Sam Mendes ou l’Americain Way of Life derrière la porte

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Pamphlétaire accompli ou analyste décortiquant avec une subtile précision la société américaine, Sam Mendes n’en est pas moins, à l’heure actuelle, l’un des réalisateurs américains les plus talentueux de sa génération.

D’American Beauty aux Noces rebelles, il livre à chaque œuvre un regard extérieur qui nous laisse seul juge d’un spectacle pourtant contrôlé par son maître. Des thèmes abordés dans ces œuvres (la famille, les institutions, le groupe social), ne ressort que le résultat d’une longue analyse perçue par nos yeux nus comme une histoire évoquée simplement et que l’on pourrait juger, selon notre propre regard. Bien sûr, l’auteur pose son avis quelque part mais sans jamais l’imposer. Dans ces quatre films (American Beauty, Les sentiers de la perdition, Jarhead, Les noces rebelles), c’est l’Amérique qui est mise en scène, ou plutôt ce qu’elle véhicule. Un certain regard qui par de nombreux sujets, nous porte vers la même question, l’individu et le groupe, que ce dernier soit un couple ou tout simplement une organisation structurée par des règles. Et ce que forme ce groupe en chaque individu, serait-il danger ou logique des choses.
De ses thèmes abordés, Sam Mendes semble s’intéresser au mythe du rêve américain et semble vouloir le remettre dans une logique réaliste consistant à montrer l’envers du décor et ainsi à creuser dans les failles de ce dernier.
Avec American Beauty, il signe une œuvre satirique, drôle et émouvante sur cet américain moyen qui décide de péter les plombs en voyant ce qu’il est devenu.Avec, comme décor, une banlieue américaine parfaite !
Jardins impeccablement tondus, maisons en accord esthétique, voisins souriants, voitures bien garées…Et pourtant tout ce petit système ne demande qu’à exploser, cette « vitrine publicitaire » étouffe et aliène.La frustration se cache derrière tout ça, inavouée.
Cette vie en apparence bien ordonnée n’est qu’une image géante cachant un drame silencieux comme pour ses Noces rebelles ou, de plus, le matérialisme ambiant a triomphé des rêves. Ce couple s’aime t-il ou ne font-ils que reproduire un schéma social imposé par un système qui les fustigerait s’ils osaient vivre une vie différente, la masse: le groupe s’impose comme un modèle à suivre. Mais la camera du cinéaste nous dévoile des regards regorgeant d’envie et se cherchant dans l’autosatisfaction de leur apathie collective, si nul n’ose, tant mieux.
Sa caméra se pose pour observer ses personnages dans ce décor qui les étouffe, lieu de leurs souffrances internes.Avec Les sentiers de la perdition c’est un parcours initiatique entre un père et un fils que nous montre Sam Mendes. A travers le crime organisé des années 30, cette histoire nous conte l’histoire d’un homme en rupture avec son milieu, ce dernier étant la cause de la destruction de sa famille.
Encore une fois « le milieu » , ici, essaie de dicter la vie de cet homme, ce groupe veut diriger l’homme malgré ce qu’il a subi. Jarhead également montre ce que l’on peut faire en formant des jeunes gens en groupe, ici le corps des marines américains.Le bourrage de crâne fera de ces jeunes gens des êtres frustrés, et difficilement ré-adaptables dans la société.

Tout ce cinéma est donc une vision de l’Amérique assez subtile, qui pose certaines questions sans pour autant se poser en juge. Une analyse judicieuse qui creuse certains travers d’une société tout en essayant de mettre en scène cette dernière avec une qualité cinématographique de qualité.

Nicolas Bodou

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