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Paris – Le duc des Lombards

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Partagez l'article ! PARIS Le duc des lombards Mardi 14 octobre 2008. 20 heures. DIRECTION enrico Pieranunzi (piano), luca Bulgarelli (contrebasse), mauro beggio (Piano) Sur les écrans de contrôle passent des vidéos des Géants du Jazz : Charlie Parker, Louis Armstrong, Coleman Hawkins. Aldo Romano, batteur rital, présente le concert, le jazz italien, Enrico Pieranunzi. […]

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PARIS Le duc des lombards

Mardi 14 octobre 2008. 20 heures.

DIRECTION
enrico Pieranunzi (piano), luca Bulgarelli (contrebasse), mauro beggio (Piano)
Sur les écrans de contrôle passent des vidéos des Géants du Jazz : Charlie Parker, Louis Armstrong, Coleman Hawkins.
Aldo Romano, batteur rital, présente le concert, le jazz italien, Enrico Pieranunzi. Ce concert est organisé dans le cadre du JVC Jazz Festival par l’Institut Culturel Italien de Paris et la Casa del Jazz de Rome.

Solo introductif d’Enrico. Déjà le temps suspend son vol. Il charpente un peu son jeu pour permettre au contrebassiste et au batteur de le rejoindre. La musique se réchauffe. Le lyrisme evansien se mêle au soleil méditerranéen. Ils descendent, remontent et c’est plus enivrant qu’un grand huit. Ils enchaînent sur un air swinguant en diable. Tout part des mains. La musique est sinueuse et subtile. Je ne sais pas où ils sont. Eux le savent et c’est ce qui compte. Le batteur tapote ses tambours de ses mains.

Ils arrivent sur « Body and Soul ». Ils le jouent classiquement, avec émotion. Le morceau sonne à la fois ancien et réinventé. C’est délicieux comme un amaretto mêlant douceur et amertume. Ils décortiquent le thème, l’accélérant, le hachant. Ils peuvent jouer dur et viril, ces gaillards.

Ils enchaînent avec un « But not for me » survitaminé. Les jeunes accompagnateurs d’Enrico, dont ils pourraient être les enfants, assurent méchamment. Le batteur est puissant, lumineux, foudroyant. Belle série de stop and go avec le piano. Il sait aussi utiliser un petit jeu fin sur la hi hat pour soutenir le solo du contrebassiste chantonnant.
Enrico Pieranunzi présente les musiciens. Il se présente en montrant le piano.

Il s’y rassoit, repart sur une ballade aqueuse. Il n’y a pas que Bill Evans dans son jeu. Michel Legrand a dû l’influencer aussi. C’est beau, romantique. De la musique faite pour tomber amoureux. Comme dit une publicité, de la finesse dans un monde de brutes. Le silence s’est fait dans la salle. Nous sommes suspendus aux notes. Ils jouent sur le fil de nos vies. C’était «Suspension points ».

On change d’ambiance avec un morceau rapide, musclé pour changer. Mais c’est toujours lyrique, chantant. Il Giro d’Italia est parti à fond sur les pédales mais sans dopage. Les musiciens marchent à l’eau claire. Le batteur déménage avec élégance puis cède sa place à un solo chantonné du contrebassiste qu’il accompagne d’un joli pas de cheval. Le piano s’envole alors que la contrebasse et la batterie ancrent le rythme. La musique est énergique, fantaisiste et déliée. C’était « Persona ».

Ils reviennent à un standard avec « Everything I love » de Cole Porter. L’introduction au piano est mystérieuse, brumeuse comme la campagne romaine chère à M.de Chateaubriand. La brume disparaît et tout s’éclaire quand le trio redémarre. « M’illumino d’immenso » (Giuseppe Ungarreti). Un solo fracassant de batterie vient rompre la quiétude ambiante avant que le trio ne reparte en douceur et en souplesse. L’ambiance est bonne. Après avoir joué, les musiciens plaisantent entre eux.

Contrebasse et batterie prennent leur première introduction du concert. C’est plutôt funky. La contrebasse domine. Le piano les rejoint dans les graves. Ca reste funky. Le piano swingue alors que la contrebasse et la batterie groovent. Et le tout sonne. Le batteur caresse les tambours de ses mains. C’est chaud et bondissant.
Le piano lance une ballade. Le trio démarre, plonge, nage, gracieux, léger. Les dauphins jouent avec les sirènes le long des côtes tyrhénéennes. Ca sent l’été, les vacances, la dolce vita avec du rythme. Allegro gioioso. Cette musique en-chante. Même quand ce trio joue fort et vite, ce n’est jamais brutal, heurté. Le grand art.

Pour finir une valse décalée. « It’s a raggy waltz » de Bill Evans. Le solo d’Enrico Pieranunzi est absolument merveilleux. C’est lyrique et énergique sans les afféteries que l’on peut parfois lui reprocher. Contrebasse et batterie le rejoignent pour un final si superbe qu’il n’admet pas de rappel. Evviva Enrico Pieranunzi !

Guillaume Lagrée

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