Le nouveau roman de Diastème,

Diastème : un écrivain qui ne veut rien avoir à vendre

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Rencontre avec Diastème pour la sortie de son roman « Bien le silence partout » aux Editions Flammarion par Harold Cobert
Vous revenez au roman après une éclipse littéraire de sept ans. Pourquoi une si longue absence ?
Parce que j’avais envie de retourner m’amuser au théâtre, je pense. Je devais en avoir assez de passer mes journées seul chez moi à taper sur un clavier. J’ai monté 107 ANS au théâtre, puis j’ai écrit et mis en scène LA TOUR DE PISE, puis L’AMOUR DE L’ART [disponibles chez Flammarion] – j’ai également écrit une autre pièce, HAMMAM, que je n’ai pas encore montée ; puis j’ai dirigé une version que j’aime beaucoup des JUSTES de Camus, et mis en scène TOUT IRA BIEN, un spectacle d’Alex Beaupain et Kéthévane Davrichewy (qui sort d’ailleurs un magnifique roman en janvier, LA MER NOIRE, chez Sabine Wespieser). Parallèlement, je suis allé m’essayer au cinéma, en tant que scénariste d’abord, puis en tant que réalisateur avec LE BRUIT DES GENS AUTOUR. Tout cela demande du temps, et le plaisir qu’on y prend est beaucoup plus gratifiant et palpable qu’en littérature. J’ai besoin d’une bonne raison, vraiment, et surtout d’une bonne histoire, pour décider de rester assis pendant des mois derrière un écran à aligner des mots.

Romancier, dramaturge, scénariste, metteur en scène, réalisateur et parolier, vous avez toutes les casquettes. Laquelle préférez-vous ?
J’ai le goût de l’équipe, de la troupe, du spectacle, j’aime être entouré, réunir des talents, mener à bien un projet, donc mettre en scène est sans doute l’activité que je préfère exercer. Mais j’écris actuellement une opérette avec mon ami Alex Beaupain, et c’est très agréable à faire – écrire à deux, et mêler plusieurs arts. Maintenant, s’il s’agit de choisir, je place, comme beaucoup, la littérature au-dessus de tout.

Dans votre travail, avez-vous d’abord une envie en terme de genre – un roman, une pièce, un film, une chanson – faisant naître une idée, ou avez-vous plutôt une idée avec déjà la forme que vous lui destinez ?

J’ai tendance à dire que l’idée définit le genre. Ça a été, la plupart du temps, le cas dans mon travail. Mas il y a des exceptions. Depuis quelques semaines, j’ai commencé un nouveau roman, et je pensais au départ qu’il allait être un film. Les hasards ont fait que j’ai changé d’avis, et je sais, maintenant que j’ai un peu avancé, qu’il ne pouvait en être autrement. Les hasards ou les accidents sont souvent très bons conseillers.

Les différentes formes d’écriture que vous pratiquez se nourrissent-elles les unes les autres sans pour autant se parasiter ? De quelle manière ?
Difficile à répondre… Je pense plutôt qu’elles s’enrichissent… Pour simplifier, je pourrais dire que la chanson m’a appris la nouvelle, la nouvelle m’a appris le roman, le roman m’a appris le théâtre, et le théâtre m’a appris le cinéma. Mais c’est bien plus compliqué que ça – les articles et les chroniques m’ont également beaucoup aidé en matière d’écriture. Ceux qui connaissent bien mon travail s’amusent d’ailleurs des passerelles que je tisse entre les différents genres que j’exerce. LE BRUIT DES GENS AUTOUR était, par exemple, le titre d’une des histoires de mon premier roman, LES PAPAS ET LES MAMANS. Et il y a dans BIEN LE SILENCE PARTOUT, de multiples clins d’œil à mes travaux précédents – à commencer, là encore, par le titre. Comme disait Peter Brook, «le diable c’est l’ennui». J’essaie seulement, en changeant de support, de ne pas m’ennuyer, et de ne pas ennuyer.

Pourquoi un remake d’Angélique, Marquise des Anges ?
Je cherchais un contrepoint à l’histoire personnelle que vivait mon narrateur, et je cherchais le sujet du film qu’on lui demandait d’écrire, je suis donc allé voir dans ma bibliothèque, et je suis tombé sur la collection d’Angélique que j’avais récupérée à la mort de ma grand-mère. Je ne pouvais pas trouver mieux. Puisque je voulais que mon livre soit à la fois une histoire d’amour et de famille, et un roman d’aventures. En plus, stylistiquement, le défi m’intéressait vraiment, puisque si l’histoire est éminemment populaire, l’écriture est assez particulière, vraiment éloignée de moi. J’ai lu quelques pages et, tout de suite, j’ai su que j’avais trouvé. Encore une fois un hasard, ai-je envie de dire.

Dans ce roman en particulier, et plus généralement dans l’ensemble de vos œuvres, quelle est la part de fiction et d’autofiction ?
Entre nous, je connais peu de termes aussi crétins qu’auto-fiction. Si l’on avait demandé à Walter Scott quel avait été son modèle pour écrire IVANHOÉ, je pense qu’il aurait répondu “moi”. Et, a contrario, je suis intimement persuadé que Christine Angot, quand elle écrit, a l’impression d’être Andersen. Tout est fiction, tout est récit. Tout est vrai, tout est faux. Maintenant, il est clair que, depuis LES PAPAS ET LES MAMANS, aucun de mes personnages n’a été aussi ouvertement mon double que ce narrateur… Peut-être que j’avais besoin de créer mon Arturo Bandini à moi.. Peut-être que j’étais arrivé à un stade où je me foutais de ce que les gens pouvaient penser… Peut-être que j’avais envie d’être joueur… Je dirais, plus simplement, que la seule chose qui m’intéresse est le romanesque, et que les moyens employés pour créer ce romanesque soient vrais ou faux n’est pas une question qui m’importe. La véracité n’est pas toujours là où l’on croit. J’ai monté LES JUSTES, de Camus, et je peux vous assurer que Yanek, aussi bizarre que cela puisse paraître, m’est tout aussi proche.

Quelle est la question à laquelle vous aimeriez répondre au sujet de votre dernier roman ?

“Pourquoi avez-vous écrit ce livre ?”

Celle à laquelle vous n’aimeriez pas répondre ?

“Pourquoi avez-vous écrit ce livre ?”

Enfin, que diriez-vous aux lecteurs du BSC News pour leur donner envie de lire votre roman ?
Je ne sais pas faire ça, et on me le reproche souvent. Un producteur, très reputé, avec qui j’ai malheureusement travaillé une fois au théâtre, m’a un jour sérieusement reproché de ne pas assez “sucer” les gens – il parlait des patrons de salles, des partenaires, des financiers. Pour lui c’était un handicap, pour moi c’est une fierté. Comme ne pas prendre les spectateurs ou les lecteurs pour des cons. Ne rien avoir à “vendre’, ne “sucer” personne. Même si je ne suis pas dupe, même si je sais très bien que, généralement, c’est comme ça que ça marche… Mais moi je ne fais pas ça, ce n’est pas mon métier, et ça ne le sera jamais. Moi j’écris des romans, des pièces, des films, je fais de mon mieux, j’y laisse des plumes ; si les gens les lisent, les voient, sont touchés, je suis heureux, et si ce n’est pas le cas tant pis.

Propos recueillis par Harold Cobert / BSCNEWS.FR

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