
Emilie de Turckheim: une plume qui strangule le prêt à lire
Partagez l'article !Propos recueillis par Julie Cadilhac / Illustrations – Arnaud Taeron – PUTSCH.MEDIA / Emilie de Turckheim a une écriture fragile et puissante, drôle et grave, toute en contrastes délicieux. Sa plume strangule le prêt-à-lire, propose des personnages ambivalents et entraîne le lecteur dans un gouffre de culpabilité dérangeant tant il adhère à l’intrigue […]
Propos recueillis par Julie Cadilhac / Illustrations – Arnaud Taeron – PUTSCH.MEDIA / Emilie de Turckheim a une écriture fragile et puissante, drôle et grave, toute en contrastes délicieux. Sa plume strangule le prêt-à-lire, propose des personnages ambivalents et entraîne le lecteur dans un gouffre de culpabilité dérangeant tant il adhère à l’intrigue alors que les situations sont souvent invivables, les postulats inacceptables, les comportements scandaleux. Et pourtant rien n’est vulgaire, rien n’est facile, rien n’est exagéré dans la noirceur mais l’innocence blessée, le désespoir amoureux et la détresse humaine sont des armes d’une violence insoupçonnable dont joue cette virtuose des mots. Alors oui, on ne peut donc qu’être conquis par la façon dont Emilie de Turckheim manipule le huit-clos dans Le joli mois de mai, admiratif de la teneur sarcastique et philosophique des entretiens du narrateur avec son psy dans Chute Libre, enchanté à la lecture de son interview émouvante et spirituelle. Quand on lit un roman, on ne peut s’empêcher de prêter à son auteur certaines qualités portées par l’ouvrage: ses réponses prouvent que la rigueur, la sensibilité et l’intelligence n’habitent pas que les fictions de cette jeune femme promise à un avenir littéraire brillant!
Bonjour Emilie, ce « joli mois de mai » vous gratifie d’une comparaison avec Agatha Christie: vous êtes-vous inspirée délibérément du schéma de ce huis clos ? Vraiment, non. C’est en relisant le roman que j’ai remarqué combien le choix de réunir – voire d’enfermer – sept personnages dans une maison de campagne avait produit l’atmosphère de suspense qui rend les huis clos d’Agatha Christie si asphyxiants. Dans le théâtre classique, cette « unité de lieu » est la règle. Le huis clos est l’unité de lieu absolue. On retrouve d’ailleurs les deux autres …