Par Martine Bréson – bscnews.fr/Le retour de la Comtesse
La surprise, c’est la jeunesse de l’auteur, Rosalind Elland-Goldsmith, tout juste 29 ans. «J’ai découvert ce livre dans la bibliothèque de ma grand mère» raconte Rosalind.Voilà, tout est dit ou presque : la jeune femme est tombée dans la marmite quand elle était petite et la Comtesse est devenue une obsession. Elle est même tellement fascinée par cet auteur qu’elle la met à toutes les sauces jusqu’à poser ses pas dans les siens. Un jour, elle se lance et elle écrit Les nouvelles petites filles modèles.Comment une jeune femme-auteur peut-elle prendre à ce point le contre-pied des vampires, dragons et sorciers qui inondent depuis quelques années la littérature jeunesse? Petite plongée dans l’univers de Rosalind Elland-Goldsmith qui signe là son premier roman mais sûrement pas le dernier.
Avez vous gommé des choses qui étaient très éloignées de notre monde d’aujourd’hui?
Je n’ai pas gardé l’aspect religieux des romans. J’ai aussi enlevé les châtiments corporels. En réfléchissant à la construction de l’histoire, je me suis dit qu’aujourd’hui, on n’accepte pas de voir des enfants maltraités et qu’on peut facilement faire intervenir les services sociaux. Du temps de la Comtesse, on laissait faire. J’ai trouvé plus subtil de m’orienter vers une cruauté plus psychologique.
On a l’impression que Sophie, avec sa révolte, est le personnage le plus intéressant, le plus proche des filles d’aujourd’hui.
Ce n’est pas comme ça que j’ai réfléchi aux personnages. C’est dans Madeleine, qui a des sentiments plus intérieurs, que je me reconnais. C’est vrai que Sophie est plus complexe, moins lisse. J’ai gardé son problème de boulimie, on sait que la Comtesse de Ségur souffrait elle même de boulimie. Sophie est un personnage complexe, avec de multiples facettes.
On la croyait tombée dans l’oubli, dépassée, absente.
La Comtesse de Ségur et ses Petites filles modèles ne pouvaient pas avoir de place dans ce monde où internet, les portables, la cigarette, l’alcool, le sexe, envahissent la vie des ados d’aujourd’hui. Erreur ! Selon les éditeurs, les ventes du célèbre roman de la Comtesse sont étonnamment hautes et concernent tous les milieux sociaux. Les ventes de la trilogie de Fleurville auraient progressé de 25% l’année dernière et tous éditeurs confondus Les petites filles modèles se vendent chaque année à près de 20 000 exemplaires.
Les familles ont besoin de revenir aux valeurs traditionnelles et rassurantes expliquent les spécialistes. Beaucoup de parents, surtout des mères, ont aussi envie de passer le relais, de transmettre à leurs filles un livre qu’elles ont lu et aimé dans leur jeunesse, ajoutent-ils.
On comprend pourquoi l’idée de Nouvelles petites filles modèles a séduit Hachette.
Est ce que ce premier tome est une mise en place ?
Je prévois effectivement une montée en puissance dramatique. Il va y avoir de nouvelles ramifications dans l’intrigue. Il va se passer des choses au village qui vont interagir avec de nouveaux personnages. L’action va se densifier.
Les hommes sont absents et on est dans un univers où la mort, le deuil sont des thèmes forts.
Les hommes sont présents par leur absence. On est dans un univers féminin mono parental et j’ai trouvé important de respecter ce thème de la mort présent chez la Comtesse. Mais j’ai d’avantage voulu développer cette notion de deuil. Cela correspond aussi à une expérience personnelle car j’ai perdu mon père quand j’étais enfant.
Les nouvelles petites filles modèles pourraient servir de base pour l’éducation des enfants ?
C’est d’abord un roman pour les enfants même si comme dans l’œuvre de la Comtesse le thème de l’éducation- comment éduquer son enfant- est très présent. Mais ce roman n’est pas du tout un traité d’éducation.
C’est votre premier roman, votre écriture est précieuse, fluide, les mots sont recherchés. Pensez-vous avoir trouvé votre style, votre univers ?
J’ai cette impression. Cette façon d’écrire me ressemble et je crois que j’y resterai attachée.