L’érotisme mis à toutes les sauces même les plus fades

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Par Sophie Sendra – BSCNEWS.FR – Éros était déjà au cœur d’une de mes chroniques, celle du « Désir ». Cette notion d’érotisme est désormais jugée un peu vieillotte en ces temps de sur-sexualisation de la société.

Éros était déjà au cœur d’une de mes chroniques, celle du « Désir ». Cette notion d’érotisme est désormais jugée un peu vieillotte en ces temps de sur-sexualisation de la société. Non pas que la sexualité soit au sein même des préoccupations de notre quotidien, mais il s’agit d’autre chose : de la présence du sexe et de son utilisation abusive. Celui-ci est partout, dans la publicité, à la télévision, sur les téléphones portables, sur internet. Impossible de vendre une cuisine sans simuler quelque acte, impossible d’acheter un magazine sans une publicité, une photo suggestive. Mais alors qu’en est-il de l’érotisme ? Cette vision cachée de ce que l’on ne saurait voir.

Le Montré-Caché
La différence entre l’érotisme et la « libido » explicite c’est l’éviction de l’image elle-même. On cache afin de mieux montrer. Ce principe est celui de l’Esthétique picturale et sculpturale. En effet, Caché un objet par un tissu permet de montrer cet objet et plus encore de le faire remarquer à celui qui regarde. En d’autres termes, il suffit de voiler cet objet afin de susciter l’intérêt du spectateur qui serait passé à côté sans même y prêter attention. Ce principe du « Montré-Caché » existe réellement et fait partie de l’Histoire de l’Art.
Selon ce principe, ce qui est tentant c’est de soulever le voile et encore, parfois, l’idée même de voir la réalité objective brute ne devient même plus intéressante. On en a envie, mais quelque chose nous retient et nous préférons deviner plutôt que voir.

D’une rive à l’autre
Il est un passage entre Éros et une certaine obscénité : celui-ci est la signification. Ce que nous rencontrons depuis quelques décennies se trouve être du domaine du « pornê » ou même de « pornêmi » et de « graphos » en grec. Bien entendu vous aurez compris de quoi il s’agit et pour ne pas faire plus de publicité à ce que je ne qualifie pas de « sexualité », il ne sera pas question de réunir ces termes entre eux. Le premier veut dire « prostituée », le second veut dire « vendre » et le dernier est le fait d’ « écrire » ou de « retranscrire », qu’il s’agisse d’œuvres littéraires, artistiques ou cinématographiques.
Certains ne savent plus faire cette différence de signification. Certaines Catherine M. ou Christine A. pour ne « citer » que ces auteures ne semblent parfois plus faire cette différence. Guillaume Apollinaire l’avait faite puisqu’il rédigea anonymement un « essai » digne de l’incorrecte « Les 100 000 V… ». Il savait pertinemment que la rive était franchie.

Éros et Thanatos

Les jeunes générations ne savent pas faire cette différenciation. Cela ne les intéresse pas. Il s’agit là, pour eux, d’un érotisme vieillot qui ne montre pas les parties du corps si défendues. Ils veulent de l’immédiat, du concret, ce qui se donne à voir tout de suite. Sauf que cette imagination est nécessaire à la projection de soi et de ce qui n’est pas encore là. C’est cette imagination qui ne se frotte pas directement à la réalité qui crée le fantasme. Sans lui, la libido devient une performance qui doit égaler voire dépasser ce qui est donné à voir.
Ce que nous nommons « la petite mort » face à celle qui détermine notre finitude permet entre-autre de percevoir cette vie qui s’échappe. C’est pour cela que face à un danger ou une grande tension certains éprouvent l’envie de se sentir vivre.
C’est convoquer Thanatos, Dieu de la mort dans la mythologie Grecque. Ce frère d’Hypnos et fils de la nuit se trouve non pas en opposition à Éros, selon la théorie freudienne, mais en relation avec lui. Grâce à Éros, on convoque Thanatos cet instinct de désir de « petite mort », cette pulsion de vie.
L’érotisme est en soi nécessaire, l’immédiateté, elle, ne l’est pas. Elle ne fait pas sentir l’individu réellement vivant : c’est un certain « malaise » qui suit assurément la vision de certaines « œuvres » de ce genre.

S’il fallait conclure

La sexualité n’est pas à « vendre », seul le sexe l’est depuis la nuit des temps. Il se trouve que de nos jours tout semble n’être que marchandise. Dans l’érotisme, on ne verra jamais d’ouvrages vantant le non consentement. Lorsqu’il y a un objet à « vendre », il y a celui qui gagne et celui qui perd quelque chose, c’est pour cela que l’individu ne peut être « vendu ». Dans le notion d’érotisme, il y a cette idée que tout le monde « gagne » dans l’échange. On semble l’avoir largement oublié.

1. L’orgasme.
2. Qui a donné le mot thanatologie : Étude des signes, des conditions et des causes de la mort.
3. La théorie freudienne concernant Éros et Thanatos explique que les « pulsions de vie » sont constituées pas l’ensemble des pulsions sexuelles et des pulsions d’autoconvertion par opposition

Sophie Sendra

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