« We Want Miles » – l’exposition sur Miles Davis en grande nature jusqu’au 17 janvier

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Partagez l'article !«Miles Davis nous a appris l’impuissance de la technique face à la puissance du désir» – Keith Jarrett Miles Davis (1926-1991), trompettiste noir américain, dit  » Le Sorcier  » dit  » Le Prince des Ténèbres  » dit  » Le Picasso du Jazz  » est de retour à Paris, à la Cité de la […]

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«Miles Davis nous a appris l’impuissance de la technique face à la puissance du désir» – Keith Jarrett

Miles Davis (1926-1991), trompettiste noir américain, dit  » Le Sorcier  » dit  » Le Prince des Ténèbres  » dit  » Le Picasso du Jazz  » est de retour à Paris, à la Cité de la Musique, lieu de son dernier triomphe, un concert sur le parvis de la Villette en juillet 1991, jusqu’au dimanche 17 janvier 2010.

Exposition à la Cité de la Musique, Paris, jusqu’au dimanche 17 janvier 2010. P

Pourquoi cette exposition s’appelle  » We want Miles! « ? Parce que c’est le titre d’un album de Miles enregistré live in concert en 1981 qui signait le retour de Miles Davis sur scène après 5 ans de silence.  » Dieu t’a donné un don pour la musique, Miles. Si tu ne l’exerces pas, il va te le retirer  » lui avait dit son Maître et ami, Dizzy Gillespie.

Pourquoi  » Le Sorcier « ,  » Le Prince des Ténèbres  » ? Parce que ce sont deux titres  » Sorcerer « ,  » Prince of Darkness  » qui figurent sur l’album  » Sorcerer  » avec le dernier quintette acoustique de Miles Davis:

Miles Davis, trompette
Wayne Shorter, saxophone ténor
Herbie Hancock, piano
Ron Carter, contrebasse
Tony Williams, batterie
et que ces titres lui collent à la peau.

Pourquoi  » Le Picasso du Jazz « ?
Parce que comme Pablo Picasso, et Serge Gainsbourg d’ailleurs, Miles Davis changeait radicalement de style tous les 10 ans tout en restant lui même.  » You are under arrest  » c’est le titre d’un album de Miles Davis (1985) et d’un album de Serge Gainsbourg (1987).
Concrètement, si vous avez oublié votre casque audio, la Cité de la Musique vous en prête un le temps de la visite.

Qu’y a t-il à voir et à entendre?

Des objets de culte: trompettes, tenues de scène, partitions, pochettes d’albums, enregistrements. Des cérémonies de culte: les concerts de Miles Davis.
J’ai vu Miles Davis sur scène à la salle de Robien à Saint Brieuc, Côtes d’Armor, Bretagne le vendredi 26 octobre 1990 dans le cadre du festival Art Rock. J’y emmenais mon frère dont c’était le cadeau d’anniversaire la veille de ses 12 ans. Nous nous en souvenons encore.
J’ai passé 4h à l’exposition de 14h à 18h un dimanche. Quand je me suis fait expulser à la fermeture, je n’avais pas encore tout vu ni tout entendu et je n’ai pas regardé l’heure un instant. l va falloir que j’y retourne.
Je ne vais pas raconter la carrière de Miles Davis. L’expo le fait TRES bien. Juste mes coups de coeur.
D’abord, il y a beaucoup de monde et beaucoup de parents avec leurs enfants. C’est bien. Le message passe.
Ensuite, pour le fan que je suis, c’est un Paradis. Plonger sur grand écran dans le quintette acoustique de Miles en Allemagne en 1967, dans le concert à l’île de Wight en 1970 ( 600 000 spectateurs) record absolu pour un Jazzman, dans celui de Tokyo en 1973 avec Dave Liebman aux saxophones (  » Miles, qu’est ce que je fais, moi un Blanc Juif Newyorkais, à jouer du Funk avec tous ces Noirs? »  » Les gens aiment voir tes doigts bouger vite sur le saxophone, Dave « ), dans celui de Paris à la Villette en 1991, ce sont des expériences hyperbolicsysquadellimystic (Isaac Hayes).
Cela peut faire peur, impressionner, émerveiller mais cela ne laisse pas indifférent.
En plus de l’exposition, toute une série de concerts rend hommage au Sorcier. Miles étant plus un interprète, un meneur d’hommes qu’un compositeur, un arrangeur, jouer Miles sans Miles ne m’intéresse pas. A tort ou à raison, je n’irai pas à ces concerts.

La visite peut être guidée par des musiciens, des musicologues.
Des films ont été projetés. J’étais à l’après-midi du dimanche 1er novembre où fut passé  » Miles Davis electric. A different kind of blue « . C’est à mon avis LE documentaire qu’il faut voir et revoir sur Miles Davis. Il tourne autour du concert donné à l’île de Wight le 29 août 1970 devant 600 000 spectateurs lors du dernier grand festival rock des 60’s. C’est sur l’île de Wight que mourut Victoria, reine d’Angleterre et impératrice des Indes en 1901. C’est sur l’île de Wight que le Royal Yacht Club tient chaque année les régates de Cowes.
Sur ce fleuron de l’aristocratie anglaise dans la Manche, 600 000 jeunes étaient réunis pour écouter du Rock, du Fok, de la Pop quand débarquèrent Miles Davis et ses hommes.
Chick Corea: Fender Rhodes
Keith Jarrett: orgue Hammond
Dave Holland: guitare basse électrique
Jack de Johnette: batterie
Airto Moreira: percussions
Gary Bartz: saxophones alto, soprano
Après 37 minutes d’un concert qui laissa le public K-O, Miles Davis à qui un journaliste demandait comment appeler cette musique répondit  » Call it anything  » (Appelez la n’importe comment).
Tous les musiciens présents à ce concert témoignent sur ce que cela représentait de jouer avec Miles à l’époque. Passer du Jazz au Rock’n Roll, de l’acoustique à l’électrique. Carlos Santana joue le maître de cérémonie expliquant, avec l’aide de sa guitare, les influences réciproques entre Miles et les rockers (Santana, Hendrix…). D’autres musiciens de Miles témoignent: Herbie Hancock, Dave Liebman, Pete Cosey (guitariste qui joua de 1973 à 1975 avec Miles). Après une longue et belle introduction, le concert lui même puis deux hommages improvisés en solo par Airto Moreira puis Herbie Hancock terminent le film. Ca se trouve en DVD chez tous les marchands de musique dignes de ce nom.
Comme il est écrit dans le texte de présentation de  » Bitches Brew  » (1969), l’album le plus stupéfiant de Miles,  » Dans le jazz moderne, Miles Davis définit les termes. C’est son boulot « .

Il est rare de rencontrer un êre humain plus grand que la vie (larger than life comme disent les Américains). Miles Davis en faisait partie.  » Une légende, c’est un vieil homme avec une canne qui est connu pour ce qu’il a fait. Moi, je le fais toujours  » (Miles Davis). Il le fait à la Cité de la Musique jusqu’au 17 janvier 2010 et, franchement, ça le fait.

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