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Jean-Baptiste Del Amo, l’interview

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Partagez l'article ! Entretien avec Jean-baptiste Del Amo, ce jeune auteur français de 27 ans qui réalise une entrée fracassante sur le devant de la scène littéraire française. C’est la prestigieuse maison d’édition Gallimard qui lui a offert la chance de défendre son talent. Par Nicolas Vidal Jean-baptiste, vous êtes l’un de ces rares auteurs […]

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Entretien avec Jean-baptiste Del Amo, ce jeune auteur français de 27 ans qui réalise une entrée fracassante sur le devant de la scène littéraire française.

C’est la prestigieuse maison d’édition Gallimard qui lui a offert la chance de défendre son talent.

Par Nicolas Vidal

Jean-baptiste, vous êtes l’un de ces rares auteurs qui se font une place dans le monde éditorial en envoyant votre manuscrit par la poste. À l’origine de ce succès, qu’est-ce qui vous a poussé à écrire?

À l’origine, il y a l’apprentissage d’une liberté par la lecture. Est-il possible de trouver un instant ou un élément qui pousse à l’écriture ? Elle s’inscrit progressivement dans une vie et ne se pose pas comme un choix mais comme un besoin impérieux. Elle est l’espace de tous les possibles, un temps d’impudeur nécessaire. Un exutoire.

D’après vous, qu’est ce qui fait la différence dans votre texte pour séduire Gallimard et les décider à vous publier?

C’est une question qu’il faut poser à mon éditeur plus qu’à moi. Le comité de lecture a jugé que le texte présentait un intérêt et pouvait s’intégrer dans la ligne éditoriale de Gallimard.

Comment expliquez-vous toutes les difficultés que rencontrent les auteurs inconnus pour publier leurs livres?

Il existe des éditeurs qui publient des textes d’auteurs ne bénéficiant pas de réseaux particuliers et qui sont parvenus par La Poste. Contrairement à ce que l’on veut nous faire penser, je ne crois pas qu’un éditeur tel que Gallimard publie un texte au regard du curriculum vitae et du carnet d’adresse de son auteur. Il suffit de regarder le catalogue de la Blanche pour s’en convaincre. Le nombre de manuscrits reçus chaque semaine par les éditeurs est colossal. Il y a beaucoup de prétendants, tous ne peuvent être édités. Les critères de sélection sont – du moins pour certaines maisons – un gage de qualité éditoriale.

Quels conseils donneriez-vous à nos lecteurs qui cherchent à publier?

Mes conseils ne seront pas des plus avertis. Je ne suis pas éditeur, et je n’ai publié qu’un roman. Je dirais qu’il faut écrire par nécessité, avec passion, talent et honnêteté vis à vis de soi et des autres. La capacité de remise en question et l’humilité sont, je pense, de vrais atouts. L’appréciation d’un texte est toujours subjective. Il ne faut pas se décourager face aux refus, tout en cherchant à en comprendre les raisons. Certes, il y a les lettres types mais il existe aussi des éditeurs qui prennent le temps de répondre et de conseiller. Enfin, nombre de concours et de prix existent partout en France et sont autant d’occasions de soumettre un texte à un jury, souvent composé d’écrivains et de lecteurs.

Votre vie a t-elle changé du tout au tout après ce succès?
La parution d’un livre est un chamboulement, mais une fois passée la rentrée littéraire, je suis de retour dans mon quotidien, intact et rassurant. Cette reconnaissance m’apporte de la sérénité et de la sécurité.

Votre roman plonge le lecteur dans un Paris du XVIII siècle, raconté sans compromis, campant une atmosphère lourde et malsaine. Avez-vous fait un travail de recherche pour inoculer une telle ambiance à ce roman?

J’ai fait des recherches historiques sur les bas-fonds de Paris, la manière dont le peuple investissait la rue, vivait le quotidien mais aussi la relation au corps, à la sexualité, à l’autre. J’ai également travaillé sur d’anciens plans de Paris. Je ne voulais cependant pas écrire un roman historique, mais un texte avec une forte résonance contemporaine. Je n’ai pas cherché l’exactitude historique et j’ai aussi fantasmé l’époque et la ville pour imposer cette ambiance sensorielle.


L’ascension sociale de Gaspard, le héros de votre roman, pourrait se rapprocher de Gatsby le Magnifique de Fitzgerald avec 2 siècles d’avance. La promotion sociale serait-elle pour vous un sujet de prédilection?

C’était le thème de ce roman, mon hommage au roman d’apprentissage, mais ce n’est pas un thème de prédilection. J’aime aussi l’idée qu’un auteur sache se renouveler et ne s’enferme pas dans un style littéraire. Il y a de multiples façons de parler de la quête identitaire, de la relation au corps, de la place d’un individu dans notre société.


Le roman réserve une part importante à la tradition du libertinage. Qu’est ce qui vous a séduit dans le fait de mettre votre héros en situation d’apprentissage tout au long du récit ? En somme, de le voir réagir sous la coupe de cette éducation libertine?

La signification du libertinage est aujourd’hui galvaudée. J’avais envie de parler du libertinage comme mode de vie et de pensée, affranchi de toute morale sexuelle mais aussi sociale, politique. Le comte Etienne de V. veut former Gaspard à son image et à celle du siècle. Mais jusqu’où est-il possible de modeler un homme, et quelles sont les limites d’un tel projet ?

Propos recueillis par Nicolas Vidal.

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