Bruno Putzulu -Par 2lodie Trouvé

L’interview: Bruno Putzulu

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Partagez l'article !Par Elodie Trouvé / Photos Elodie Trouvé – BSC NEWS.FR On vous connaissait acteur de cinéma et de théâtre, chroniqueur pour l’équipe. D’où vous vient cette envie de faire un disque aujourd’hui ? Cela vient d’abord du livre d’entretiens que j’ai écrit avec Philippe Noiret. Il y a eu une période de ma […]

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Par Elodie Trouvé / Photos Elodie Trouvé – BSC NEWS.FR

On vous connaissait acteur de cinéma et de théâtre, chroniqueur pour l’équipe. D’où vous vient cette envie de faire un disque aujourd’hui ? Cela vient d’abord du livre d’entretiens que j’ai écrit avec Philippe Noiret. Il y a eu une période de ma vie où j’avais un rapport étroit avec le fait d’écrire. Cela passait par l’écriture, notamment pour le journal L’Equipe qui m’a proposé de tenir une chronique pendant un an. J’ai accepté. Je crois que si six mois plus tôt on m’avait dit : « Tu vas faire un disque », j’aurais répondu : « Certainement pas ! ». Mais bon, le déclencheur, cela a surtout été une soirée avec Johnny Hallyday. Après notre discussion, jusque tard dans la nuit, Johnny m’a dit : « J’aimerais bien une chanson qui ressemblerait à notre conversation ». Sans me demander d’en écrire une… Je suis rentré chez moi. Je l’ai écrite et je lui ai envoyé le lendemain matin. Il a aimé et il l’a mise dans son album, « Le cœur d’un homme ». J’ai aimé cet exercice consistant à écrire des chansons. J’en ai écris plusieurs, avec plus ou moins de bonheur. Encore un heureux hasard, j’avais rendez-vous avec un réalisateur pour un film, et ce réalisateur est venu à notre rendez-vous accompagné du compositeur de la musique du film, Bob Lenox. Je lui ai dit que j’avais écrit des chansons, il m’a dit qu’il souhaitait les lire et peut être les mettre en musique. Bob Lenox est un vieil américain qui vit aujourd’hui à Berlin. Il fut le pianiste de Tina Turner, il a fait de la scène avec Jimmy Hendrickx et plein d’autres…. En France il a fait la musique des films d’Isabelle Mergault. C’est quelqu’un que j’aime bien. Il a donc écrit des musiques pour mes chansons et il m’a aussi proposé des musiques sur lesquelles j’ai écrit. Cet album, a été enregistré à Berlin, parce que était plus pratique et coûtait moins cher que de faire venir tous les musiciens. « Drôle de monde » est constitué de 12 chansons, 10 que j’ai écrites, et deux reprises, une d’Alain Leprest et une d’Yves Simon que je chante en duo avec Elsa. Yves Simon a beaucoup aimé cette reprise d’ailleurs… Ca m’a fait très plaisir, j’étais fier comme Artaban !
On dit l’industrie du disque moribonde. Est-ce que cela a été facile pour vous, acteur à la base, de convaincre un producteur d’éditer votre maquette faite à Berlin ? Encore un heureux hasard…. J’ai croisé à mon retour de Berlin, Didier Pascalis, que j’avais déjà croisé 20 ans plus tôt. Il a écouté l’album qui lui a plu et il a décidé de le produire.
Est-ce que cet album est autobiographique ? Une bonne partie. Chanter est une façon de parler de ses préoccupations. C’est une façon de penser à voix couchée sur le papier, puis à voix haute, et après chantante.
Dans cet album, il y a des chansons gaies, entraînantes, entêtantes même, la musique nous habite après l’avoir écouté. Et puis d’autres plus tristes, mélancoliques, évoquant l’enfance, la nostalgie de moments heureux, les choses qui vous révoltent aussi. Je pense que dans une vie, on ne cesse de ressasser les mêmes choses, et puis de les formuler toujours autrement. On est toujours occupé par les mêmes choses, soi-même, et tous ! Nos histoires se ressemblent finalement… après on a des manières différentes de les appréhender, de les craindre, de les aimer. Sur le même thème Lorie écrira à sa façon, et Jacques Brel à sa façon ! Il y a de l’universel et du singulier. L’important c’est que la chanson rencontre son public. Moi j’aime des artistes comme Dalida, Mike Brandt, Anna Karina, Maria Carta, Georges Moustaki par exemple. Parce qu’il y avait de leur part un vrai engagement dans l’interprétation. Idem pour Johnny Hallyday. Lorsque que je vais le voir en concert, même si je suis avec lui dans sa loge dix minutes avant le concert, lorsqu’il monte sur scène, je ne le reconnais pas ! Il m’impressionne, et cela impressionne aussi mes oreilles et mes yeux, comme on impressionne une pellicule.
Est-ce qu’une chanson peut émouvoir autant qu’un film ? Un chanteur autant qu’un acteur ? Oui, bien sur, parfois plus même. Le cinéma a d’ailleurs beaucoup recourt à la musique. Mais, il ne faut pas que l’image ait recours à la musique pour atteindre ce qu’elle n’arrive pas à atteindre. Et inversement. Cela devient du pléonasme, du commentaire, on vient souligner les choses, et ce n’est pas intéressant. C’est ce genre de conversation que j’avais avec Godard précisément!
C’est quoi pour vous le bon rapport entre l’image et la musique ? C’est comme dans un couple ! Il n’y a pas de bon rapport en général, pas de recette miracle, mais il faut que l’ensemble soit émouvant et signifiant.
Est-ce que vous éprouvez autant de plaisir à interpréter une chanson qu’à jouer un rôle ? Oui. Mais quand on chante, on est aussi dépendant d’une autre musique, celle des musiciens qui n’est pas celle du réalisateur. Il faut mettre en accord sa propre musique avec celle du compositeur, des musiciens. Pour moi ce qui prévaut c’est l’interprétation. Je ne suis pas un technicien, pas un chanteur technicien. Mon seul repère, c’est l’interprétation. On peut me dire qu’à tel moment cela aurait pu être mieux, oui, c’est vrai, sûrement, avec plus de temps d’enregistrement, plus de moyen. Mais l’important, c’est l’émotion qui en ressort.
L’imperfection fait partie de la beauté… Quand j’entends Romy Schneider dans la chanson des « Choses de la vie », ça m’émeut beaucoup. Hors, on peut dire que du point de vue du rythme, du temps, elle n’est pas juste du tout ! Mais moi, elle m’émeut aux larmes, c’est magnifique ! C’est comme dans les films, à propos de « La maman et la putain » d’Eustache, certains Godard, certains films de Mocky, on peut dire que ce n‘est pas juste, qu’ils parlent d’une drôle de façon. Mais ce n’est pas ça, ça dépend d’un regard, d’une manière de penser le monde, c’est une œuvre. Comme Jean-Pierre Léaud, l’acteur fétiche de Truffaut, certains trouvaient qu’il n’était pas juste, mais on s’en fiche ! Ce n’est pas le problème, l’important est l’émotion qu’il arrivait à faire passer.
Au niveau de l’interprétation de la chanson, s’approprier un texte écrit par soi-même est-ce plus compliqué que de s’approprier un texte écrit par un autre ? Je ne fais pas abstraction du fait que c’est moi qui ait écrit le texte car beaucoup d’images précises me viennent en tête lorsque je chante. Mais j’espère que le sens sera multiple pour les gens qui l’entendront. C’est mon objectif. C’est très difficile pour moi de m’approprier un texte écrit par moi en faisant abstraction des différentes couches, et versions successives de la chanson ! Elles me reviennent en tête. J’ai eu également beaucoup de plaisir à m’approprier les textes d’Yves Simon et d’Alain Leprest, dont j’adore les paroles. J’aurais pu les écrire ces textes ! Pour moi, jouer et chanter c’est pareil. Philippe (Noiret) et moi, on était d’accord sur le fait que jouer au théâtre ou faire du cinéma c’était identique, le même métier, une question d’interprétation au fond. Chanter aussi. On interprète. Vous nous donnez l’impression que ce disque s’est fait avec beaucoup de grâce et de facilité. Car je ne vous parle pas des difficultés que j’ai rencontré. Cela a quand même mis deux ans à se faire ! J’ai rencontré des producteurs qui m’ont dit : « est-ce qu’il y a un tube sur votre album ? ». J’ai répondu qu’un tube, c’est ce que les stations de radio passent sans arrêt, et notamment parce que derrière ils ont des producteurs influents qui appellent à la station pour qu’on passe leur chanson! J’ai aussi rencontré des gens qui m’ont dit qu’il fallait écrire des chansons pour les adolescents et les femmes, parce que c’est eux qui achètent le plus de cds. C’est très marketé tout ça. Ce côté-là ne me plaît pas trop. Je n’ai jamais fonctionné comme ça.
Quid de la légitimité du chanteur par rapport à l’acteur ? Est-ce que le fait que vous ayez une notoriété en tant qu’acteur vous aide pour promouvoir ce cd ? Non. Je m’occupe moi-même de la promo, mon disque sous le bras, comme si je redémarrais de zéro J’ai du prendre un attaché de presse spécifique, et non pas mon attaché de presse habituel pour le cinéma ou le théâtre, qui m’a dit que ça n’avait rien à voir. J’ai fait ce disque sur mes deniers propres, j’ai produit mon album. C’est un coup de cœur, une envie, des rencontres, et je suis content car il y a de bonnes pistes qui se mettent en route.
Est-ce qu’il y aura des concerts ? Pas pour l’instant. J’adorerais. Si quelqu’un me dit demain, on te paye, parce que je ne peux pas mettre de côté mon métier, on te trouve une salle de répétition, planning de concerts, on te programme, on assure le salaire des musiciens…. Oui ! Je fonce. Pour l’instant, je vais déjà me produire dans des émissions de télé, en live. Je suis très content, même si ça me fait peur. Mais c’est réjouissant, je suis content qu’ils m’invitent. Car je suis toujours entre deux, je n’ai pas de plan de carrière. On m’a beaucoup reproché de faire des choix dictés par le cœur, des choses que je n’aurais pas dû faire…. Notamment des premiers films ! S’il n’y pas de promo autour du film, on sait qu’il y a peu de chance que le film fasse un carton, même s’il est bon. Et parfois, c’est vrai qu’à postériori, certain choix ne m’ont pas facilité les choses pour la suite. Mais sur le moment, ça me plaisait, alors je l’ai fait. On meurt tous un jour, donc je ne vois pas pourquoi on devrait se priver de faire des choses qui nous plaisent sur cette terre !
« Drôle de monde », de Bruno Putzulu, musique Bob Lenox, sortie le 14 mais 2010. L’actualité de Bruno Putzulu : tournage de « La couleur des mots », premier film d’Eric Pacou. Sortie de « Et si », un docu-fiction de Serge Lalou, sortie de « Les insomniaques » de Jean-Pierre Mocky. Une pièce à la rentrée, Caligula, créée à Colombes et jouée au Théâtre de l’Athénée. 8 semaines d’enseignement à La Rue blanche, une école de théâtre.

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