Les derniers jours du monde

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Loin des communes visions apocalyptiques de la fin du monde, Arnaud et Jean-Marie Larrieu ancrent leur dernier long-métrage dans une approche sincèrement humaniste de la société actuelle.

L’argument : Alors que s’annonce la fin du monde, Robinson Laborde se remet peu à peu de l’échec d’une aventure sentimentale pour laquelle il s’était décidé à quitter sa femme. Malgré l’imminence du désastre, et peut-être pour mieux y faire face, il s’élance dans une véritable odyssée amoureuse qui l’entraîne sur les routes de France et d’Espagne.

Notre avis : Les derniers jours du monde est librement adapté du roman de Dominique Noguez, sorti en 1991. Spécialiste du cinéma underground et expérimental, l’auteur situait l’action en 2010, dans un monde en pleine crise financière et grandement menacé par une catastrophe sanitaire. Certainement parce que de nombreux aspects du récit se confirment à l’heure actuelle, Arnaud et Jean-Marie Larrieu, les deux cinéastes de Peindre ou faire l’amour et Un homme, un vrai, ont décidé de ne pas maintenir l’avancée temporelle ; le récit est donc contemporain. Le futur n’existe plus puisque le temps s’est arrêté au présent.

Arnaud et Jean-Marie Larrieu relatent la fin du monde, mais sans en faire une catastrophe apocalyptique spectaculaire. La destruction est plus insidieuse et sournoise ; les hommes n’en sont pas les victimes mais les coupables, responsables de leur inconséquence. Au milieu du désordre et de la panique, il nous est proposé de suivre Mathieu Amalric qui célèbre avec grâce sa troisième collaboration avec les deux réalisateurs. Conscient qu’espérer une échappatoire est un leurre, son personnage dans Les derniers jours du monde poursuit une quête d’identité ; il cherche à vivre sans se trahir, tout en restant, autant que possible, fidèle à ses proches. Forcé de fuir parce que le monde se délite, les rencontres qu’il fait le font progresser et lui permet de se remettre en question. Sa fuite à travers l’Europe n’est pas l’occasion de braver les interdits ou de réaliser tout ce qu’il n’a pu faire, faute d’opportunités. Bien au contraire, cela le pousse à une introspection et lui offre la possibilité de passer outre des rapports familiaux superficiels pour approfondir les liens indéfectibles.

On retrouve dans cette quête de sens – et quelque part de salut – l’esprit lyrique et réflexif de la pièce de Jean-Luc Lagarce, Juste la fin du monde. L’homme de théâtre suggérait que la « fin du monde » n’est ni une apothéose, ni une destruction globale. Elle est en chacun de nous, déterminée par nos choix de vie. Le rapport à l’autre nous détermine et peut donc nous blesser si nous ne savons créer des relations constructives. Les derniers jours du monde expose une société où personne ne communique plus depuis longtemps et où, même dans l’adversité, chacun ne songe qu’à soi. L’égoïsme a détruit ce qui faisait le propre de l’humanité, celle-ci n’a donc plus lieu d’être. Ceux qui veulent survivre malgré tout doivent se battre pour exister. Arnaud et Jean-Marie Larrieu décrivent ainsi l’individu comme source de son malheur mais capable de progression, loin d’un manichéisme simpliste et moraliste. Juste brillant.

Marie Benezech

L’actualité du Cinéma en partenariat avec AVOIR A LIRE

  • Site officiel du film – http://www.lesderniersjoursdumonde.com/
  • Réalisateur – Arnaud & Jean-Marie Larrieu
  • Avec – Sergi Lopez – Karin Viard – Catherine Frot – Mathieu Amalric – Clotilde Hesme …Plus
  • Genre – Comédie dramatique
  • Date de sortie 19 août 2009
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