Rouge majeur : l’histoire tragique de Nicolas de Staël

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Par Mélina Hoffmann – bscnews.fr / « Ma peinture se situe, comme ma vie, dans un espace étroit entre l’ordre et le chaos. Je fuis le stable, le simple, toujours trompeur. Il y a quelque chose de mort dans le parfait défini. L’art doit être recherche, aventure, instabilité. Une toile réussie est une toile qui bouscule l’esprit jusqu’au vertige. Sans vertige, pas de génie. Comment pourrais-je atteindre le hasard en m’entourant de certitudes ? Regardez, chez moi, tout est déchirure… J’aime le chaos ordonné. »

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Rouge Majeur est un roman inspiré d’une histoire réelle et tragique, celle du talentueux peintre de la France d’après-guerre, Nicolas de Staël.
L’histoire commence le 5 mars 1955 tandis que Nicolas de Staël assiste à un grand concert à Paris. Complètement bouleversé par la musique d’Anton Webern, le peintre décide d’exprimer en peinture ses émotions à travers ce qui sera l’oeuvre de sa vie, une immense toile qu’il nommera «Le Concert», et dans laquelle il souhaite célébrer nos sens, peindre son impression musicale, son ressenti. « Je veux que l’oeil entende. » Un projet audacieux par lequel le peintre compte marquer une véritable rupture.
Mais l’histoire se termine prématurément dix jours plus tard lorsque le jeune peintre au sommet de sa gloire se suicide, laissant sa dernière oeuvre inachevée. Denis Labayle a voulu imaginer ces dix derniers jours de la vie de l’artiste, et c’est là que les faits réels cèdent la place au roman.
Jack Tiberton est pigiste depuis six ans pour la rubrique culturelle du Washington Tribune lorsqu’on lui propose enfin sa première vraie mission : une enquête à mener en France sur le célèbre peintre Nicolas de Staël. Une proposition qui ne se refuse pas pour ce journaliste ambitieux.
De la rencontre entre les deux hommes va naître une relation privilégiée. Le peintre propose à Jack d’être présent tout au long de la réalisation de son oeuvre, d’être son ange gardien en quelque sorte. Une expérience bouleversante et enrichissante pour le jeune journaliste qui découvre la sensibilité exacerbée de l’artiste, sa solitude extrême, ses angoisses, son désespoir, ou encore sa quête obsessionnelle de l’absolu.
« À mesure qu’il progresse, l’espace se modifie, la toile prend une force de plus en plus incandescente. Et moi, discret, j’assiste en première loge à l’alchimie de l’art. Pour la première fois, j’ai l’impression d’entrer, par effraction, au coeur du mystère de la création. »
Rouge majeur est un véritable coup de coeur. La plume délicate et poétique de Denis Labayle nous emmène au coeur même de la création artistique sous tous ses aspects et de la solitude de l’artiste, là où naissent les élans et les doutes, les émotions les plus intenses et les plus ravageuses. « À l’origine de toute oeuvre majeure, il y a un grand bonheur et, en même temps, une grande douleur. Un mélange des extrêmes, une jouissance meurtrière. »
À travers ces dix jours fictifs, mais possibles de la vie de Nicolas de Staël, l’auteur nous livre un roman passionnant, dans l’ambiance du Paris d’après-guerre qui renaît de son agonie malgré les traumatismes encore présents dans les mémoires.
Une très belle découverte.

Rouge majeur
Denis Labayle
Éditions dialogues.fr

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