Claire de Brume

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Clair de Brume – Vincent Meunier, Michel Munier, Laurent Joffrion
Editions Hesse

« Dans l’atmosphère humide des tourbières, sur les crêtes ventées ou en lisière des hautes chaumes, parfois au plus profond d’obscures forêts, ils photographient patiemment des scènes d’exception. Des scènes de vie d’une infinie quiétude où l’animal se révèle discrètement dans une nature souvent évanescente. Juste une silhouette qui se fond dans la brume, un mouvement furtif sur la neige, une ombre entre les arbres, des sensations. »

Clair de brume, le titre nous transporte déjà et laisse s’échapper notre imaginaire…
Dans une démarche à la fois naturaliste et artistique, les deux auteurs nous racontent avec beaucoup de poésie et d’humilité les années passées à observer patiemment leurs Vosges natales.
Si les plus paresseux d’entre nous se dispensent généralement de lire les quelques pages d’écriture qui introduisent un livre de photos, il serait particulièrement dommage de le faire dans le cas présent. Lisez les premières lignes, et vous vous surprendrez à dévorer les suivantes, et même à les relire ! Il s’agit d’un véritable éloge fait à la nature, tout en poésie.

En nous plongeant au cœur même de cette nature si singulière, objet de leur passion, ce père et son fils nourrissent l’espoir secret de susciter l’émotion, premier pas vers la sensibilisation. Plus qu’un livre de photos il s’agit pour eux d’un appel à la préservation de la nature sauvage, dans laquelle les chamois côtoient les cerfs, les renards, les lynx, ou encore les chats sauvages, tandis que les mésanges volent entre les pins, les sapins, les épicéas et les hêtres. Et puis il y a le grand Tétras, oiseau symbole des forêts anciennes dont la population ne cesse malheureusement de chuter, comme tant d’autres…
« Faut-il perdre espoir ? » C’est la question que se posent les auteurs face à la menace qui pèse de plus en plus lourdement sur cette faune et cette flore si précieuses à leurs yeux.

« Nuages incandescents, paysages vaporeux, visions furtives. Ce n’est plus la nuit, et pas encore le jour ; c’est l’aube avec toutes ses promesses. Un commencement. »
Matin d’automne, pluie d’avril, nuances d’hiver…
Les auteurs souhaitaient avant tout que leurs photos soient « fidèles aux émotions perçues dans l’intimité d’un monde où l’obscurité est animée, où l’hiver n’est pas triste, où la brume magnifie l’invisible ».
A travers 110 photographies, ils nous dévoilent les Vosges sous leurs jours les plus secrets et dans le plus grand respect de cet environnement fragile. Les droits d’auteur sont d’ailleurs reversés au Groupe Tétras Vosges, qui agit pour l’intégrité des écosystèmes sylvestres de la montagne.
Loin de la perfection et du détail, ils nous emmènent dans les secrets et les merveilles d’une nature obscure, sauvage, que la brume recouvre parfois comme un voile mystérieux.
La nuit, la lune veille sagement. Puis l’aube apparaît, délicate et silencieuse, pour redonner vie à cette nature endormie et paisible, où l’on peut apercevoir au loin une silhouette immobile, une forme aux mouvements imperceptibles. Une harmonie parfaite que rien ne semble pouvoir troubler. On perçoit, à travers ces photos envoûtantes, le mouvement, le souffle du vent, les battements d’ailes des oiseaux, le silence…
La lune, le soleil, la brume, les nuages créent leur propre gamme de couleurs, leurs nuances en imprégnant les lieux de leur présence. Ce sont eux qui donnent forme aux choses, chacun à leur manière.
L’ensemble est assez sombre, mais la magie est là. Nos yeux s’attardent sur chacun de ces splendides paysages tandis que notre esprit s’évade…

« Libre ensuite à chacun de s’immerger sans retenue dans la contemplation de ces univers si singuliers, peut-être voués à disparaître. Peut-être… ».

Mélina Hoffmann

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