putsch-mag

Jérôme Feuerstein

Partagez l'article !

Jérome Feuestein est le directeur littéraire de la maison, Do Bentzinger Editeur – France

“ Un éditeur est un commerçant, il faut bien sûr trouver des auteurs et des manuscrits de qualité, mais il faut impérativement qu’ils soient rentables. “

propos recueillis par

Partagez l'article !

Qu’est ce qui vous a incité à devenir éditeur?
Tout d’abord on ne devient pas éditeur on naît éditeur, c’est une passion une vocation, certains rêvent d’être pompier, policier. Moi, je rêvais d’être éditeur. Ce sont sans doute mes parents, libraires avant 1986 puis éditeurs, qui m’ont donné cette passion du livre, de l’écrit et du papier.

Quels sont les raisons principales qui vous poussent à refuser des manuscrits?
Un éditeur est un commerçant, il faut bien sûr trouver des auteurs et des manuscrits de qualité, mais il faut impérativement qu’ils soient rentables. Le coup de cœur existe bien sûr, mais l’enjeux principal est bien entendu la rentabilité commerciale de l’œuvre. Il nous est arrivé de refuser des manuscrits qui malgré leur qualité rédactionnelle, ou esthétique, ne nous semblait pas vendable en l’état. Cependant nous cherchons toujours une solution, notamment avec l’impression en petits tirages grâce aux nouvelles techniques offertes par l’impression numérique.

Qu’est ce qui vous séduit dans un projet littéraire ?
Sa rentabilité financière ! Nous nous refusons à voir un auteur risquer de perdre de l’argent plutôt que d’avoir une chance d’en gagner. Il est évident que le sujet et la qualité rédactionnelle ont une très grande place dans nos choix mais il faut que ces points soient compatibles avec la question financière, une fois de plus pour le bien de tous les acteurs qui gravitent autours de l’ouvrage, Auteur, imprimeur, représentant, libraires…

Si vous aviez un conseil à donner aux auteurs qui cherchent à publier mais sans
succès?
De ne pas désespérer et de revoir une fois encore leurs copies. Il existe aussi de nouvelles techniques d’impressions grâce aux presses numériques qui sont moins coûteuses. C’est une piste sérieuse à étudier…

Publiez-vous en majorité des manuscrits que vous aimez ou des textes que le public apprécie particulièrement?
En général nous publions ce que notre public aime, nous recevons près de 40 manuscrits par semaine. Nos équipes les étudient, un par un, en fonction des sujets. Ce sont des spécialistes qui analysent le manuscrit et qui nous donnent leurs avis en fonction de leur goût et de leur attachement au sujet. Nos équipes techniques interviennent après ce premier écrémage pour analyser la faisabilité financière du projet.

Pensez-vous que des auteurs de talents peuvent-ils être oubliés lorsque que leur manuscrit arrive par la poste?
Chez nous, non ! Chaque manuscrit que nous recevons est étudié, analysé et nous donnons une réponse personnalisée sous 2 à 3 mois qu’elle soit positive ou négative. Rappelons que nous n’acceptons que les manuscrits imprimés et que nous ne travaillons qu’a partir d’un format papier. Nous refusons tout manuscrit sur support informatique ou nous parvenant par Internet pour la première lecture.

A ce titre combien publiez vous par an de manuscrits qui vous parviennent par courrier ?
La majorité des manuscrits que nous publions nous sont parvenus par courrier. En 2007 par exemple nous avons publié 70 livres.

Pensez vous que le marché du livre s’adapte à une mode de genre et de style comme peut l’être la « Harry Potter Mania» ?
Je pense que comme tout produit de consommation le livre est concerné par les effets de mode. Je suis contre l’idée que le livre est un simple « concept supra culturel ». La culture est faite de mode, la mode n’a rien de néfaste bien au contraire. Le livre est plus qu’un produit culturel, c’est un outil de la vie courante. La mode est présente tous les jours autour de nous, le livre ne peut que bénéficier de ces effets de mode. Pour rebondir rapidement sur la «Harry Potter Mania» c’est le livre qui a lancé une mode et non pas le contraire… Combien d’ados ne lisaient rien avant de lire «Harry Potter» ?

Quel regard portez-vous sur l’édition numérique?
Pour nous, l’édition numérique est un enjeux majeur, cela permet de réaliser des petits tirages à moindre coût pour l’éditeur et pour l’auteur. Cela permet aussi à des auteurs nouveaux et inconnus de faire leurs preuves et de «grandir».

Pensez-vous que l’émergence de l’édition en ligne est une menace suffisamment inquiétante pour que les éditeurs modifient leur stratégie marketing et tentent de renforcer le rapport que le lecteur entretient avec le livre papier?
Nous nous intéressons de près à cette question, bien sûr, mais nous ne pensons pas que cela soit une réelle concurrence, du moins pas aujourd’hui. La lisibilité d’un document sur un ordinateur ou sur un écran est fatigante et astreignante. L’impression coûte encore cher pour un particulier et l’aspect n’y est pas encore optimal. Le livre le papier, la reliure sont tant d’éléments qui font que le livre est un bel objet. Un écran ne remplacera jamais cet objet.

Parlez-nous de la dernière publication au sein de votre maison ?
Avec Laura Christophe, une toute jeune collaboratrice, nous travaillons actuellement sur un livre aussi passionnant qu’intrigant. Il s’agit d’un parcours Spirituel dans le vignoble Alsacien à la recherche des origines des clos Saints de la région. Très largement documenté et illustré, il proposera également des itinéraires, sortes de balade a travers les vignes et les caves pour le plaisir du goût, des yeux et de l’âme. Ce livre est pour moi un parfait exemple de la combinaison entre un coup de cœur et sa faisabilité financière.

Il vous reste

0 article à lire

M'abonner à