originaux précédents pour un salon aussi grand que celui qu’ils imaginaient. Mais, après m’être mis la pression pour plonger profondément dans les tiroirs de mes fichiers, nous avons réussi à rassembler ensemble un assez grand nombre de travaux représentatifs, à divers degrés, de mes albums publiés. Ils ont persisté et nous voilà maintenant fin prêts pour l’exposition!

La trame narrative de The Fountain est assez complexe, se déroulant sur 500 ans, n’est-ce pas? Qu’est-ce qui vous a séduit dans ce scénario? Comment avez-vous choisi de l’adapter? Qu’avez-vous privilégié?
Quand la proposition est venue, je n’envisageais pas de travailler sur une autre histoire graphique que sur celle sur laquelle j’étais en train de travailler par intermittence depuis quelques temps.Je voulais achever ce projet, pour concentrer toute mon attention sur ma peinture. J’étais arrivé à un point où je commençais à penser que je m’éparpillais trop et je me rendais compte que le temps n’était pas, en fait, infini (rires.) Non seulement il était en train de filer, mais encore il me rendait prisonnier… si bien que, même si je devais, bien entendu, finir ce travail, j’ai eu besoin de commencer à être plus sélectif à propos de ce que j’entreprendrai ensuite.
Mais alors cette occasion de travailler avec Aronofsky est arrivée. J’ai lu le scénario et l’ai aimé. Je n’ai pas voulu laisser passer cette histoire ni la chance de travailler directement avec Darren. Et, en fait, il s’est avéré que ça a été une expérience très enrichissante. Il semble que mon interprétation de son scénario était conforme à sa vision. Cela étant dit, c’était important pour moi de garder le projet ouvert à mon interprétation. Je ne voulais pas être dirigé artistiquement par un responsable de projet ou un comité. Heureusement pour moi, le film en projet n’était pas en lien avec un studio à l’époque et ma relation avec Karen Berger (ll’éditrice du livre chez Vertigo) était déjà établie et bonne. Je ne pense pas que j’aurais pu traiter un aussi grand et long projet, si j’avais dû subir des critiques après chaque décision prise. Dans un sens, pour l’adaptation du scénario, je suis devenu le directeur, mais en même temps, c’était l’histoire de Darren et j’ai voulu qu’il soit heureux du résultat. Heureusement, nous étions a priori sur la même longueur d’ondes. C’était super de travailler avec lui.
Si vous avez lu la nouvelle graphique ou vu le film, vous savez déjà que c’est une histoire qui suggère davantage qu’elle ne dit. Le film est certainement très ouvert à l’interprétation – et c’est logique puisque c’est moi qui l’ai dessiné (rires). Je suis vraiment tombé amoureux du scénario. Il m’a profondément ému quand je l’ai lu. J’ai aimé entendre quelqu’un dire, un jour, en sortant du théâtre après avoir vu le film : « je ne sais pas ce que j’ai vu, mais j’ai pleuré deux fois. »

Dans Tell me dark, avez-vous rencontré des difficultés à adapter un texte où pensées et dialogues se mélangent pour former une atmosphère assez sombre et troublante?
Non. Je travaillais si étroitement avec Karl Wagner et ensuite John Rieber! Nous vivions dans la même ville et nous nous fréquentions, revoyant tout de long en large, aiguisant l’histoire et la partie artistique, jusqu’à ce que nous nous soyons sentis heureux du résultat. Nous avions le luxe de pouvoir faire ainsi. Certainement cela n’aurait pas été la même histoire si nous avions vécu dans des villes différentes.

Avez-vous eu de nouveaux projets « graphic novel » depuis The Fountain? Un projet en cours?

Oui, ce livre que j’avais du laisser de côté quand je me suis mis à travailler pour  » The fountain ».Il a pour titre « Kokoro » et j’y travaille, par intermittence, depuis des années! J’ai environ cinquante pages achevées sur cent. J’aimerais le finir un jour. C’est une histoire d’adoption à l’époque contemporaine et cela se déroule à Venise. Il y a un petit mythe japonais et une légende insérée à l’intérieur….

Le site de Kent Williams : ICI

Le site de la galerie Maghen: ICI

Il vous reste

0 article à lire

M'abonner à