manabe shima

Carnet de bord d’un nippophile

Partagez l'article !

Partagez l'article !Interview de Florent Chavouet- Propos recueillis par Julie Cadilhac – PUTSCH.MEDIA / Bonjour Florent, je suis d’abord allée faire un tour sur votre blog et ai apprécié l’humour décalé qui y règne: entretenez-vous des liens particuliers avec vos lecteurs par l’intermédiaire de ce blog? Ce blog est né un peu à l’improviste. A […]

propos recueillis par

Partagez l'article !

Interview de Florent Chavouet- Propos recueillis par Julie CadilhacPUTSCH.MEDIA /
Bonjour Florent, je suis d’abord allée faire un tour sur votre blog et ai apprécié l’humour décalé qui y règne: entretenez-vous des liens particuliers avec vos lecteurs par l’intermédiaire de ce blog? Ce blog est né un peu à l’improviste. A la sortie de mon premier livre « Tokyo Sanpo », je me suis dit que ce serait un moyen simple et amusant d’en faire la promo. Et puis avoir un blog est devenu presque une obligation maintenant pour la plupart des dessinateurs, surtout s’ils débutent. Enfin, c’est devenu pour moi un exercice, comme un devoir à rendre toutes les semaines. Cela impose une certaine hygiène de travail ( chose qu’il est facile de perdre dans ce métier ). C’est comme ça qu’est née la série des Sushis. Pour les lecteurs, il y a ceux qui m’ont connu d’abord par cet intermédiaire et enfin ceux, plus nombreux, qui ont découvert mes livres en premier.
A priori on peut vous enregistrer dans la catégorie « nippophile »…d’où est née votre attachement à cette culture? Je ne sais pas. C’est l’éternelle question sans vraie réponse. Je crois que ma curiosité pour le Japon remonte à ma période Lycée, et à mes cours de géographie. Ensuite différentes raisons ( cinéma, gastronomie, manga, paysage… ) m’ont confirmé dans cette passion. Peut-être qu’un jour je me lasserai du Japon, je ne sais pas. Mais est-ce bien grave? Aimez-vous le Japon en comparaison de la France et des défauts que vous lui attribuez peut-être? Pas uniquement, mais il y a un peu de ce raisonnement c’est vrai. La comparaison est inévitable, mais il ne faut s’arrêter à ça. J’aime le civisme, le sens commun, la politesse, le décalage, la fierté et la bonhomie des japonais. La France a probablement un peu perdu de ces mêmes qualités mais se rattrape sur d’autres. Sur la balance des défauts et des qualités, les deux pays se valent, mais pas avec les mêmes produits. Plutôt geisha et sushis ou mangas et shybuettes? Plutôt Shochu ( alcool japonais ) et Mamasan ( nom qu’on donne souvent aux tenancières des boui boui de quartier )
Votre premier ouvrage, Tokyo Sanpo, est une sorte de promenade amusée dans Tokyo? Oui, cela raconte mes 6 mois d’errance volontaire dans la capitale japonaise, pendant que ma compagne travaillait et que je n’avais rien d’autre à faire que dessiner. Le livre est organisé en chapitres qui correspondent à différents quartiers de la ville, présentés par des cartes assez détaillées.
Manabé Shima, c’est un récit autobiographique? Oui, comme pour Tokyo Sanpo, j’y raconte un autre de mes séjours au Japon: cette fois-ci j’ai passé deux mois de l’été 2009 sur une petite ïle de la mer Intérieure, Florent Chavouetde 300 habitants. Je voulais justement vivre l’opposé de mon premier livre. D’où le milieu rural, clos et anonyme. Tout ce qui y est relaté, est vrai, même pas exagéré.
Votre style pictural s’adapte parfaitement aux images visuelles que l’on a du Japon, est-ce naturel ou esthétique? Je ne trouve pas mon style très « manga ». C’est une façon de dessiner que j’ai acquise sur place, lorsqu’il fallait croquer dans la rue, in situ. Les crayons de couleurs se sont imposés comme une méthode pratique, économique et « tout-terrain » pour ce que je souhaitais faire. Ensuite, si mes dessins sont colorés, c’est parce que le Japon est coloré.
Accepteriez-vous que l’on définisse votre style de décalé? Je l’accepte! Même si je ne comprends pas bien. Disons en tout cas que mes perspectives sont décalées ( on m’en parle souvent ) et que le genre-même de mes deux livres n’entre pas dans les catégories usuelles des publications. Ce sont à la fois des carnets de voyages, des BD, des guides, des reportages…On a du mal à les caler dans un rayon. Ils sont donc décalés oui. D’autres auteurs, avant vous, vous ont -ils inspiré ce type de journal de bord d’un voyage? Je sais bien que je suis loin d’être le premier à défricher ce terrain, mais j’évite de trop me renseigner sur le sujet, de peur d’être influencé. Je ne vais donc pas pouvoir vous citer de références, bien que j’apprécie certains auteurs mais dont la démarche ne se rapproche pas de la mienne.
Le dépaysement , est-ce une drogue dont vous ne pouvez plus vous passer? Oui mais il y a dépaysement et dépaysement. Si j’aime le Japon, c’est surtout parce qu’il ne ressemble pas à l’Occident. Certes on y trouve des autoroutes, de l’électricité, de l’eau courante, des marques internationales, de la publicité… mais ce n’est qu’un décor, réinterprété qui plus est. Mais c’est surtout dans le décalage des codes, des us et coutumes, du rythme de vie que passent la surprise et la découverte. J’ai coutume de dire de dire que le Japon propose un dépaysement doux. Moins total que si l’on décide de traverser l’Amazonie, mais peut-être plus subtil, plus ambigu aussi.

Quel souvenir en particulier avez-vous ramené de ce séjour à Manabé? Quel personnage vous a vraiment marqué?

Mon souvenir c’est mon livre. J’ai réellement essayé d’y mettre la totalité de ce que j’ai vécu sur place. En vain bien sûr. Pour les personnages, c’est la même chose, je ne saurais pas choisir. Tous m’ont marqué pour différentes raisons. Mais il est vrai que la famille de l’hôtel tient une place particulière. Les parents m’ont présenté au village, expliqué beaucoup de choses et puis, tout simplement, ont ouvert l’hôtel pour moi!

Florent Chavouet - JaponQuand est prévu un prochain voyage? Quels nouveaux projets? Quand, où, pourquoi, comment, je n’en sais rien. Je suis retourné au Japon l’été dernier, mais sans but éditorial ou artistique. Depuis mon retour je suis très occupé ( et mal organisé aussi c’est vrai ). Je n’ai pas sérieusement réfléchi encore à mes futurs projets. J’aimerais peut-être essayer de faire une fiction pour une fois. Essayer, j’ai bien dit. Pour la nouvelle année donc, que souhaiter? que la campagne politique Manabé Shima soit largement diffusée? Oui! J’aimerais qu’on connaisse un peu plus ce petit bout de terre. Que certains vagabonds hésitants au Japon fassent un petit détour par Manabe. Il n’y aura jamais de cars entiers de touristes, donc je ne crains pas de le dire. Et puis d’une façon plus large, et plus naïve peut-être, j’aimerais installer un peu plus l’idée que le Japon n’est pas une ville, que c’est un pays magnifique et que je n’ai dessiné qu’une ïle parmi les 4000 habitées et qu’on peut donc imaginer autant de livres possibles. Et puis on peut aussi me souhaiter que le gouvernement japonais m’en offre une. Merci.

Il vous reste

0 article à lire

M'abonner à