Valérie Gans a de l’esprit, du style, le sens des dialogues, des fausses pistes, de l’effet « bombe à retardement » : un scénario assuré ! Toxique, of course !

Les toxiques de Valérie Gans, le thriller qu’il faut lire cet été

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Partagez l'article !Par Emmanuelle De Boysson – bscnews.fr / « Les Toxiques », de Valérie Gans, (éd. Marabout) est « Le » thriller qu’il faut lire cet été. Suzanne Simpson, jeune inconnue, remet à Philip, rédacteur en chef du journal «Investigation, Today », les photos d’un cadavre énuclée, (les yeux enlevés avec une cuillère à […]

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Par Emmanuelle De Boysson – bscnews.fr / « Les Toxiques », de Valérie Gans, (éd. Marabout) est « Le » thriller qu’il faut lire cet été. Suzanne Simpson, jeune inconnue, remet à Philip, rédacteur en chef du journal «Investigation, Today », les photos d’un cadavre énuclée, (les yeux enlevés avec une cuillère à melon). Elle affirme que le chirurgien esthétique de renom trouvé mort est son amant. Philip sent le scoop, enquête. A ses côtés, Mélanie, son bras droit, veut en savoir plus et se lie d’amitié avec Suzanne. Le rédac chef débarque à Martha’s Vineyard. Valérie Gans nous embarque dans une intrigue haute tension en compagnie de personnages attachants par leur faiblesse, leur humanité. Saupoudré d’humour, ce thriller vous prend aux tripes. On y croit, on a peur, on est avec les protagonistes, en haleine jusqu’à un dénouement des plus originaux, des plus inattendus. Valérie Gans a de l’esprit, du style, le sens des dialogues, des fausses pistes, de l’effet « bombe à retardement » : un scénario assuré ! Toxique, of course !

Après des études de finance et dix ans dans la publicité, vous avez vécu au Moyen-Orient, comment êtes-vous venue à l’écriture ? Parlez-nous de vous, de votre enfance, de vos passions ?
J’ai toujours adoré les mots. J’aime jouer avec, j’aime leur sonorité, leur musique, ce qu’ils évoquent ou n’évoquent pas, leur couleur, leur odeur aussi… il y a beaucoup plus dans un mot que le sens que lui donne le dictionnaire ! Et puis je ne peux pas m’empêcher de raconter des histoires…

Vous avez publié des livres dans des genres très différents – des romans sur le couple, des comédies, des sujets plus polémiques : l’événementiel caritatif, la gestation pour autrui, qu’est-ce qui guide vos choix ? Quel est le fil conducteur de vos livres ?

Ce qui guide mes choix : l’air du temps, les envies qu’il suscite, les curiosités, les rencontres, les questions. Des éléments exogènes, la plupart du temps. Je suis d’une nature insatiable et curieuse, j’écoute, j’observe, je me nourris de la vie. Avec une préoccupation récurrente, une obsession, même : la transmission. Je crois à la verticalité de la vie. Les schémas se répètent, on transmet à ses enfants ce que nous a apporté notre propre histoire, c’est inéluctable. A cet égard, L’Enfant des nuages, qui parle des mères porteuses, soulève un bon nombre de questions…

Comment avez-vous eu l’idée des Toxiques ? Connaissez-vous New York ?
Les Toxiques est mon premier thriller. C’était avant tout un challenge, parvenir à monter une intrigue et à la maintenir sur le fil du rasoir (en l’occurrence, du bistouri) de bout en bout. C’est un genre tendu, où la psychologie des personnages est aussi importante que l’histoire elle-même. Elle permet de comprendre les ressorts de l’intrigue, et puis il faut que les personnages soient vraiment humains, avec des faiblesses, un passé qui a laissé des traces, des failles, pour que la peur soit incarnée, tant du côté des bourreaux que de celui des victimes. J’ai lu beaucoup de polars avant d’oser me jeter à l’eau. Et j’ai pris un immense plaisir à écrire celui-ci.

Comment avez-vous bâti cette intrigue? Avez-vous fait un plan ? Défini la psychologie des personnages ?

Je l’ai construit à l’envers. J’avais besoin de savoir où j’allais pour déterminer comment. Je connaissais la fin, je connaissais l’assassin et je connaissais son mode opératoire… restait à attirer les victimes dans ses filets. Et à distiller quelques indices pour faire naître la peur. Et quelques fausses pistes aussi. C’est beaucoup plus terrifiant de savoir qu’il va se passer quelque chose, sans savoir quoi exactement et sans savoir quand. C’est la leçon d’Hitchcock, maître absolu du suspens : il y a une bombe sous la table, on sait qu’elle va exploser mais on ne sait pas quand… et les deux protagonistes l’ignorent, qui continuent de déjeuner comme si de rien n’était !

Avez-vous fait des recherches sur la décomposition des cadavres, entre autres ? D’où est venue l’idée de « l’homme énuclée » ? (les yeux enlevés avec une cuillère à melon ? )
Ah oui ! J’ai consulté pas mal d’ouvrages traitant de la décomposition des cadavres, et notamment « La Ferme des corps ». Bill Bass, un chercheur américain, raconte comment, pour aider la police à dater les cadavres (élément essentiel des enquêtes pour ne pas dire le plus important), il a étudié au jour le jour leur décomposition en milieu naturel dans une propriété consacrée à cet effet. Certains dans l’eau, certains au soleil, certains sous des feuilles…
Quant à l’homme énucléé avec une cuillère à melon, l’idée m’est venue un jour tout simplement… en faisant une salade de fruits ! « Les Toxiques », de Valérie Gans, (éd. Marabout) est « Le » thriller qu’il faut lire cet étéVous avez écrit et coécrit deux pièces de théâtre, ont-elles été jouées ? Avez-vous déjà fait des scénarios. Les Toxiques en est un : est-il en cours d’adaptation ? Quels sont les secrets, les techniques d’un bon scénario ? Est-ce un plus d’écrire à deux ? N’est-on pas déçu quand la production reprend à sa manière le scénario initial ?
J’espère que nous réaliserons un film avec Les Toxiques ! Et, moi qui n’en ai pas encore fait, je serais très heureuse de contribuer à l’écriture du scénario. Pour apprendre, encore et toujours. Et oui, l’écriture à deux est enrichissante, dans la mesure où l’autre vous oppose son point de vue, ce qui élargit de manière considérable le champ de la réflexion.

Critique littéraire à Madame Figaro, quels sont les critères qui comptent pour chroniquer un livre ? Combien en lisez-vous par semaine ? Qu’est-ce qui vous retient ? Comment concevez-vous le métier de critique littéraire ?

Ouh, j’en lis beaucoup ! Peut-être sept par semaine, parfois plus… Me retiennent le sujet, le rythme, la musique des mots, le recul et l’humour. Et je n’ai rien contre un brin de cynisme ou de causticité, du moment qu’ils ne sont pas ricanants. J’aime à la fois découvrir des auteurs et retrouver ceux qui me sont chers.

Que pensez-vous de la critique littéraire aujourd’hui ?

Je préfère le côté littéraire au côté critique !

Quels sont vos auteurs préférés – morts ou vivants ?
Shakespeare, Giono, Georges Fourest, Raymond Queneau, Roland Barthes… et Paul Auster, Philip Roth, Modiano…

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