La littérature de la notoriété fait recette

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Par Nicolas Vidal – bscnews.fr / « Lorsqu’il est question de culture, on parle de livres, pas de littérature ; d’événements, pas de textes ». Cette phrase tirée de l’entretien de Pierre Jourde que vous allez lire dans nos pages est effrayante parce qu’elle décrit une situation bien réelle qui ne cesse de s’amplifier. Elle est également rassurante parce qu’elle apporte ce réconfort de savoir que nous ne sommes pas seuls à résister à un certain panurgisme littéraire. J’étais présent au Salon du Livre, empreint d’une certaine excitation car j’y trouve chaque année une quantité non négligeable de talents chez les petits et les moyens éditeurs.

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J’aime me confronter à une production éditoriale variée, riche, vivante mais invisible. Celle dont on parle peu, celle dont on dénigre l’enthousiasme de sa création, celle dont on se moque et à laquelle on n’accorde aucune place. Alors que je me baladais vers ces ailleurs littéraires, je dus enjamber à de nombreuses reprises des grappes de gens affalées contre les stands de gros éditeurs. Je m’interrogeais sur cette curieuse façon de profiter du Salon du Livre. Mais je compris. Ces gens assis par terre attendaient depuis plusieurs heures (attitude qu’ils jugeraient probablement humiliante dans d’autres circonstances) leur star, leur idole, leur divinité qui viendraient signer sur le pouce quelques centaines de livres. Sur leurs visages clignotait cette expression si juvénile de l’excitation mêlée à une certaine fierté d’être à quelques instants d’un moment inoubliable. Cette façon de témoigner de l’intérêt pour un écrivain quel qu’il soit me paraît dangereuse. Est-ce pour une admiration littéraire et une fluidité stylistique ou pour une sorte d’adulation générée par la notoriété que l’on accepte ainsi de se comporter ? Je suis atterré de penser que c’est pour une littérature de la notoriété, que les gens préfèrent s’oublier quelques heures pour ne devenir que des fans, poussés par l’idée molle d’approcher quelqu’un de connu.
Et je suis intimement persuadé qu’il ne peut y avoir de fan en littérature car celle-ci, et je rejoins ici précisément Pierre Jourde, n’est pas un star system, ni un plateau de télévision et encore moins une téléréalité. La littérature incarne un dessein bien plus noble et plus épanouissant de «nous donner accès à l’autre» ( Pierre Jourde). La littérature repose sur l’humanisme et non pas sur l’adulation, bien souvent terreau fertile de la bouillie culturelle.

Malheureusement la littérature de la notoriété fait toujours recette. C’est pour cela que nous continuons dans le BSC NEWS à parler d’autre chose.

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