Françoise Sagan : un peu de soleil dans l’eau froide

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Par Julie CadilhacPUTSCH.MEDIA / Florent, Odile. Eloïse, Gilles. Jean, Marthe. Gilda. François, Nathalie. Dans Un peu de soleil dans l’eau froide, Françoise Sagan brosse des portraits aussi poignants que désespérés, s’entête à dépeindre des relations humaines bouleversantes qui laissent le lecteur avec un étrange mal au coeur.

Gilles est un prétentieux journaliste parisien, converti à la fête et ses vices nocturnes, peu respectueux de lui-même et des autres, qui vit avec une jeune mannequin, Eloïse. Il fréquente Jean, l’acolyte aussi jaloux que bon et Gilda, la confidente prostituée et puis tout Paris qui grouille de tentations et d’exquises possibilités superficielles. Pourtant, si tout semble sourire à Gilles, une dépression nerveuse , à la trentaine passée, le mine et l’amaigrit. Aussi se contraint-il à se perdre en province, près de Limoges, chez sa soeur Odile et son mari. Là il se laisse prendre au cliché d’un amour adultère en pleine nature et conquiert le coeur de Nathalie, l’épouse de François Sylvener. La passion produit-elle des miracles? Nathalie, pure et passionnée, saura-t-elle conserver la fidélité de son amant aux désirs si fugaces auparavant? Saura-t-elle être l’exception?

Un roman superbe. Autant par le style simple et poétique du phrasé de Françoise Sagan que par sa trame narrative. Certes, il y a du bovarysme dans Nathalie et les drames sentimentaux n’ont rien d’original mais l’auteur nous conduit, à la différence de la plume saillante d’un Flaubert qui racontait le malheur d’une provinciale au destin fâné mais inévitable ( du fait des moeurs de l’époque et du statut des femmes ), vers une issue plus troublante où les protagonistes semblent être plus les victimes d’hasards malheureux que d’un destin inextricable. Si Flaubert joue du tragique, c’est en notes pathétiques que se déroule la tragi-comédie de Gilles et Nathalie.

« On fait souvent plus de mal aux gens à travers leurs proches qu’à travers eux-mêmes. Car alors, par orgueil, ils doivent plaider le faux, imaginer n’importe quoi, se dépenser, oublier apparemment le téléphone si proche. Seule, Nathalie l’eût peut-être rappelé toutes les demi-heures et elle serait tombée sur lui au second coup de fil. Ah la vie était trop bête, à la fin. » ( Françoise Sagan)

A lire absolument. Au creux de l’été, ce roman touchera nombre d’amants étourdis de passion et séduira tous les amoureux de romance…même si, peut-être, la fin ne répondra pas à leurs attentes romantiques…mais après tout, ils en retiendront sans doute une leçon amère : l’amour n’est autre qu’un peu de soleil dans l’eau froide...

Et n’hésitez pas à fureter chez les bouquinistes ou dans les rayons occasion des librairies, juste histoire de trouver ce petit mot adorable au bas d’une page  » En vente dans les meilleures librairies.. » et d’être nostalgique…

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