Livre numérique : Dans les ordinateurs des librairies

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Par Nicolas Vidal – BSCNEWS.FR / Stéphane Michalon dirige E-Pagine qui propose des livres numériques aux libraires. En ces temps d’incertitude concernant l’avenir du livre papier, nous avons demandé l’avis à l’un de ces nouveaux professionnels du livre numérique afin de nous éclairer un peu sur ce qui se trame dans les ordis des librairies.

Stéphane, vous dirigez e-pagine qui se définit comme un prestataire de solutions pour le livre numérique à destination des éditeurs et des libraires ? Comment est venue l’idée d’E-Pagine en 2008 ?
J’étais directeur d’un petit groupe de librairies parisiennes , « l’Arbre à Lettres » et je cherchais des solutions pour pouvoir vendre l’offre numérique d’éditeurs comme Gallimard avec lesquels je travaillais déjà pour leurs livres en papier ou leur livres audio en CD mais je n’avais pas de solution pour leur livres à télécharger en PDF ou en ePub ( en mobi en 2008) ni pour leurs livres audio à télécharger en mp3. L’idée a donc été de développer avec Tite live qui était déjà mon fournisseur pour mon logiciel de gestion et ma base de données les outils nécessaires à ce nouveau mode de commercialisation des textes édités.

E-Pagine permet aux librairies de proposer à la vente leur catalogue de livres papier et numérique sur le site d’e-pagine. Actuellement, combien de libraires collaborent avec E-Pagine ?
ePagine permet aux librairies de proposer à la vente les livres numériques sur leurs sites et dans leurs magasins. Et en plus epagine fédère des libraires sur un site portail de librairies indépendantes qui s’appelle epagine.fr.
Actuellement, ePagine fédère une quarantaine de libraires et travaille aussi comme prestataire pour des chaînes comme Fnac ou Cultura. En plus, ePagine cherche à faire émerger un réseau disposant d’un potentiel de 400 libraires pour la vente en magasin. Pour l’instant, ce système de vente en magasin est encore en expérimentation, à l’écoute des besoins des libraires et de leurs clients.
Quel est l’accueil en général lorsque vous leur proposez de souscrire à E-pagine ? Rencontrez-vous des réticences de leur part ?
L’accueil est très attentif et il n’ y a plus de réticences de principe. Tout le monde a compris que la lecture numérique prendrait forcément une part du marché et que donc il faut se lancer en partenariat avec les éditeurs.

Combien de titres les lecteurs peuvent retrouver en ce moment sur E-Pagine en terme de livres numériques ?
Aujourd’hui plus de trois mille. Fin 2010, plus de trente mille au moins. 

Qu’est ce qui fait que les libraires décident de mettre leur catalogue à disposition d’E-Pagine ?
Ce sont les éditeurs qui mettent leur catalogue en vente via les libraires.
Les éditeurs qui le font sont les éditeurs qui parient sur l’avenir d’un vaste réseau de revendeurs plutôt que sur une recherche de concentration des ventes via les seules autoroutes du net que sont et seront Amazon, Apple, Google et les opérateurs téléphoniques. 

Nous allons faire quelques instants les avocats du Diable. Est- ce que l’avenir d’un site comme E-pagine n’est finalement pas de remplacer à terme le travail de libraire avec tout ce qu’il comporte de rapport humain, de conseils et le plaisir de transmettre des coups de coeurs de lectures?
ePagine est un site de libraires. Donc si ePagine a de l’avenir, c’est que les libraires ont de l’avenir. Sans les libraires ePagine n’existera pas ni à court terme (on se lance avec eux), ni à moyen terme ( ce canal de vente ne peut pas se développer sans un maximum de point de vente), ni à long terme (ce sont les libraires qui l’animeront en marquant leurs différences).

Avez-vous des estimations chiffrées sur la vente de livres numériques pour l’année 2009 ?
Nous n’avons pas d’estimation pour l’année 2009, nous avons des ventes réelles réalisées par des libraires. Les volumes sont encore très faibles c’est évident mais il ne faut pas attendre que les volumes deviennent importants pour s’y mettre. Si on attend que les volumes deviennent importants sans les libraires il sera trop tard pour leur permettre de prendre une place sur ce marché . Il faut en être dés maintenant même si les volumes sont encore faibles en France .

A votre avis, Stéphane Michalon, quels sont les grands bouleversements à attendre dans les mois prochains en matière de livres numériques ?
La montée en puissance du nombre de titres proposés et la montée en charge du nombre de livres vendus dans le monde entier sur un grand nombre de supports de lecture différents pour des usages différents (Mac et PC, Ipad et Iphone, Reader par Sony , Cybook de Bookeen, Smartphones sous androïde…


Vous proposez également aux livres de souscrire aux services d’E-Pagine mais également de les équiper de tablettes de lectures ? Comment est reçue cette offre par les libraires à la différence de la numérisation simple de leur catalogue ?

Ce sont les éditeurs qui numérisent leurs catalogues et les libraires qui les vendent. Mais pour les lire, il faut bien vendre aussi les supports de lecture. Depuis toujours les libraires vendent bien le papier en plus des textes, ils comprennent assez vite que maintenant il faudra vendre des écrans en plus des textes numériques et notamment lorsque ce sont des écrans spécialement étudiés et adaptés pour la lecture.

Votre site depuis 2008 connaît il une progression en matière d’audience, d’inscription et de téléchargements ?
Oui, les sites de libraires que nous équipons connaissent une progression en terme d’audience. De plus en plus de libraires comprennent qu’il leur faut maintenant ouvrir des sites comme on ouvre un nouveau magasin et qu’une fois le site ouvert, il faut créer du trafic sur le site en plus du trafic qu’ils ont déjà en magasin. Mais c’est du boulot. Beaucoup de boulot.

Combien avez-vous actuellement de lecteurs inscrits qui commandent régulièrement des titres en numériques ?
Même chose que pour les volumes : Le nombre de client est encore faible c’est évident, mais il ne faut pas attendre que le nombre de détenteurs d’Ipad soit important pour s’y mettre. Si on attend que les clients soient tous déjà équipés pour avancer sans les libraires alors il sera trop tard pour leur permettre de prendre une place sur ce marché. Il faut en être dés maintenant même si le nombre de clients est faible. Il faut au contraire soignés aux petits oignons ces premiers clients, et apprendre avec eux à leur apporter un service de grande qualité.


Que diriez-vous aux lectrices et aux lecteurs du BSC NEWS MAGAZINE afin de les inciter à utiliser les services du site e-pagine pour remplir leur bibliothèque numérique ?

Comparer les services que vous proposent les différents revendeurs et choisissez le meilleur. Je fais le pari que pour une bonne part de vos lecteurs, les libraires seront les meilleurs. Et puis à l’heure du numérique et de la mondialisation , acheter le livre de Florence Aubenas à la librairie Mercury à Ouagadougou, un libraire indépendant extrêmement actif du Burkina Faso, même si c’est surprenant, cela peut avoir du sens. Non ?
Pensez-vous que le livre papier survivra à la vague du tout-numérique ?
Evidemment « it will survive » et on peut même légitimement retourner la question en se demandant quelle est la part réelle que le numérique arrivera à prendre sur le livre papier.
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