Christophe Prochasson (Photo © Frédéric Presles - Flammarion)

Christophe Prochasson: « Les socialistes consomment des symboles » »

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Propos recueillis par Nicolas Vidal – Christophe Prochasson publiait il y a quelques mois « La Gauche est-elle Morale ?» ( éditions Flammarion). À cette époque, DSK n’était pas encore inquiété à New York pour une affaire de moeurs. Mais la Gauche préparait déjà la campagne de 2012 tout en tentant de réhabiliter une idéologie socialiste et trouver enfin des idées de campagne. Christophe Prochasson nous propose un livre passionnant sur le rapport de moralité qu’entretient la gauche avec les idées qu’elle défend et envers son électorat.

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Christophe Prochasson publie un essai pertinent, sans concession et met en perspective l’histoire du socialisme depuis le début du XXème siècle. Un livre brillant et incontournable à lire à quelques semaines des primaires socialistes et de la Présidentielle de 2012 qui permet de comprendre les véritables enjeux et les défis qui attendent les socialistes dans ces prochaines années.

Vous êtes directeur d’Etudes à l’EHESS et spécialiste d’histoire intellectuelle. En quoi consiste l’histoire intellectuelle en quelques mots?
On peut évidemment entendre de plusieurs façons cette façon de faire de l’histoire. Pour ma part, j’ai recours à ce terme pour me démarquer d’une histoire des idées désincarnées qui se satisfait de la présentation des doctrines sous l’aspect d’une succession d’auteurs sans lien établi entre les uns et les autres et surtout dans l’indifférence de ce qui se passe autour. L’histoire intellectuelle tente de percer l’énigme de la formation des idées, interprète les textes dans un contexte socio-culturel, est attentive enfin à leurs réceptions et à leurs usages.

Diriez-vous que la gauche française actuelle utilise l’indignation et l’émotion comme une partie de son fond de commerce ?
La gauche française est partagée entre une tentation réaliste qui ramène tous les choix politiques à des options techniques, en particulier de nature économique, et une tentation moraliste, fondée sur l’empathie, qui fait une grosse consommation d’indignation. Le succès du livre de Stéphane Hessel, Indignez-vous, est évidemment une très bonne illustration de cette seconde tentation. Les deux tentations sont, à mes yeux, des tentations du diable, car elles partagent la même impuissance à transformer nos sociétés à bout de souffle. Le réalisme économique, en tant qu’il s’aligne sur le pur existant (ou à peu près), comme l’indignation, en ce qu’elle n’agit …

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