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Christophe Hondelatte – Interview

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Partagez l'article !Christophe Hondelatte, vous êtes à la fois journaliste, animateur de télévision et de radio, et à présent auteur. Quel est le fil conducteur qui relie tous ces rôles entre eux et quelle est votre priorité ? Je n’ai pas plusieurs casquettes…Mais une seule. Je suis journaliste. Dans tout ce que je fais à […]

propos recueillis par

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Christophe Hondelatte, vous êtes à la fois journaliste, animateur de télévision et de radio, et à présent auteur.
Quel est le fil conducteur qui relie tous ces rôles entre eux et quelle est votre priorité ?

Je n’ai pas plusieurs casquettes…Mais une seule. Je suis journaliste. Dans tout ce que je fais à la radio et à la télévision, je fais le même métier.

Pouvez-vous nous dire quelques mots sur votre parcours ?
Un parcours classique : radios locales privées, locales de Radio France, France, Info, France Inter, la télé qui arrive après 15 ans de radio, puis RTL … Un parcours en pente douce …

Comment vous est venue l’idée de ce livre ? Est-ce, pour vous, l’aboutissement logique de votre émission «Faites entrer l’accusé» ?
Absolument, c’est un complément quoi qu’un certain nombre d’affaires évoquées dans le livre n’ont pas fait l’objet d’une émission. Pour pouvoir interviewer les protagonistes de l’affaire, et disposer d’archives télé, nous n’allons pas au delà de 1975.

Vous dites au début du livre : « Longtemps, je le confesse, j’ai manifesté plus d’attirance pour la personnalité de l’assassin que pour celle de sa victime. Péché de jeunesse qui me fait honte aujourd’hui ». Quel a été le déclencheur de cette passion hors norme pour les criminels ?
Je ne revendique aucune « passion » pour la matière. Les faits divers sont un sujet qui m’intéresse parmi d’autres. Mais il est clair que c’est un formidable « belvédère » pour observer l’évolution de la société …

Quelle relation entretenez-vous avec Dominique Rizet, qui apparaît à vos côtés dans chacune de vos émissions ?
Nous sommes amis, et c’est normal depuis 9 ans que nous travaillons ensemble. Dominique a des réseaux incroyables dans la police et la gendarmerie, et c’est aussi une belle personne.

L’affaire Lucien Léger montre que les criminels sont parfois en quête de reconnaissance et de notoriété. Outre l’engouement médiatique qu’ils suscitent, le fait de les immortaliser en leur attribuant des surnoms tels que Pierrot le fou, l’Etrangleur, ou encore le beau Serge, ne contribue-t-il pas à alimenter cette quête ?
Contrairement à ce que vous semblez penser, il est très rare que des criminels soutiennent nos films. Hormis quelques tueurs « pathologiques » et au bord de la démence, ils font en général tout ce qui est dans leurs pouvoirs pour qu’on les oublies.
Yvonne Chevallier acquittée alors qu’elle a reconnu sa culpabilité dans le meurtre de son époux ; Pierre Chanal qui se suicide avant d’avoir pu être jugé ; Omar Raddad, condamné malgré une enquête foisonnante d’incohérences, avant d’être gracié par Jacques Chirac en 1996 ; les « treize acquittés d’Outreau » humiliés, accusés à tort de pédophilie et placés en détention pendant dix-huit mois, jusqu’à trois ans pour certains…
Laquelle de ces issues vous est la plus insupportable ?
J’ai du mal à accepter que Chanal n’ait pas été jugé, et que la justice l’ait laissé se suicider. Sa mort est un fiasco total pour notre système judiciaire. Quand à Omar Raddad, il n’a pas été gracié par le président de la république comme vous le dites, sa grâce reste « partielle », il n’a été dispensé que de l’exécution de sa peine, mais en droit il reste coupable du meurtre de Mme Marchal. Quoi qu’il en soit c’est sans doute le sort des accusés d’Outreau qui me touche, me peine et me révolte le plus. Vous ne pouvez pas imaginer le nombre de personnes qui croient encore qu’ils sont coupables. Le mal est fait, et il est irréparable !

Quelle affaire, s’il en est une, vous a le plus marqué, ému, intrigué, ou fasciné ?
C’est l’affaire d’Outreau. Tous les protagonistes que j’ai pu rencontrer, sont marqués à vie.

Parvenez-vous à prendre du recul après vous être immergé dans l’une ou l’autre de ces affaires criminelles ? Cela ne vous affecte-t-il pas dans une certaine mesure ?
C’est mon métier, et parler aux victimes ne me pèse pas. Cela nourrit ma réflexion sur l’humanité. C’est une source de richesse formidable.

Comment percevez-vous le succès de l’émission ? Auriez-vous souhaité sa diffusion à une heure de grande écoute ?
Faites Entrer l’Accusé n’a jamais eu vocation à être diffusée régulièrement en 1 ère partie de soirée. Elle peut l’être de temps en temps… Mais définitivement ça n’est pas une émission pour les enfants !

Quels livres peut-on trouver sur votre table de chevet ?
Aucun, je ne lis pas dans mon lit !

Avez-vous eu un coup de cœur en librairie récemment ?
Oui, grâce à Cali, j’ai découvert un écrivain à coté duquel j’étais complètement passé, il y a 5 ans : Diastème. La lecture il y a quelque semaines de son roman « 107 ans » marque un tournant dans ma vie de lecteur, et de journaliste : comment le « système » a t-il pu passer à coté d’un aussi beau livre ? Sinon je viens d’achever la lecture des mémoires de Claude Lanzmann (Le livre de Patagonie) : ce fut long ( 550 pages) mais fascinant. Cette génération de journaliste me fascine.

Avez-vous d’autres projets littéraires à l’heure actuelle ?
Non, je ne suis pas sur d’être doué pour l’écriture… un beau livre de temps en temps peut-être, mais il faut connaître ses limites.

Propos recueillis par Mélina Hoffmann

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