Salon du livre de Doha : l’avis des éditeurs, des auteurs et des intervenants

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Salon du livre de Doha : l’avis des éditeurs, des auteurs et des intervenants recueillis par notre envoyé spécial, Arash Derambarsh.

Slimane Seghidour, rédacteur en chef de TV5 Monde
Rédacteur en chef du 2e réseau international de diffusion télévisuel dans le monde après CNN, il suit depuis vingt-cinq ans, l’essor spectaculaire du facteur religieux dans les affaires du monde, de l’Amérique latine à la Russie en passant par l’Europe et le Proche-Orient. Il est chargé de cours à Sciences Po (Menton et Poitiers) où il assure un séminaire de « géopolitique des religions ».
Il a notamment publié « La vie quotidienne à La Mecque, de Mahomet à nos jours » (Hachette, 1989), prix Clio d’Histoire ; « Le voile et la bannière » (Hachette-Pluriel, 1990) ; « 50 mots de l’islam » (Desclée de Brouwer, 1990).
L’affaire des caricatures de Mahomet, la polémique sur les « racines chrétiennes » de l’Europe, la révolte des moines bouddhistes en Birmanie, l’épineux différend israélo-arabe autour de Jérusalem… : dans toutes les régions du monde, la religion semble jouer un rôle moteur, sans cesse croissant, dans les relations internationales.
Son intervention, au côté du grand peintre du Qatar Yousouf Ahmad, le dimanche 3 janvier sur le cinéma et son approche entre le monde arabe et la France a été remarquable. Il nous a donné ses impressions.
« Je suis ravi de voir cette superbe organisation. Il y a beaucoup de monde et les colloques sont de grande qualité. L’Emirat du Qatar fait beaucoup d’effort pour organiser cet événement. C’est un succès incontestable.
Il y a 180 millions de francophones, et la moitié est d’origine arabe. De plus, 2/3 de ces francophones sont de confessions musulmanes. Enfin, la religion musulmane est la 2e religion en France depuis la fin du 19e siècle.
Il y a donc une réelle sympathie fraternelle entre la France, le monde arabe et plus précisément avec le Qatar. »

Jean-Baptiste Dufour, Directeur export hors Belgique et France du groupe Herve de La Martinière
Il est le seul diffuseur de la délégation française présent sur le salon de Doha. Il s’occupe également de la diffusion du Seuil.
« Le salon de Doha est une nouveauté pour nous. Je trouve cette ville fascinante. C’est un marché nouveau et nous sommes venus en ami. Ce salon a lieu par une impulsion politique. Il faut donc maintenant que les acteurs de l’édition prennent le relais. Il y a beaucoup d’enfants, de femmes et l’accueil est excellent. »


Violaine Bouvet-Lanselle (Editions du Louvre)

« Je reviens avec plaisir pour la 2e fois au Qatar. J’y suis venu une première fois en novembre 2008. Nous préparons avec enthousiasme l’ouverture en 2012 du nouveau département des Arts de l’Islam au Louvre (contribution de la plupart des pays arabes dont le Qatar).
Ce pays est riche, en construction et en éternel chantier. C’est une grande fierté d’être présent au salon du livre de Doha. L’objectif est de faire avancer les projets sur l’art et notamment ceux pluridisciplinaires. »

Kattaline B.Pavlosky (Revue la connaissance des Arts)

« L’accueil est formidable. Le pavillon français est beau même si nous regrettons qu’il ne soit pas un peu plus grand. Il y a toujours du monde et les qatariens se passionnent pour la philosophie, l’histoire, le débat et la politique. Nous souhaitons développer des tas de projets (numéro spécial sur le musée d’art islamique, musée de l’orientalisme et architecture comparée entre la tradition et le contemporain). »

Philip Plisson (photographe et auteur)
Le célèbre photographe français, natif des bords de la Loire, est venu présenter la dizaine d’ouvrages publiés respectivement aux éditions La Martiniere, Michel Lafon et Le Chêne (des ouvrages sur la mer, la Garde Républicaine ou encore sur l’Egypte). Celui dont trois millions de français possèdent chez eux une illustration sur la mer nous donne ses impressions :
« Le salon de Doha est impressionnant par son affluence. Je respecte cette civilisation et il faut savoir être humble. Pour comprendre l’autre, il faut de la générosité, de la passion et de la curiosité. L’Emirat du Qatar nous gratifie d’un accueil excellent. Il y a beaucoup de beaux projets à réaliser ici. C’est un plaisir d’y participer. Mon engagement sur le terrain me permet de dire que la Terre n’est pas en danger mais c’est bien l’homme qui l’est. Il faut donc s’ouvrir aux autres en ami. »

Laurent Verron (illustrateur de Boule et Bill)
Le brillant dessinateur de BD (repreneur de Boule et Bill début 2000 après le génial Roba) est à Doha pour présenter avec son éditeur Dargaud son 4e album de Boule et Bill (« mon meilleur ami »). C’est en effet le 32e album depuis la création en 1959 pour une vente moyenne de 200 000 albums. Laurent Verron vient y dédicacer également sa nouvelle BD (« Fugitifs sur Terra II » également chez Dargaud).
Celui qui a été bercé dans sa jeunesse par ‘Le livre de la Jungle’ par Disney nous donne ses impressions :
« Ce salon est une première pour moi et je le trouve très sympa. Le dessin permet, comme la musique, de dépasser les frontières. Cela efface les différences. Il y a beaucoup de monde et les enfants sont très enthousiastes de mon travail. Boule et Bill n’est pas encore traduit en arabe mais ça serait une bonne chose. Le dessin est un divertissement, une évasion et doit apporter de la joie et du plaisir. C’est un sentiment humain, peu importe l’endroit ou on se trouve »

Maher Attar (photographe – reporter)
Ce photographe de 37 ans, français d’origine libanaise, fait un travail remarquable. Son noir et blanc est unique concernant son ouvrage sur le vieux Souk de Doha (Wakif). Il a travaillé 17 années dans l’agence de presse Sigma (Paris Match, Le Figaro, Newsweek,…) et a photographié les plus grands de ce monde (Yasser Arafat, Bill Clinton, Jacques Chirac,…).
Il utilise un appareil Holga 6 cm/6cm et un panoramique 6cm/17cm.
« L’Emirat du Qatar fait sa révolution culturelle et c’est un pays engagé. Il est jeune et ambitieux. Je suis heureux de vivre au Qatar en ce moment. Il y fait bon vivre avec mon épouse. J’ai un autre projet sur le Qatar qui va porter sur les thèmes du passé et du présent. »

Jean Mouttapa (Albin Michel – Directeur spiritualité)
« Je suis au Qatar pour le dialogue des cultures. C’est un des rares pays arabes à avoir un engagement sincère sur le dialogue des trois religions monothéistes et qui organise des colloques inter religieux de qualité. C’est donc un plaisir d’être présent au 20e salon international du livre de Doha »

Farouk Mardam Bey (Actes Sud et intervenant au colloque)
Français d’origine syrienne, Farouk est un personnage unique et que chacun souhaite avoir comme ami. Un homme cultivé au parcours exceptionnel.
Licence de droit à Damas, il débarque à Paris en 1965 pour étudier les langues étrangères à la Faculté de Caen. Il sera bibliothécaire pour intégrer ensuite en 1987 l’Institut du Monde Arabe comme conseiller culturel. Il travaillera avec les plus grands (1988-1995 : Edgard Pisani , 1995-2002 : Camille Cabana , 2002-2004 : Denis Bauchard, 2004-2007 : Yves Guéna et enfin depuis 2007 : Dominique Baudis)
Il a été éditeur chez Sinbad puis depuis 1995 chez Actes Sud.
« Le monde arabe est vaste, passionnant et les arabes aiment la France. Je crois à la démocratie, à la liberté et a l’égalité dans tous ces Etats, même s’il faudra du temps.
Si le Général de Gaulle et Jacques Chirac représentent des icônes dans le monde arabe, Nicolas Sarkozy n’envoie pas des signes positifs. Je pense au scandaleux discours de Dakar ou à ce débat contre-productif sur l’identité nationale.
Quoi qu’il arrive, c’est un honneur d’être invité Salon International du livre de Doha ».

Propos recueillis par Arash Derambarsh, notre envoyé spécial à Doha

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