De l’île de Ré et des salons du livre

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Il était une petite île coupée du monde. On y venait par le bac, il fallait attendre des heures, histoire de mériter ses vacances. Aujourd’hui, l’île de Ré a changé. L’été, au Sud, Saint-Martin, la capitale, ressemble de plus en plus à Saint Tropez. La Flotte garde son cachet, le maire y est pour beaucoup. Au Nord, ambiance gauche caviar à Ars, droite sardines à l’huile, aux Portes-en-Ré. Le village de Loix est des plus très prisés. Laurent Deutsch vient d’y acheter une maison. Vincent Lindon y joue à la pétanque et retrouve sa bande : Elie Chouraqui, André Dussolier et Fabrice Luchini, Jean-Louis Dabadie, Patrick Chesnais et sa femme Josiane Stoléru, Jean Becker… Sandrine Kimberlain a choisi une maison de pêcheurs au cœur des Portes-en-Ré. Alors que sa mère, Sonia Rykiel, passe depuis des années une partie de ses vacances à Ars chez Régine Deforges, Nathalie Rykiel s’est décidé à acheter une maison à Ars. Emmanuelle Béart, Valérie Kaprisky, Vanessa Paradis et Johnny Deep louent une maison dans ce triangle d’or. Incognito, Jean-Pierre Raffarin passe quelques jours chez son frère. Claude Rich descend à l’hôtel à Saint-Clément avec sa femme et son labrador, en compagnie de son copain, Jean-Pierre Marielle.

Mais revenons à ceux qui font l’événement cet été. Le journal local très couru, Le Phare de Ré, a fêté ses 60 ans, le 4 juillet avec quatre cents invités dont l’artiste Richard Texier, Allain Bougrain Dubourg et Jean-Louis Fouquier, fondateur des Franco Folies. Un salon du Livre, l’île aux Livres, se tiendra le 7 et 8 août au Bois-Plage. Bernard Giraudeau sera président, PPDA, parrain. Les vacanciers pourront rencontrer l’actrice, Astrid Veillon, Julia Kristeva (qui fera une conférence sur « Le second sexe aujourd’hui »), Richard Bohringer, Alain Mabanckou, Michèle Reiser, Gonzague Saint Bris ( qui parlera de François 1er), Allain Bougrain Dubourg, Régine Deforges, Eric Fottorino, Dan Franck, Jean Becker, Vénus Khoury-Ghata, Jacques Pradel, Philippe Besson, David Servan-Schreiber (qui refera sa conférence favorite : Anti-cancer), Vladimir Fedorowski, Raymond Poulidor et tant d’autres.
Les vraies stars ne sont pas celles qu’on croit : la boulangère, le marchand de journaux, le vendeur de fruits et légumes près de la presse du marché de La Noue m’épateront toujours. Il faut fuir les restaurants et déguster des huîtres le long de la piste cyclable à la sortie de Saint-Martin.
Cette année, je quitterai mon île adorée plus tôt que prévu pour Cabourg où aura lieu le 12 août, un autre salon du Livre. Le Prix Cabourg du Roman 2009 sera remis à François Cérésa pour «Les moustaches de Staline » (Fayard) qui se passe à Cabourg. Philippe Alexandre et Béatrix de l’Aulnoix feront une conférence sur Anne d’Autriche, la mère du roi soleil (Robert Laffont).
Fin août, Gonzague Saint Bris recevra royalement ses invités à La Forêt des Livres. Il remettra les premiers prix littéraires de la rentrée. Gageons que Sacha Sperling sera récompensé pour son premier roman, « Nos illusions donnent sur la cour» (Fayard). Des académiciens, une poignée de journalistes, des people et le tour sera joué. Les salons, c’est comme les wagons : il y a les premières classes et les autres. Les organisateurs les créent pour se faire mousser. Les auteurs, gentils toutous, ne sont que des faire-valoir. Il suffit de lire le dernier Ravallec, « Le retour de l’auteur », (Le Dilettante) pour avoir la nausée des trains d’écrivains, des heures à jouer aux poissonniers pour vendre dix livres. Après « L’auteur », Ravallec remet le couvert et revient sur son Prix de Flore, ses virées à la bibliothèque de Becons-les-Bruyères, ses séances de photo dans l’Obs, ses passages télé. Le seul moment drôle du bouquin est quand avec Nabe et Houllebecq, ils reconnaissent que c’est bon de se branler.
Ceci dit, La Forêt des Livres reste tout de même mon salon préféré. Ca ne dure qu’une journée et Gonzague sur l’escalier de son chalet parlant chaque année des arbres qui deviennent des livres et des livres qui deviennent des arbres, ça dépote. J’ai dressé une liste des salons :
Vaut le détour : Nancy, Oscore, Brive (pour le train du cholestérol), Saumur, Arcachon, Limoges, Metz, Saint Malo, Cosne-sur-Loire (pour l’accueil), Trouville (pour le casino). A éviter : le Touquet, Saint-Etienne, Toulon, Montaigu, Nice. Il est temps de réhabiliter les salon littéraires, au temps où ces dames recevaient chez elles leurs petits protégés, comme Madeleine de Scudéry dite « Sapho »., vers le milieu du XVIIe siècle ou Julie de Lespinasse, salonnière du milieu du XVIIIe siècle, amie des encyclopédistes, comme d’Alembert ou Louise d’Épinay qui réunissait un cercle d’hommes de lettres et de philosophes éclairés, le baron Grimm, Diderot et d’Holbach. Ce sont ces femmes qui ont su développer l’art de la conversation, le goût des belles lettres et de l’esprit.

Emmanuelle de Boysson
Journaliste VSD Marie-Claire, Femmes, auteur de dix livres.
* Dernier livre paru, Ami Amie pour la vie, aux éditions du Rocher.

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