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Audrey Diwan

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Partagez l'article !photo Sébastien Dogidon/ Flammarion Audrey, vous avez plusieurs casquettes : journaliste, chroniqueuse chez Glamour et auteur. Quel est le fil conducteur qui relie entre eux tous ces rôles ? Vous oubliez scénariste! L’activité qui occupe la majeure partie de mon emploi du temps aujourd’hui. Deux choses relient ces activités entre elles : la […]

propos recueillis par

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photo Sébastien Dogidon/ Flammarion
Audrey, vous avez plusieurs casquettes : journaliste, chroniqueuse chez Glamour et auteur. Quel est le fil conducteur qui relie entre eux tous ces rôles ?

Vous oubliez scénariste! L’activité qui occupe la majeure partie de mon emploi du temps aujourd’hui. Deux choses relient ces activités entre elles : la plume et le plaisir. Je me paie le luxe de ne faire que ce qui m’intéresse ou qui m’amuse. Et puis, je suis un peu workaholic sur les bords, j’aime que mon emploi du temps soit au bord de l’implosion. C’est aussi pour cette raison que j’ai plusieurs métiers.

En tant qu’éditrice, comment expliquez-vous toutes les difficultés que rencontrent les auteurs inconnus pour publier leurs livres?

Je ne vais pas me faire que des amis mais à un moment il faut dire la vérité : Il est rare qu’un bon manuscrit ne trouve pas d’éditeur. Ça doit arriver occasionnellement. Surtout quand il s’agit de textes expérimentaux. Les autres sont lus. Il y a des services de lecteurs dans toutes les maisons, des gens qui sont payés pour jauger la qualité des manuscrits reçus par la poste. La maison d’édition qui refuse de lire les textes d’auteurs anonymes, c’est un mythe qui a pour seul but de rassurer ceux qui ne trouvent pas d’éditeur…. Pourtant ce n’est pas grave de se voir refuser un texte. Il faut quand même garder en tête que la plupart des auteurs que l’on lit ont d’abord écrit des romans qui ne sont jamais sortis. Et il faut souvent plusieurs essais avant d’être publiés. Moi, j’ai un premier (mauvais) roman dans mes tiroirs.

Quels conseils donneriez-vous à nos lecteurs qui cherchent à publier?

Il faut envoyer le texte à un choix assez large de maisons d’édition, tout en essayant de comprendre la ligne éditoriale de chacune (certaines aiment les histoires intimes, autobiographiques, d’autres sont plus tournées vers la pure fiction, d’autres encore vers l’expérience littéraire. Bref, elles ont toute une identité). La publication, c’est d’abord une histoire de coup de foudre entre un auteur et un éditeur. Il faut juste réussir à trouver celui qui va aimer sincèrement le roman, le comprendre et le soutenir. Il se peut que 9 éditeurs passent à côté et que le 10ème tombe complètement sous le charme.

Audrey, qu’est ce qui vous a poussé à écrire?

Je n’ai jamais imaginé faire autre chose de ma vie. Je me suis plongée dans la lecture à 6 ans et n’en suis jamais ressortie. A cet âge-là, je pensais déjà en faire un métier. Parfois, je trouve même inquiétant de n’avoir jamais remis en cause ce désir.

Votre sujet de prédilection dans votre livre  » La Fabrication d’un mensonge » est la perte de repère pour l’héroïne Lola fuyant une vie qui l’ennui. Y-a t-il une part d’autobiographie?

Oui, j’ai rencontré une fille qui ressemblait à Lola, une folle qui provoquait continuellement des catastrophes sur son passage. J’avoue que je l’ai suivie avec un certain plaisir. Je me méfie des jours où il ne se passe rien de spéciale J’aime trop les moments où le quotidien déraille.

Vous semblez apprécier la littérature avec des auteurs comme Chuck Palahniuk ou John Kennedy Toole. Qu’est ce que vous trouvez dans cette littérature qui vous plaît?

J’aime plein d’autres choses, en réalité. Chez eux, j’aime la manière de jongler avec la langue et de détourner les codes de la société américaine pour mieux la mettre en lumière (beaucoup d’autres auteurs jouent à ce petit jeu avec un certain talent). Mais j’aime aussi Annie Ernaux, Antoine Blondin, André Hardellet. Comme tous ceux qui lisent beaucoup, j’ai eu des périodes, flirté avec des genres que j’ai ensuite abandonné pour en découvrir d’autres. La littérature, c’est quand même une affaire de promenade.

Dans votre dernier livre, paru chez Flammarion, votre histoire nous emmène aux côtés d’Eugénie Mars, une femme de 59 ans quittée par son mari et qui s’accroche à un jeune serveur de restaurant. On y découvre la cohabitation de l’héroïne avec ce jeune homme. C’est dur, émouvant. Qu’est ce qui vous a plus dans la façon d’écrire cette relation complexe dans laquelle se lance Eugènie?

Etrange question. J’ai aimé avoir 58 ans comme mon héroïne, j’ai aimé imaginer que c’était un bon âge pour devenir une héroïne, reprendre sa vie en main et se mettre à commettre des actes hors norme. C’est quand même l’histoire d’une femme qui vivait en marge de la vie (son mari l’a quittée, sa fille lui parle à peine et elle n’a pas vraiment d’amies…) qui décide de s’acheter un jeune homme pour un an et redevient le centre du monde grâce à ça. Le sujet était glissant, le livre aurait pu être glauque. J’ai aimé y chercher une forme de beauté fragile et faire naître entre ces deux personnages une relation plus complexe que celles basées sur le sexe ou l’amour fou.

Pour finir, que diriez-vous aux lecteurs du BSC NEWS pour les inciter à lire votre dernier livre « Autre côté de l’été » chez Flammarion ?

S’ils ne le lisent pas, je fais une grève de la faim.

Propos recueillis par Nicolas Vidal

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