Roger Jon Ellory : l’interview qui dévoile  » Les anonymes »

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Par Alexandre Cerri / En partenariat avec Times Square.fr – Voici un an que j’ai découvert Roger Jon Ellory alias R.J Ellory et que je suis devenu fan absolu. Après avoir dévoré Seul le silence (première publication traduite mais cinquième livre) puis Vendetta (deuxième publication traduite mais troisième livre), voilà que sa troisième publication frenchie (sixième roman) a.k.a Les Anonymes est disponible depuis le 7 octobre dernier à la vente. Un polar redoutable doublé d’une plongée passionnante dans les arcanes du pouvoir et de la politique avec tout ce que cela implique en termes de secrets d’état. A l’occasion de cet évènement littéraire, R.J Ellory a eu la gentillesse de répondre à mes questions. Entretien avec un homme d’une gentillesse impressionnante, un passif intriguant, un amour total pour le cinéma, la musique et surtout une plume saisissante dévoilant tout le potentiel d’un homme qui aime développer la petite histoire dans la grande en réinventant un univers à part…

Dans son roman Les Anonymes (A simple act of violence in english), R.J Ellory fait fort. Washington. Quatre meurtres. Quatre mode opératoires semblables. Tout laisse à penser qu’un serial killer est à l’œuvre. Enquête presque classique pour l’inspecteur Miller. Jusqu’au moment où celui-ci découvre qu’une des victimes vivait sous une fausse identité, fabriquée de toutes pièces. Qui était-elle réellement ? Ce qui semblait être une banale enquête de police prend alors une ampleur toute différente, et va conduire Miller jusqu’aux secrets les mieux gardés du gouvernement américain…
Entretien avec celui que l’on peut targuer d’être l’un des plus grands romanciers actuels.
– Après « Vendetta » c’est la seconde fois que vous décidez de prendre le lecteur par la main pour explorer une autre facette que le simple polar. Dans « Vendetta » vous revisitiez l’Histoire des Etats-Unis par le biais de la Mafia et au travers du regard d’un gangster vieillissant. A présent, avec « Les Anonymes », vous nous plongez dans l’univers complexe de la politique qui vient titiller les secrets d’un pays. Pourquoi ce désir si particulier de s’égarer du thriller basique pour approcher un autre angle plus travaillé et complexe ?
En fait, c’est assez simple. Lorsque j’ai terminé « Vendetta » en 2004, j’ai décidé qu’il serait bon que j’écrive un roman à propos du crime organisé encore plus complexe puisque l’on toucherait aux services secrets et affaires externes. Vous savez, je porte un grand intérêt à la culture et à la politique américaine. Je me suis aperçu qu’avec les actions entreprises à l’étranger par l’administration Bush, le monde avait entièrement braqué son regard sur la politique étrangère des Etats-Unis et leur implication dans les affaires d’autrui. C’est sidérant cet impact. Ce qui m’a surtout passionné c’est comment une si jeune nation avait pu créer un effet si conséquent à travers le monde et j’ai donc choisi d’écrire un roman sur l’idée de « comment les USA ont influé sur les affaires internationales ».
Pour moi, l’emploi d’une structure de roman similaire à celle de « Vendetta », est un excellent moyen de raconter bien plus qu’une histoire. C’est bien plus prenant et j’y ai beaucoup recours.

– Vous êtes très attaché à la langue française et aux traductions. Le titre original du roman est « A Simple Act of Violence » devenu en français « Les Anonymes ». Quel titre semble pour vous le plus adequat ?
Mmm je pense que les deux titres conviennent parfaitement au roman. J’aime les titres français et encore plus le design de vos couvertures. « A simple act of violence » a toujours été le titre que j’ai choisi pour ce livre et les dernières lignes des derniers chapitres s’en rapprochent beaucoup. Quoiqu’il en soit, « Les Anonymes » en dit aussi énormément à propos du fait qu’il s’agit principalement d’un livre à propos de gens capables de faire des choses terribles et qui n’ont jamais à avoir à être confrontés à la justice pour ce qu’ils ont fait. Ils demeurent invisibles, dépourvus d’identité et c’est assurément là, le plus terrible des aspects.

– Beaucoup de livres et de films ont déjà traité ce genre d’histoire. Quel a été l’évènement principal qui vous a poussé à opté pour ce roman précis : Un film ? Un élément perturbateur ?
A vrai dire j’ai été très influencé par Woodward et Bernstein, « Les Hommes du président » et « A cause d’un assassinat » deux films de Alan J Pakula, le scandale du Watergate et toute l’enquête autour… par « Les Trois Jours du Condor » également ou bien encore « Salvador » d’Oliver Stone. Je porte un vif intérêt au journalisme ainsi qu’aux complots politiques surtout lorsque le journalisme d’investigation dévoile au grand jour des histoires vraies et longtemps cachées. Cela me fascine.

– Dans vos deux précédents livres, il y a ce leitmotiv des souvenirs d’enfance. Je pense à une approche « Stand By Me » notamment pour « Seul le silence ». D’où vous vient ce besoin de toujours remonter à l’enfance et d’en consacrer un important focus pour la narration ?
Dès lors où la nécessité de narrer une histoire à partir d’un point de vue enfantin devient une obligation, il y a comme une profonde sagesse dans l’innocence. Sans les idées préconçues des adultes, un enfant peut généralement regarder une chose ou une personne et voir réellement de quoi il en retourne… la vraie nature des choses. C’est très intéressant pour moi d’un point de vue narration dans le sens où ça me donne l’opportunité de parler de quelque chose de très inusuel et nouveau alors que d’un point de vue adulte, cela aurait été balisé et pris pour argent comptant.

– Autre point commun entre vos ouvrages : le sentiment de culpabilité pour le héros à la recherche d’une rédemption. Il y a toujours ce désir de reconsidérer ses erreurs et aller de l’avant (du moins essayer). Peut-on y voir une certaine peur chez vous, une angoisse liée à l’avenir ou au passé ?
Vous savez, j’ai toujours été plus passionné par la psychologie des êtres humains que tout autre chose. Les émotions, attitudes, points de vue, d’où les gens viennent, les conséquences de leurs actions. C’est profondément intéressant. Les émotions encore plus. Je suis convaincu que le « crime » n’est pas seulement capable d’être un sujet social puissant… c’est aussi (dès lors où vous placez quelqu’un dans une difficulté ou une situation inédite) le baromètre idéal pour jauger les émotions et le caractère des gens. Mes idées principales viennent de la vie de tous les jours, de mes conversations avec les gens, de mes rencontres… Tout résulte d’une écoute permanente de leurs idées, pensées sur tel ou tel sujet.

L’idée de « culpabilité » dont j’accapare mes héros, qui finissent toujours pas regarder en arrière pour reconsidérer leurs actes et leurs conséquences, tient surtout de notre nature. Nous faisons tous cela au jour le jour, parfois même sans s’en apercevoir et je trouve qu’il s’agit là d’un super moyen pour raconter une histoire combinant parfaitement les points de vue psychologiques et émotionnels.
– Vous êtes anglais mais vos trois ouvrages parus se déroulent dans différentes villes des Etats-Unis : Georgie et New-York pour « Seul le silence », Nouvelle-Orléans pour « Vendetta » et Washington pour « Les Anonymes ». Chacune semble évoquer une part d’humanité : La Georgie apparaît comme une ville fantôme, New-York une folie froide, Nouvelle-Orléans un lieu de blessures enfouies. Pourquoi cette volonté de changement ? Vous aimez jouer avec les unités de lieux ?
Je pense que j’ai grandi entouré de culture Américaine. Petit je regardais Starsky et Hutch, Hawaii Police d’Etat, Kojak, ce genre de choses. J’aimais l’atmosphère, la diversité culturelle, le fait que chaque état est différent des autres… et il y en a 50 ! Les politiciens aussi m’ont longtemps fasciné. Les Etats-Unis sont un nouveau pays comparé à l’Angleterre et pourtant je trouve qu’il y a tellement plus de couleurs et de vies dans cette nouvelle société… J’ai visité le pays de nombreuses fois et honnêtement c’est comme si je visitais ma seconde maison. Je crois qu’en tant que non-américain, il y a beaucoup d’éléments de la culture Américaine que je peux vraiment observer en tant que spectateur.

La difficulté d’écrire par rapport à un secteur dont vous êtes très familier renvoie un peu à stopper de relever certaines choses. Vous prenez les choses comme elles viennent… comme acquises. Le fait de s’intéresser cesse de devenir intéressant. Tandis que si vous êtes un outsider, vous ne perdez jamais ce point de vue de voir les choses comme pour la première fois et pour moi c’est quelque chose de fondamental. Il y a aussi beaucoup d’écrivains à qui l’on demande d’écrire à propos de choses avec lesquelles ils sont familiers.Je ne pense pas que ça soit mauvais mais ça reste très limité. Je crois que vous devez aussi écrire à propos des choses qui vous fascinent.

Dans ce sens, vous aurez la chance de laisser votre passion et votre enthousiasme influencer votre prose et votre style. Je pense également que vous devez vous challenger à chaque nouvel ouvrage… traiter de sujets variés. Ne vous laissez pas tomber dans la routine de la même formule. Quelqu’un m’a dit un jour qu’il existait deux types de romans. Il y a ceux que vous lisez simplement pour le mystère proposé afin de comprendre la mécanique et la résoudre. Et il y a ceux que vous lisez pour le langage, la manière dont l’auteur utilise les mots, l’atmosphère ambiante et la description. Les vrais grands livres sont ceux qui combinent les deux. Je pense que chaque écrivain veut produire un grand roman, je ne pense pas qu’il en existe qui aiment écrire en tant que « profession » et « besoin financier ».

Personnellement, j’aime juste écrire et même si le sujet dont je veux traiter m’emmène jusqu’aux Etats-Unis la plupart du temps, rien n’est jamais aussi important pour moi que d’écrire quelque chose qui peut transporter le lecteur émotionnellement… parfois même modifier son point de vue sur la vie et en même temps essayer d’écrire du mieux que je puisse. Je veux aussi écrire à propos de sujets forts, qu’ils traitent de politique, complots, serial killers, société, ségrégations raciales, assassinats politiques ou bien encore d’enquêtes du FBI ou de la CIA. Tout ceci ne peut fonctionner qu’aux Etats-Unis.
Tous ces romans que j’aime et veux écrire ne fonctionneraient pas dans des petits villages verts entourés de verdure où vivent des Hobbits !


– A l’instar du réalisateur Kevin Smith pour ses films, vous semblez aimer jouer avec les codes « pop culture » à d’autres niveaux pour agrémenter vos récits qu’il s’agisse de style comme de références : musique, cinéma… Pensez-vous qu’il s’agit du meilleur moyen pour conquérir le lecteur/spectateur selon le célèbre process comme quoi l’art imite la vie qui imite l’art ?

Tout à fait… définitivement. Je suis un passionné de littérature, de musique, de films. Ma maison est toujours bercée par de la musique. J’écris beaucoup de chansons et je joue de nouveau dans un groupe. Je regarde également un nombre incalculable de films et je lis le plus de bouquins possibles selon le temps dont je dispose. La passion pour toutes ces choses créatives est quelque chose que je partage avec ceux qui aiment mes livres. Je reçois tout le temps des e-mails de gens qui me recommandent d’autres écrivains, de la super musique, des films géniaux… c’est fabuleux ! Voilà l’un des plus beaux cadeaux d’internet : le fait que la plupart de ce qui était difficilement réalisable auparavant devient à présent facile.

– Vous avez un style bien à vous d’écriture. Lorsque l’on vous lis, c’est comme si nous visionnions un film : les descriptions, les personnages, la manière dont vous décrivez les scènes… c’est presque un scénario ! Comment fonctionnez-vous exactement ? Vous pensez à à un film, un acteur en particulier ? Une envie cachée d’être scénariste ?
Non je ne pense à personne en particulier lorsque j’écris. C’est très important de laisser le lecteur créer son propre univers, ses propres personnages, de les imaginer physiquement, parfois même imaginer un passif et un look. Après oui, je fonctionne de manière très visuelle et émotionnelle. Si je suis en train d’écrire une scène où quelqu’un est censé être en colère et que je ressens cette même colère, alors je sais que c’est mission réussie. Les lecteurs seront également capables de la ressentir. On en revient encore aux émotions dont je parlais précédemment. C’est tellement important pour moi que les lecteurs ressentent ce que vivent les personnages du roman… ce qu’ils pensent, ce dont ils se souviennent pour qu’une fois le livre terminé, chacun prolonge cette histoire dans le temps. Il faut imprégner le mental des lecteurs.

C’est là toute la différence qui se fera entre un bon roman et un roman lambda. Un peu comme les bons films qui trottent dans la tête longtemps après la projection. J’ai déjà écrit un scénario. J’ai été mandaté pour écrire le scénario de Seul le silence pour Olivier Dahan et je l’ai fait. Sinon, on m’a seulement demandé d’écrire le scénario de mon tout premier roman Candlemoth pour le cinéma, c’est tout.

– On en a déjà discuté auparavant mais je pense à ce style très proche de la narration d’un Clint Eastwood à la lecture de « Seul le silence » ou bien encore à des influences comme Scorsese ou Bryan Singer pour « Vendetta »… quels sont les réalisateurs dont vous vous sentez proches quand vous écrivez étant donné ce style très « cinéphile » ? « Les Anonymes » nous renverrait aux »Hommes du Président » et Alan J.Pakula ?

C’est dingue ! C’est justement ça ! On m’a demandé il y a un moment, notamment chez vos amis de Cinemateaser, à qui je penserai pour adapter mes romans au cinéma. Pour « Vendetta » je disais Coppola ou Scorsese. Je vois ce que vous insinuez avec Bryan Singer pour la mécanique de narration à la « Usual Suspects » où l’on ne sait pas discerner le vrai du faux jusqu’au dénouement. C’est bien vu. Pour « Seul Le Silence » j’ai répondu Clint Eastwood c’est vrai même si Olivier Dahan s’est finalement montré intéressé et pour « Les Anonymes » j’ai dis Alan J.Pakula. C’est hallucinant comme nous avons choisi les mêmes. Il y a du potentiel cinéphile ici…

– Quel est pour vous l’évènement ou le secret d’état le plus important de toute l’Histoire ? Celui qui vous aura le plus marqué ?
L’assassinat de Kennedy sans aucune hésitation. Je crois que ce drame me ramènera toujours au mystère le plus grand. Lee Harvey Oswald n’a visiblement pas tiré sur Kennedy et ce meurtre a très certainement été commandité par les hautes Intelligences du pays… mais c’est précisément le « pourquoi » et le « qui » est responsable qui persistent… et je crois que nous ne saurons jamais la vérité. C’est impossible.

– Récemment, Ben Affleck a réalisé deux films adaptés de romans de Dennis Lehane et Chuck Hogan (« Gone Baby Gone » et « The Town »). Deux films brillants assez similaires dans leur univers surtout dans leur soucis de dépeindre le fond de ses personnages. Les avez-vous vu ? Aimeriez-vous confier un jour l’adaptation d’un de vos romans à Ben Affleck ?

J’ai entendu le plus grand bien de ces deux films mais je n’en n’ai malheureusement vu aucun. Je m’empresserai de les voir au plus vite du coup.

– Vous dîtes que les Français sont beaucoup plus réceptifs aux romans comme à la musique et aux films. Que les Français regardent toujours tout deux fois pour mieux saisir les choses. Dîtes nous en plus…
Exactement. En France, il y a une approche très différente de l’art et de la littérature comparé au Royaume-Uni. Les Français considèrent « l’artiste » comme un individu d’importance dans la société. Au Royaume-Uni, ce n’est pas le cas. En France, les gens prennent le temps d’essayer et de comprendre l’art, de lire des livres, de regarder des films… d’avoir un point de vue. Chacun possède son propre point de vue et en tire une certaine fierté dès lors qu’il a un avis sur un sujet en particulier. Ils ne sont pas d’accord juste parce que c’est trop poli d’être d’accord ! J’ai plusieurs fois été à Paris et à chaque fois que j’ai rencontré des journalistes on ne m’a jamais posé deux fois la même question même si l’on parlait des mêmes livres ! C’est fou !

C’est extrêmement rafraîchissant et cela me permet également d’en apprendre encore plus sur les Français. Vos attitudes sont régies par la philosophie et en France, c’est très important de posséder une philosophie propre à propos de la vie. C’est ce qui vous donne votre légitimité individuelle… votre force de caractère, que je trouve au passage, intéressante et importante. Vitale même ! Cela permet de découvrir en permanence de nouvelles choses et d’en apprendre un peu plus sur l’humanité. J’adore venir en France et dès qu’on me le demande je réponds toujours oui !

– Si vous n’aviez pas écrit de thriller quel thème vous aurait comblé et pour quelle autre vocation auriez-vous opté ?
Alors si je n’avais pas écrit, je crois que j’aurais été musicien à plein temps. Et si je n’avais pas opté pour le style « thriller », j’aurais aimé écrire des drames épiques et très humains avec toujours ce focus sur l’aspect psychologique et les conséquences de nos décisions, de nos actions. J’y aurais incorporé un commentaire social, politique, artistique, musical, culturel ou philosophique.

– Pour éviter d’avoir des regrets comme vos personnages, brisons la glace. Si je vous demandais de choisir un film que vous auriez rêvé de réaliser ? Un chanteur que vous auriez rêvé d’être ? Un acteur, une série…
Wow ! Si j’avais pu écrire et réaliser un film ça aurait été « Truman Capote ». Si je devais opter pour un chanteur je dirai… et bien comme je suis plus bon guitariste que bon chanteur je dirais… Keith Richards peut être. Un acteur ? J’adore De Niro, Philip Seymour Hoffman, John Malkovitch. Une série ? Je ne sais pas. Je ne regarde pas trop la télé ces derniers temps, je suis très en retard. J’ai récemment regardé « A la Maison Blanche » et je suis actuellement sur « Dr House » de manière assez régulière. Mmm je dirais donc « A la Maison Blanche ». C’est intelligent et ça traite de tellement de sujets qui me passionnent…

– Peut-on espérer de voir un jour un de vos romans se dérouler à Paris ? Si c’est le cas, je vous conseille d’appeler votre héros Alex !
J’ai déjà écris un roman il y a quelques années de cela qui se déroulait à Londres, Paris, Prague, Marseille, dans le Michigan, à New-York et à Washington. Tout ça ! J’espère qu’il devrait être un jour publié en France. C’est une bonne idée d’appeler son héros Alex, c’est un prénom génial… surtout que le deuxième prénom de mon fils est Alex si vous voyez ce que je veux dire…
Interview exclusive en partenariat avec Alexandre Cerri et Times Square.fr

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