Stéphanie Janicot: un roman mystique envoûtant

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Interview de Stéphanie Janicot par Emmanuelle De BoyssonPUTSCH.MEDIA/ Photo D.R / Depuis « Les Matriochkas » (Zulma), Stéphanie Janicot bâtit un œuvre singulière d’une quinzaine de romans où elle explore les liens d’amitié, de solidarité, ceux des familles d’amis que nous nous créons.Rédactrice en chef de la revue Muze, elle se passionne pour la création des femmes, les questions de société. « Que tous nous veuille absoudre » est un roman mystique où la romancière suit le parcours de personnages qui vivent Place de la Contrescarpe, à Paris. Un enfant lance des prophéties… Il sera le révélateur de forces de vie insoupçonnées. Une intrigue qui envoûte, des êtres blessés, attachants. Stéphanie a l’art de sonder les âmes, d’aller au-delà des apparences, vers « La transparence des choses ».
– Quel est le fil conducteur entre vos romans ?

– « Soledad », « Non, ma mère n’est pas un problème », « La constante de Hubble », « Cet effrayant besoin de famille » et mes autres romans forment un puzzle où je livre un peu de moi-même. Chaque fois, je réponds à une question. Un thème est récurrent : l’exil. Mes personnages sont décalés. Dans « Que tous nous veuille absoudre », une fille d’origine israélienne vit à Paris. Nous sommes étrangers au monde qui nous entoure. Observateurs plus qu’acteurs. Nous créons des famille d’amis afin d’être moins seuls, comme Saar qui devient la complice de l’ex de son mari et de son fils.
– Vous êtes rédactrice en chef de Muse, un magazine trimestriel qui traite de la culture au féminin, pouvez-vous me parler de vos choix éditoriaux ? – J’essaie de montrer le regard que les femmes artistes portent sur leur société. Comment elles créent, comment elles parlent à travers leur art de leur époque et du monde.
– Quel est le sens du titre de votre roman : « Que tous nous veuille absoudre », citation de « La Ballade des pendus » de François Villon ? – La culpabilité nous habite. Nous cherchons tous à en être absous, libéré. C’est un livre sur l’absence de Dieu. Le mystère de l’enfant prophète intrigue et incite les personnages à croire en quelque chose qui les dépasse.
– Tout s’articule autour de ce prophète. Qui est-il ? – Il apparaît au début, disparaît à la fin. Il est dans la tradition des prophètes qui ont précédé le messie. Mise en accusation, menace, rédemption ponctuent ses prophéties apocalyptiques.
– Quel est le sens de votre roman ? – Une interrogation sur la réussite. Qu’ai-je fait de ma vie ? La jeune Julie et Etienne, le prof de philo ou Catherine qui s’occupe des autres se remettent en question.
– Vous n’épargnez pas votre héroïne, Saar ? – Après un accident, elle retrouve sa mobilité, mais tout sur quoi se fondait son existence disparaît. Elle a perdu son mari, son métier. Etre ou faire ? Elle finit par comprendre que l’on « est » indépendamment de ce que l’on fait.
– Vos personnages répondent-ils à des questions existentielles? – Ils y répondent, avec moi et malgré moi. Ils ont leur logique, leur trajectoire. Plus on entre dans leur psychologie, plus ils se dévoilent. J’ai compris que la vie ne disparaît pas lorsque nous sommes privés d’action. Nous continuons à être. Il y a un noyau humain plus Que tous nous veuille absoudrefort… une humanité qui ne meurt pas. Quand on est déprimé, le noyau reste inaltérable, malgré les échecs.
– Ce roman est-il proche de vous ? – En partie ! Pour le regard de la mère sur sa fille. Il y a de moi dans chaque personnage, même chez Etienne. Chez Catherine aussi. La solidarité féminine me tient très à cœur. Je n’ai jamais vu les femmes comme des rivales. Nous sommes dans une société en quête de transcendance. Paradoxalement, nous sommes fascinés par les images de violence, de guerre, sans pouvoir intervenir, sans connaître la réalité. Au fond, plus touchés que nous le croyions, nous avons besoin de sens, de paix.

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