Un recueil de nouvelles impertinent

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Par Horline – En partenariat avec les-agents-litteraires.fr

Des lèvres qui embrassent aux crocs qui déchirent, il n’y a souvent qu’un faux-pas, inattendu comme la force d’un réflexe ou d’un besoin irrépressible. Ainsi sont nées une vingtaine de nouvelles aux chutes soumises à la gravité et, parfois, àl’écrabouillement. Le destin ne serait-il qu’un Petit Poucet ricanant, rongé par ses névroses ? Pourtant, à l’occasion, l’amour s’invite, cheminant etbadin…

Entre la folie douce et l’implacable tragédie, ce recueil de nouvelles peut tout aussi bien se savourer avec délice qu’être dévoré à pleines dents. Il y a un rythme narratif magistralement orchestré qui saisit le lecteur, le bouscule puisqu’imperceptiblement on se laisse captiverpar des thèmes aussi sombres que l’inceste, la maltraitance, le meurtre, le sordide… C’est déroutant. Oui, c’est déroutant d’accepter une certaine banalité du mal qui émerge de petits riens.

Entre le meurtre du Père Noël, le conte du Petit Chaperon Rouge revisité ou la colère d’une jeune fille abusée qui mène à l’irréparable,Lunatik nous offre toute une galerie de personnages qui, confrontés à des évènements qui leur échappent, cèdent à leurs instincts immédiats, sans fausse pudeur, sans remord. C’est une projection de tous les vices sans artifice, servie par une sincérité dans l’écriture qui nous épargne le superflu trop souvent présent dans la littérature contemporaine : pas d’épanchements excessifs de sentiments ni d’intériorités envahissantes pour exprimer le désarroi.

Avec une plume trempée dans l’acide, la fantaisie de l’auteur est véritablement cynique, incisive, percutante. C’est sombre, inquiétant sans pour autant verser dans le macabre : il y a un jeu de subtilités qui assène l’essentiel et suggère ce qui apparaît en conséquenceeffroyablement dérisoire. Avec talent, l’auteur use de l’ambiguïté, fait basculer le récit de l’ignominie à la plus innocente des naïvetés pour que lelecteur puisse digérer l’inacceptable.

Ainsi, les récits oscillent entre tendresse cruelle et candeur imprévisible, ce sont de doux personnages qui basculent à un momentdonné dans la folie. Comme si de rien n’était. Il y a une apparente tranquillité jusqu’au moment où le couperet de cette folie, de cet aveuglement tombe, tranche net et aboutit à l’irrémédiable.

La mécanique est efficace.

Une grande liberté de ton qui pourrait paraître désinvolte, une réelle impertinence… Lunatik est un auteur à suivre. Une belle découverte !

Tous crocs dehors, de Lunatik, éditions Quadrature, 134 pages, 16 €.

> Le site de la maison d’édition Quadrature

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