Plumes au vent

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« Une photo peut paraître terriblement élaborée, parfaitement composée et pourtant être le fruit du hasard. Elle représente la magie d’un instant. »
Cette magie, Rémy Basque nous la fait partager tout au long des 192 pages de ce livre, que l’on découvre une par une avec émerveillement.
Un livre au titre poétique qui, tel un écrin, renferme les plus belles photographies recueillies au cours de trente années d’observation, toujours prises dans le plus grand respect de la nature et de l’animal.

De l’Espagne à la Californie en passant par les Pays-Bas, l’Irlande, la Bulgarie, l’Islande et la région française du Morbihan, ce photographe amateur est allé observer la nature sauvage, celle des oiseaux.
Aigrette tricolore, goéland argenté, pélican brun, pluvier doré, corneille noire ou encore ibis blanc : des noms à faire pâlir les arcs-en-ciel ! Mais il y a aussi la mouette rieuse, le fou de Bassan, le pinson des arbres, la bergeronnette printanière, sans oublier le cygne chanteur et tous les autres oiseaux, plus ou moins connus, qui se sont laissés capturer par l’objectif de Rémy Basque, souvent après s’être fait longuement désirer !
« Faire des photos d’oiseaux demande de la patience mais également de l’opportunisme », nous dit-il.
Une patience largement tolérée lorsqu’elle est couronnée du bonheur et de l’excitation ressentis à la capture inespérée ou inattendue de certaines images, comme cette scène insolite d’un balbuzard pêcheur capturant un poisson entre ses serres.

Les situations, souvent cocasses et étonnantes, plus rarement dramatiques, sont mises en relief par les commentaires vivants et passionnés de l’auteur qui nous livre ses impressions, ses émotions au moment des prises de vue, et leurs conditions parfois difficiles. Une façon de nous faire partager avec intensité ces moments de grande proximité avec les oiseaux.
Au gré d’anecdotes et d’explications diverses, il décrit son approche photographique tout en présentant ses différents modèles. Il évoque notamment l’importance de l’arrière-plan d’une photo, les positions d’affût à privilégier suivant le type de photos souhaité, ou encore les difficultés techniques qui peuvent se présenter inopinément.

Mais l’originalité de cet ouvrage se trouve notamment dans les courts dialogues ou réflexions que l’auteur prête aux oiseaux, le temps d’un cliché. Des messages parfois drôles et légers, des jeux de mots aussi, mais souvent des remarques piquantes et ironiques, clins d’œil à la société dans laquelle nous vivons et aux menaces qui pèsent sur l’environnement.
« Faut pas confondre la nature et la nature de l’homme : la seconde risque fort de tuer la première ! »
C’est ainsi que l’auteur nous interpelle, parfois durement et sans détour, pour nous faire prendre conscience de la façon dont notre société moderne maltraite l’environnement et des conséquences à plus ou moins long terme de ce carnage. Difficile de rester insensible à ce cri de révolte dérangeant et pourtant si à propos…
« Nul doute que les siècles futurs jugeront les années 1950-2050 comme celles du grand gaspillage. Ce siècle vraisemblablement, aura largement hypothéqué l’avenir et compromis les équilibres mis en place durant des millions d’années. »
Cet ouvrage résonne comme un hymne à une nature fragile, qui n’a de cesse de nous émerveiller, et qu’il nous faut apprendre à respecter si l’on veut en préserver la beauté et la richesse.

Mélina Hoffmann
« Plumes au vent »
de rémy basque
Editions apogée
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