« Le magasin des suicides » de Jean Teulé fait toujours son effet

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 » -Il est puni. Quand ,à l’école, on lui a demandé ce qu’étaient les suicidés, il a répondu: « Les habitants de la Suisse. »

Imaginez-vous pire nouvelle que l’arrivée importune d’un nouveau-né souriant? Accepteriez-vous qu’il grandisse avec une bonne humeur communicative qu’il irradie autour de lui?!

L’arrivée d’Alan est un cauchemar pour la famille Tuvache qui depuis des générations entend bien ne faire naître que des futurs dépressifs ou suicidaires!!!
Dans leur magasin « où n’entre jamais un rayon rose et gai », on trouve tous les articles pour réussir sa mort quand on a raté sa vie. Et le quotidien de la famille, bercée par les aspirations morbides de ses clients, se teint de touches macabres et noires qui enchantent les parents. Ami lecteur, tu ne manqueras pas de rire devant la description des accessoires impossibles et cruellement efficaces que propose la quincaillerie d’un genre un peu spécial que tiennent les Tuvache.
Chez les Tuvache, on sait ne pas dire bonjour, on sait apprivoiser les visages soucieux d’en finir et les soulager. Mais là, face à ce bout de chou intrépide et insupportable de bonne humeur, on en perd tout son latin et ses bons principes!
Et c’est cela, toute l’exquise saveur du roman de Jean Teulé. A mi-chemin entre la famille Adam’s et la famille Groseille, voici les Tuvache !
Vous n’allez pas y croire et résister, même, au plaisir d’offrir par la suite ce roman étonnant! Car il explose de positivisme sous-jacent et que ça fait du bien de rire de tout.
« Accrochés au plafond, des tubes au néon éclairent une dame âgée qui s’approche d’un bébé dans un landau gris:
-Oh, il sourit!
Une autre femme plus jeune -la commerçante- assise près de la fenêtre et face à la caisse enregistreuse où elle fait ses comptes, s’insurge:
– comment ça, mon fils sourit? Mais non, il ne sourit pas. ce doit être un pli de bouche. Pourquoi il sourirait? »

Julie Cadilhac

Jean Teulé
« Le magasin des Suicides »
Editions Julliard
157 pages

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