Littérature américaine : un écrivain de l’exil

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Propos recueillis par Nicolas Vidal – BSCNEWS.FR/ Nicolai Grozni est à lui seul le fruit d’un métissage extraordinaire : bulgare, pianiste, un peu américain, moine tibétain et écrivain. Et le métissage a développé chez lui un sentiment d’exil aux quatre coins de la planète. Enfant prodige sous la régime communiste bulgare, pianiste promis à un avenir brillant à Boston puis moine en Inde, Nikolai Grozni revient sur ces années d’errance et d’exil pour fuir les systèmes sociaux en vigueur. La recherche de l’équilibre de Nikolai Grozni est un enchantement et une ode à la découverte de l’ailleurs.

Nikolai, vous êtes né à Sofia, vous êtes ensuite parti aux USA, puis en Inde et aujourd’hui vous vivez dans le sud de la France. Qu’est que ce parcours a apporté à votre écriture ?
Oui, cela m’a beaucoup apporté. J’ai lu beaucoup de littérature russe et puis à mon arrivée aux USA, j’ai lu beaucoup de littérature américaine. J’ai grandi également dans un système totalitaire en Bulgarie et cela a été une grande inspiration pour écrire, pour penser. J’ai commencé à écrire à 20 ans. Mon père était chirurgien et écrivain. J’ai lu ses nouvelles et cela m’a aussi beaucoup enrichi.
Alors que vous êtes promis à une grande carrière de pianiste aux USA, vous décidez de partir en Inde.
Je suis un pianiste classique. J’ai remporté de nombreux prix dans ma discipline. Après la chute du Mur de Berlin, j’ai décidé de partir à l’Ouest en Amérique. J’ai gagné ma place à Berkeley pour jouer du jazz. J’ai également beaucoup étudié, et fait pas mal de compostions. Puis j’ai eu du mal à me faire à la philosophie capitaliste américaine autant qu’au communisme totalitaire de la Bulgarie. Pour moi, les deux systèmes étaient aussi repoussants l’un que l’autre, ce qui a précipité mon départ en Inde où j’ai appris le tibétain pour rentrer dans un monastère. J’ai suivi également un enseignement pour devenir moine. Je suis resté 5 ans en Inde où j’ai écris car je puisais mon inspiration dans la simplicité de cette vie.
L’inde a donc été une destination rêvée pour fuir les deux systèmes dans lesquels vous aviez vécu ?

Oui effectivement. J’ai rencontré beaucoup de gens plein de sagesse avec des points de vue très différents sur la vie et la mort que ceux que nous connaissons dans la société occidentale. J’ai été heureux là-bas. Mais la vie est difficile en Inde car c’est un pays qui connaît de grandes injustices et d’une grande pauvreté. Là-bas, j’ai attrapé la malaria et j’ai failli mourir. De plus, l’art était absent de ma vie de moine. Ce fut très difficile à vivre. La vie de moine ne donne pas la place à la création et à l’épanouissement. En fait, c’est un dogme. C’est à ce moment-là que j’ai décidé de partir.
Vous avez donc quitté l’Inde et fuit cette vie monacale. Qu’en est-il aujourd’hui ?
Aujourd’hui, je pense avoir trouvé un équilibre entre toutes les choses apprises jusqu’à aujourd’hui, entre le totalitarisme bulgare le capitalisme et le bouddhisme. Je trouve en France un équilibre qui me convient. Il y a un système social, de nombreuses opportunités pour travailler et pour vivre. Je suis très content d’être ici. Sans oublier une grande richesse de littérature et de création.
Vous travaillez sur un nouveau roman ?
J’écris une histoire autobiographie sur mon enfance en Bulgarie. J’étais dans une école créée par les communistes pour nous enseigner la musique. C’était en fait une école pour faire éclore des jeunes prodiges musicaux. Ce fut pour moi une expérience très effrayante mais également très spéciale. J’avais beaucoup de privilèges et d’excellents enseignants. Je jouais de la musique pendant dix ou douze heures par jour. J’apprenais également à tirer à la kalachnikov. C’était irréel ! On nous modelait comme de parfaits petits communistes.
Que sont devenus les jeunes gens que vous fréquentiez dans cette école ? Se sont-ils tournés vers la musique ou sont-ils restés en Bulgarie ?
Ils sont tous partis aux USA. La plupart vivent aujourd’hui à New York. Tout cela est très triste car maintenant en Bulgarie, il y a plus d’argent que pendant cette époque mais ces élites ont émigré durant cette période.
Qu’attendez-vous de cette parution ?
Pour moi, c’est un livre très important et j’espère qu’il y aura un écho en Europe. Pour moi, il y a une grande différence entre l’Est et l’Ouest de l’Europe. Je trouve que mes amis bulgares nourrissent une certaine amnésie avec cette période sombre de notre pays. Ils ont du mal à réfléchir et à penser à ces moments car ils préfèrent oublier. J’espère que ce livre servira à contrer cela. (notes : le livre prochain livre de Nikolaï Grozni a été vendu aux USA et paraîtra en librairie en 2011. )
Pensez-vous que votre livre pourra t-il être traduit en bulgare et être vendu là-bas ?
Cela sera très difficile. Les communistes me critiqueront alors que je dénonce dans ce livre tous les systèmes. Mais les gens sont obtus. Dans ce livre, il n’y aucun modèle idéal. Ils ont tous leurs torts. Il sera dédié à mon oncle qui a été déporté pendant 30 ans dans les camps après la seconde guerre mondiale par le nouveau gouvernement communiste bulgare. Il travaillait comme traducteur pour le consulat américain à Sofia.
Une traduction est-elle prévue en français ?
Pas pour l’instant. J’espère qu’un éditeur français s’y intéressera…
Nikolaï Grozni – Photo D.R

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