Romain Cuocq et Anthony Jambon - Awake

Romain Cuoq & Anthony Jambon : la jeune garde française du Jazz

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Par Nicolas Vidal – bscnews.fr / Difficile de résister à ce quintet porté par Romain Cuoq et Anthony Jambon qui semble marquer une nouvelle ère dans le Jazz grâce à la jeunesse et l’enthousiasme.

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De jeunes musiciens qui composent avec précision et qui jouent avec plaisir sur un album prédestiné à secouer et à éveiller un peu plus la galaxie du Jazz. Avec « Awake», Anthony Jambon et Romain Cuoq continuent d’effacer un peu plus les préjugés sur cette musique. Rencontre avec deux visages de la nouvelle garde française.

Anthony, Romain : Quand commence votre histoire avec le Jazz ?
Romain : Pour moi c’est assez vague… Très tôt, mes parents m’ont emmené voir des concerts, notamment au théâtre antique de Jazz à Vienne. J’ai des souvenirs flous de Brecker, de McCoy et d’autres grands musiciens de cette musique. Je n’aimais ni ne comprenais tout, mais cela a participé pour moi au goût que j’ai développé par la suite pour le jazz. J’ai appris à aimer le jazz par ses racines, le ragtime et le blues, que je jouais petit en école de musique.
Anthony : Je me suis intéressé au jazz assez tôt, à l’âge de 14 ans. Car ma famille est une famille de musiciens amateurs et de mélomanes. Notamment mon père qui écoute beaucoup de jazz. C’est un peu grâce à lui que je me suis découvert une passion pour cette musique !

On parle dans la présentation de vos nombreuses influences musicales comme celle notamment d’Ambrose Akinmusire. Quelle est la place de ces influences sur votre manière d’aborder ce projet ?
Elle est à la fois consciente et inconsciente, et elle se traduit en premier lieu par le choix des musiciens qui constituent ce groupe. Ce sont des musiciens qui se ressemblent par leur qualité d’écoute et leur volonté de partage, le propos étant avant tout le «jouer ensemble», quelle que soit la proposition musicale initiale. C’est une influence qui est présente également sans doute de manière un peu plus inconsciente mais indubitable dans les couleurs des compositions, l’écriture, la mélodie. Après avoir écouté ces maîtres que sont Ambrose Akinmusire, Brian Blade et son Fellowship ou encore Aaron Parks, avoir joué ces morceaux parfois, on retrouve forcement des éléments thématiques ou harmoniques dans nos propres compositions. Mais au-delà de cet aspect lié à l’écriture, c’est plus largement le sens de la mélodie, la force du chant, qui est l’une des voies que l’on a la plus fortement suivi en prenant exemple sur ces magnifiques musiciens.

Quelle importance accordez-vous à ce «jouer ensemble » dans votre quintet ?

Chacun a la volonté de trouver sa place dans le groupe, par rapport à ce qu’il se passe au moment présent, pour exprimer sa personnalité et son langage, pour proposer des éléments et nourrir le discours des autres et faire en sorte que la musique se développe naturellement, ensemble. C’est central dans notre manière d’aborder le groupe, la composition et plus largement la musique.

Pouvez-vous nous éclairer sur le nom de l’album ?
Cet album est pour nous le premier en tant que leader, le premier sur lequel nous avons enregistré nos compositions, entourés de musiciens que nous avons «choisis ». Awake signifie notre éveil à la création et à la volonté de faire partager notre musique, c’est le réveil d’une volonté consciente et inconsciente de nous affirmer en tant que compositeurs.

Dans quelle mesure peut-on dire qu’Awake entre dans la sphère musicale du Jazz Moderne ?
De part les influences et le mode de jeu dont on parlait précédemment, ce groupe et ce disque s’inscrivent dans la mouvance que l’on pourrait appeler jazz moderne, avec la connotation new-yorkaise que le terme peut avoir. Ceci étant dit, je ne suis pas sur de savoir ce que Jazz Moderne veut dire, mais ce qui est certain, c’est que ça s’inscrit dans le jazz d’aujourd’hui et plus largement dans la musique d’aujourd’hui. Comme beaucoup de musiciens, nous sommes amenés à écouter et surtout à jouer d’autres styles de musique, le rock, le groove, la folk, le hip hop. C’est peut être ce que pourrait être des musiciens qui jouent un jazz moderne aujourd’hui.

Romain, quelle est votre histoire avec le saxophone et à quand remontent vos premiers souvenirs ?
J’ai débuté le saxophone assez jeune, à 7 ans, dans une école de musique puis au sein de conservatoires où j’ai eu une formation classique. Même si j’ai écouté du jazz assez tôt, j’avais une grande frustration à ne pas aborder l’improvisation durant ce cursus classique. C’est assez tard finalement que j’ai basculé vers le jazz pour rentrer au département jazz du CNR de Lyon.
Je crois que mes premiers frissons, ça doit être un concert de Sonny Rollins à Vienne, justement.

Anthony, même question pour vous avec la guitare ?
J’ai commencé la guitare très jeune à l’âge de 7 ans dans une école associative. J’ai commencé par l’apprentissage de la guitare classique, puis à l’âge de 14 ans je me suis dirigé vers le jazz et l’improvisation qui me passionnait beaucoup ! Parallèlement à ça, j’ai beaucoup joué la musique des bals «musette» avec mes parents et mes grands parents qui sont tous des musiciens amateurs. J’ai vraiment pu développer un répertoire très large grâce à tout ça. A 16 ans, je suis entré au CNR de Bourg-en-Bresse et j’y ai obtenu mon DEM deux ans plus tard. Ensuite je suis allé au CNR de Lyon pendant un an, et c’est à ce moment que les routes de Romain et moi se sont croisées.

Vous vous êtes entourés de personnalités musicales talentueuses avec Emile Parisien, Florent Nisse Nicolas Charlier ou encore Leila Martial. Comment avez-vous articulé ce quintet avec tous ses éléments et ses singularités ?
C’est la richesse de ce disque d’avoir combiné des personnalités fortes, aux influences parfois communes mais aussi sur certains points très différentes, mais qui ont toutes eu la générosité d’aller vers les autres. Nous n’avons pas eu besoin d’être très directif, au contraire, car le choix des musiciens était en lui même une donnée créatrice dans ce projet. Autour du canevas de nos compositions, la force de proposition des musiciens est importante, que ce soit dans la direction des chorus ou dans l’articulation même de la structure des morceaux.

On sent une grande exigence de composition dans ce projet autant qu’un enthousiasme à faire feu de tout bois. Comment avez-vous appréhendé cette période de création ?

La maturation des compositions a été lente puisque l’enregistrement du disque est arrivé un an et demi après les premiers concerts du groupe. Nous avons pris le temps d’écrire, pas dans la précipitation, et en s’assurant d’avoir toujours le son du quintet à l’esprit afin que la musique corresponde le plus possible aux différents univers des musiciens. Parfois, on les placé dans leur zone de confort, parfois non, afin d’essayer de créer de l’inattendu et voir où cela pouvait nous emmener. Malgré cette maturation relativement importante, nous nous sommes tous laissés la liberté de changer des choses en studio pour pouvoir garder cette fraîcheur et nous surprendre nous même.

Où pourra-t-on vous retrouver sur scène dans les semaines à venir ?
Nous sommes encore, et jusqu’en juillet, en résidence au Baiser Salé pour un concert tout les premiers mercredi du mois. Le prochain sera donc le mercredi 4 mars. D’autre part, vous pouvez également nous entendre en Rhône-Alpes pour des concerts au Périscope à Lyon, au Crescent à Mâcon et à Jazz à Vienne.

AWAKE
Romain cuoq / Anthony jambon quintet
Cristal records
www.romaincuoqanthonyjambon.com

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