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Pénélope Labruyère

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Pénélope Labruyère est la directrice littéraire des Editions La Madolière – France

“Mon livre papier il ne tombe pas en panne, il n’a pas besoin d’être rechargé, il n’est pas remplacé par le nouveau modèle super top génial au bout de 2 ans, il vit au contact de mes doigts”

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Qu’est ce qui vous a incité à devenir éditrice?
La passion pour la littérature et l’envie de publier autre chose que ce que me propose la plupart des grands éditeurs français.

Quels sont les raisons principales qui vous poussent à refuser des manuscrits?
Le manque de style ou la pauvreté de celui-ci. Parfois les histoires sont intéressantes mais on ne peut accrocher à cause de l’incapacité de l’auteur à faire vivre l’histoire à son lecteur.

Qu’est ce qui vous séduit dans un projet littéraire?
Que l’auteur y croit tout d’abord et qu’il me fasse voyager dans un univers qui ne m’appartient pas mais qu’il m’offre.

Si vous aviez un conseil à donner aux auteurs qui cherchent à publier mais sans succès?
D’abord de se faire lire par des personnes qui n’appartiennent pas à son cercle d’amis ou de famille, un regard extérieur est toujours plus objectif qu’un regard amical ou parental. Ça forge aussi le caractère et prépare au refus. Se remettre en question peut être salutaire avant d’affronter la horde des éditeurs.

Publiez-vous en majorité des manuscrits que vous aimez ou des textes que le public apprécie particulièrement?
Principalement des ouvrages que j’aime avec mon comité de lecture. C’est vrai que commercialement ce n’est pas forcement le choix le plus judicieux, toutefois, si je ne devais faire que du commerce, j’aurais fait du compte d’auteur.

Pensez-vous que des auteurs de talents peuvent-ils être oubliés lorsque que leur manuscrit arrive par la poste?
Pour moi grand ou petit auteur cela ne veut absolument rien dire. Certains bons auteurs français se sont assis sur leur notoriété et ont pondu des oeuvres très moyenne après leurs best-sellers. Certains auteurs inconnus possèdent des textes magnifiques mais que les grandes maisons ne lisent même pas parce qu’ils sont inconnus. Nous ne recevons que par la poste, tirer sur papier nous coûterait trop cher et surtout lire à l’écran est une torture.

Quel regard portez-vous sur l’édition numérique?
L’édition numérique, on nous la présente comme la panacée depuis quelques années et finalement ça ne prend pas. En France la relation que l’on entretient avec les livres objets est trop intime pour que l’e-book le remplace. J’aime trop le contact avec le papier, la couverture, le bruit, l’odeur du livre pour le remplacer par un objet en plastique impersonnel. Et puis mon livre papier il ne tombe pas en panne, il n’a pas besoin d’être rechargé, il n’est pas remplacé par le nouveau modèle super top génial au bout de 2 ans, il vit au contact de mes doigts.

Pensez-vous que l’émergence de l’édition en ligne est une menace suffisamment inquiétante pour que les éditeurs modifient leur stratégie marketing et tentent de renforcer le rapport que le lecteur entretient avec le livre papier ?
La réponse se trouve dans les offres des éditeurs en ligne, la plupart propose la possibilité de commander une version papier de l’oeuvre. Je pense que les auteurs eux-mêmes restent frileux quant à ce genre de publications. De plus, l’édition en ligne est bien trop souvent de l’édition à compte d’auteur, qui – il faut bien l’avouer – a relativement mauvaise presse. Le choix de livre de ces éditeurs résident dans la diversité, malheureusement, trop rarement dans la qualité.

Parlez-nous de la dernière publication au sein de votre maison ?
Notre dernier ouvrage qui paraîtra bientôt est un recueil de nouvelles d’un auteur déjà publié chez Fleuve Noir, Fred Katyn. Métaux Lourds est une oeuvre de fiction, noire et dérangeante, sans concessions, sans faux semblants et surtout sans pudeur. L’auteur y fait une critique au vitriol de la société dans laquelle il vit et se débat, c’est parfois touchant, parfois écoeurant mais ça ne laisse jamais vraiment indifférent. Un bon compromis entre Palanhiuk et Poppy Z Brite.

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