Romain Duris : Voyage au bout de la hongrie

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Par Julie CadilhacPUTSCH.MEDIA / Il est délicat de parler du film lorsque l’on ne connaît rien du roman de Douglas Kennedy sinon une déferlante d’éloges intarrissables… » tu vas voir, il y a une histoire d’amour magnifique!!! »,  » Ahhhhh….cet homme qui a l’audace de reprendre une autre vie! » Dans L’homme qui voulait vivre sa vie d’Eric Lartigau, on doit d’abord constater que n’apparaît qu’une bribe de romance, vite évaporée et qui ne semble pas ébranler outre mesure le personnage principal, et qu’ensuite le thème du bouleversement culotté et radical de vie n’est pas montré comme un choix assumé mais plutôt comme une fatalité. Donc, influencé par les critiques admiratives du livre, on est forcément déjà déçu…les bandes-annonces n’aident en rien non plus à rehausser l’enthousiasme puisqu’elles montrent déjà les temps forts du film et que les effets de surprise sont donc bien maigres…

Romain Duris incarne un brillant avocat , Paul Exben, promis à un avenir extrêmement lucratif ; sous ses airs d’époux adorable et compréhensif, il est devenu carriériste, peu intéressé par l’évolution de son épouse et se satisfait bien de son statut de ménagère à la maison…jusqu’au jour où il découvre qu’elle a un amant photographe, Grégoire, et qu’un coup de malchance va en faire le meurtrier de ce dernier. Un dilemne alors se présente: rester en France, attendre d’être interpellé par la justice et devenir l’anti-héros de ses deux enfants en bas-âge ou bien disparaître sous une fausse identité et faire croire à sa mort auprès de ses proches pour ne pas égratigner son image.

Un film, il est vrai, sans longueur et au casting irréprochable: Marina Foïs est parfaite en épouse acariâtre et lassée, Romain Duris excelle en bobo bien rangé, Niels Arestrup joue un journaliste emblématique accrocheur, Branka Katic joue avec douceur et une beauté fragile l’amoureuse hongroise et Catherine Deneuve est touchante dans son rôle d’amie brisée par la maladie. Deux heures qui s’écoulent donc sans ennui pour le spectateur qui suit la fuite éperdue de Paul Exben. Et assurément, la pellicule caresse des paysages prenants par leur authenticité, des visages typiques et l’on effectue avec l’ancien avocat un voyage aussi dépaysant qu’émouvant. Pourtant la fin se termine en queue de poisson… libre au spectateur, sans doute, de penser que Paul Exben est condamné à une fuite sans répit et sempiternelle. On reste sur notre « fin » car on souhaiterait qu’il y ait un partage à un moment donné, que le scénario permette au personnage de trouver une oreille en qui il puisse avoir confiance, un regard plus intrusif qui perce l’abcès et le secret…

L’ennui, c’est que, si le rythme narratif ne faillit pas, on reste en haleine car on attend que les grands sentiments explosent ; or, rapidement, c’est une froide carapace de protection qui vêtit Douglas KennedyPaul Exben.

L’homme qui voulait vivre sa vie est porté par un scénario qui pourrait s’intituler davantage  » Lhomme qui a râté sa vie » ou « l’homme qui passe à côté de sa vie ». Paul Exben était, est et demeurera un mensonge. Avant, en jouant à l’homme d’affaires qui rêvait d’art et de liberté, pendant ,en faisant la gloire de Grégoire ( dont il a emprunté l’identité) par la beauté de ses photographies et jusqu’au bout de cette nuit d’assassin non puni car il n’aura pas d’autre destin que celle d’une ombre bannie.

L’occasion peut-être de donner envie aux spectateurs de se pencher sur l’oeuvre originale et de partir à dos de papier dans les steppes de sa propre imagination, porté par la prose de Douglas Kennedy.

Titre: L’homme qui voulait vivre sa vie

Réalisateur: Eric Lartigau

Acteurs: Marina Foïs, Romain Duris, Catherine Deneuve, Enzo Caçote, Eric Ruf, Niels Arestrup

Sortie cinéma: le 3 novembre 2010.

Durée: 1h55

Genre: Drame

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