Les grandes histoires criminelles

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Les grandes histoires criminelles, De Pierrot le fou à l’affaire d’Outreau
Christophe Hondelatte, Bruno Heckmann, Danièle Dulhoste, Emmanuel Caen
Editions Hors Collection
« Je n’ai pas de passion pour le crime, et encore moins de fascination. Juste de l’intérêt pour cette poignée de secondes qui constitue ”le passage à l’acte”. […] C’est ce moment-là qui est intéressant, cet instant où la morale, l’éducation, la peur du gendarme et le désir de rester libre ne jouent pas leur rôle protecteur. »

Ils s’appellent Patrick Henry, Guy Georges, Thierry Paulin, Patrice Allègre, Emile Louis, Francis Heaulmes, pour n’en citer que quelques-uns.
Des noms qui ont marqué à jamais l’histoire et nos esprits de leur empreinte meurtrière. Des noms synonymes d’horreur et d’impardonnable, dont la simple évocation continue de nous faire frissonner. Et la liste n’est malheureusement pas exhaustive.
Dans ce livre, et en sa qualité de journaliste d’investigation, Christophe Hondelatte revient sur les plus grandes affaires criminelles du siècle. Avec la précision, la rigueur et le discernement qu’on lui connait déjà dans les émissions « Faites entrer l’accusé » et « Au-delà du crime », qu’il présente sur France 2, il retrace de façon circonstanciée le parcours de criminels en tous genres.
En quelques pages, il décortique une à une quarante affaires qui ont marqué la France depuis les années 1950, nous livrant également son avis sur la façon dont la justice a traité chacune d’elle.

« Pourquoi eux et pas nous ? »
Voilà une question à laquelle il est difficile d’échapper lorsqu’on s’interroge sur le profil de ces hommes et de ces femmes capables du pire. C’est précisément à cette question que Christophe Hondelatte tente de répondre tout au long de l’ouvrage, en posant un regard nouveau, plus humain, sur ces crimes qui ont défrayé la chronique.
Pour comprendre ce qui nous différencie de ces êtres desquels nous sommes pourtant, à première vue si semblables, comprendre ce qui les amène, un jour, à basculer dans le crime, le journaliste évoque le manque d’amour. Il nous emmène ainsi dans l’intimité des grands criminels, en prenant soin toutefois de nous rappeler l’attention qu’il faut porter aux victimes.
« Le tueur manque d’amour. Le tueur crève de manque d’amour. Il ne sait pas la valeur de la vie des autres puisqu’il n’a pas connu l’amour le plus fort, l’amour fondateur : celui de sa mère ! »
Une théorie qui semble se vérifier à la lecture du récit de chacune de ces affaires, que viennent compléter une biographie des assassins ou présumés assassins, des coupures de presses de l’époque, des photographies d’archives, ou encore des documents annexes souvent inédits.
Nous nous trouvons plongés, tour à tour, au cœur de crimes passionnels, de braquages spectaculaires, de pulsions psychopathes, de procès médiatiques, d’affaires non résolues, ou encore de fiascos judiciaires.

Nous découvrons avec effroi la personnalité perverse – dissimulée derrière une bienveillance et un dévouement apparents – de Guy Desnoyers, ce prêtre capable des actes les plus atroces ; mais aussi celle de Patrick Henry, ce « monstre » de 22 ans qui tua de sang-froid le petit Philippe Bertrand, âgé de 8 ans. Dans un premier temps relâché faute de preuves, il en profitera pour multiplier les déclarations publiques et interviews, affirmant sans vergogne « Ceux qui ont fait ça sont des salauds. Ils méritent la peine de mort. », ou encore « On n’a pas le droit de s’attaquer à des enfants. ». Un cynisme qui fait froid dans le dos lorsqu’on connaît l’issue dramatique de l’affaire.
Nous plongeons dans l’atmosphère pesante de l’affaire Mesrine, l’ennemi public numéro 1 des années 1970, qui enchaînera cavales, braquages, meurtres, arrestations et évasions ; puis dans celle des disparus de Mourmelon, récit d’une enquête emplie de négligences et d’un procès incroyablement tardif… qui n’aura finalement pas lieu, Pierre Chanal décidant de mettre fin à ses jours la veille.
Nous revivons également le cauchemar de l’affaire Grégory, que la justice n’a pas su élucider, « comme si, en ce milieu des années 1980, les journalistes français avaient voulu donner en une affaire le pire d’eux-mêmes », commente Christophe Hondelatte.
Nous tentons de comprendre les motivations de Jean-Claude Roman, ce faux médecin et vrai tueur à l’histoire rocambolesque ; mais aussi les raisons qui ont coûté 15 années de liberté à Patrick Dils, pour un crime qu’il n’avait matériellement pas pu commettre et dont il a, par la suite, été acquitté…

L’auteur s’interroge sur certains verdicts, comme celui de l’affaire Marie Besnard, accusée d’être « l’empoisonneuse du siècle », puis finalement acquittée, au terme de trois procès rythmés par des batailles d’experts, des rumeurs, et des débats confus. Et que dire du cas d’Yvonne Chevallier, cette meurtrière devenue, aux yeux de l’opinion publique, la victime d’un mari absent et adultère, et finalement déclarée non coupable bien qu’ayant reconnu son crime ?!

Un ouvrage passionnant, bouleversant, et solidement documenté, qui pose des questions essentielles, et nous emmène à la rencontre de ce que l’être humain a de plus sombre, de plus pervers et de plus machiavélique.

Mélina Hoffmann
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